Réfléchissez bien à Paul,
Élargissez votre théologie grâce à Paul !

On observe une recrudescence des écrits sur Paul, suffisamment importante pour parler de renaissance paulinienne, et des discussions de pointe sont introduites en Corée à un rythme rapide.
Mais, étonnamment, peu de textes introductifs pauliniens se sont révélés fiables.
Avec toutes ces polémiques qui font rage dans l'espace public, la compréhension de Paul peut parfois révéler un parti pris important.
Dans ce contexte, « Paul » est un livre qui sert de « guide fidèle et honnête » plutôt que de présenter ses propres arguments.
Les auteurs, éminents spécialistes de Paul, présentent non seulement un aperçu équilibré du débat complexe entourant Paul, mais font également preuve d'une attitude théologique ouverte qui respecte les perspectives différentes des leurs.
La principale particularité de cet ouvrage est qu'il aide les lecteurs à comprendre la pensée riche et complexe de Paul tout en les encourageant à se confronter eux-mêmes à sa théologie.
Ce travail ne sera jamais terminé, mais il est possible de commencer par des auteurs qui nous encouragent à « considérer Paul en profondeur ».

Pourquoi avons-nous donné à ce livre le titre original « Penser à travers Paul » ? Parce qu'il symbolise les deux perspectives qui caractérisent chaque chapitre de ce livre.
Premièrement, « considérer Paul profondément » signifie « réfléchir à Paul », c’est-à-dire examiner attentivement ses lettres et réfléchir profondément à ce qu’il dit dans chacune d’elles.
De ce point de vue, Paul est un objet d'étude, un sujet de profonde réflexion et un objet de recherche.
Mais parfois, une autre signification se détachera.
Dans ce cas, « considérer Paul en profondeur » signifierait « penser comme Paul pensait », en regardant le monde de son point de vue et en suivant ses schémas de pensée.
De ce point de vue, Paul devrait être considéré moins comme un objet d'étude que comme un catalyseur pour bouleverser notre propre réflexion sur les enjeux.
D’après notre expérience, ces deux significations de « contempler profondément Paul » se complètent et se renforcent mutuellement.
Plus nous contemplons Paul (au premier sens), plus nous pouvons contempler Paul (au second sens) en profondeur.
_Extrait de l'introduction

Bien entendu, nous reconnaissons volontiers que Paul a perçu son expérience de Damas comme similaire au récit de l'appel dans l'Ancien Testament et qu'il en a parlé en des termes semblables à ceux qu'on y trouve.
Je suis également pleinement d'accord pour dire qu'il existe une continuité considérable entre la pensée et les actions concrètes de Paul avant et après son expérience de Damas.
Mais affirmer que le mot « conversion » est inapproprié pour décrire le changement qui s'est opéré dans la vie de Paul suite à sa rencontre avec le Christ ressuscité semble restreindre inutilement le champ d'application de ce terme.
Surtout, il se mit à proclamer la foi même qu'il avait auparavant cherché à détruire.
De plus, au fil du temps, il commence à parler de sa vie « d'avant » dans le judaïsme et de la façon dont il la considère insignifiante comparée à son désir désespéré de connaître le Christ.
De plus, la nature christocentrique de la théologie de Paul suggère qu'il peut être approprié de combiner un langage indiquant le changement (« conversion ») avec un langage indiquant l'appel (« vocation ») lorsqu'on décrit l'expérience de Damas de Paul et sa vie ultérieure en Christ.
_01.
De la vie et du ministère de Paul

Intéressons-nous maintenant à la gratitude.
Dès que nous examinons la première des deux actions de grâces dans la Première Épître aux Thessaloniciens, nous rencontrons les piliers des lettres de Paul : la foi, l’amour et l’espérance.
Dans 1:2-3, Paul offre une prière de remerciement à Dieu pour « l'œuvre produite par la foi des Thessaloniciens, [leur] labeur, [leur] persévérance, [leur] espérance en Christ Jésus ».
Il existe une logique théologique à présenter ces trois éléments (triade : foi, amour, espérance) dans cet ordre.
La vie en Christ commence par la foi, se poursuit par l'amour et s'achève dans l'espérance.
_02.
D'après 1 et 2 Thessaloniciens

La signification de la mort et de la résurrection de Jésus imprègne les profondeurs de l'univers.
Par conséquent, participer au don de soi du Christ revêt une dimension « apocalyptique » qui absorbe l'identité de ceux qui le suivent.
Paul dit ceci dans Galates 6:14 :
« Que jamais je ne me glorifie d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. » Paul croit que les Galates trouveront des solutions à leurs problèmes dans ce cadre eschatologique de compréhension et de puissance.
C’est pourquoi il dit dans le verset suivant :
« Ce qui importe, ce n’est pas d’être circoncis ou non, mais d’être recréé. » En fin de compte, l’éthique et la pratique de l’amour désintéressé englobent la « nouvelle création ».
Paul pensait que si la communauté des disciples de Jésus perdait son caractère fondamental de communauté inspirée par le Saint-Esprit, elle perdrait l'essence même de l'Évangile.
_03.
De l'Épître aux Galates

Si certains chrétiens pensaient que l'Évangile de Paul pouvait se résumer au slogan « J'ai le droit de tout faire », Paul nuance ce slogan par les mots « Mais tout n'est pas utile » et « Mais tout n'édifie pas ».
Lorsque nous examinons le contexte dans lequel ces indices apparaissent, ils imprègnent la pensée complexe des Corinthiens d'un esprit de communauté, d'un seul corps.
L'insistance de Paul sur le fait que tout n'est pas bénéfique ou édifiant signifie que suivre Jésus implique de garder à l'esprit le bien-être de la communauté.
Pour Paul, les actions qui profitent aux autres témoignent d'une attitude altruiste dans les relations avec autrui.
C’est pourquoi il écrit : « Que personne ne recherche son propre intérêt, mais celui de son prochain. »
Dans un monde obsédé par la quête de la gloire, cet enseignement peut paraître insensé.
Mais c’est précisément ainsi que le « chemin de croix » est appliqué au niveau communautaire.
_04.
D'après 1 Corinthiens

Par conséquent, nous poursuivrons notre argumentation en soutenant que la deuxième épître aux Corinthiens se comprend mieux comme étant composée de deux lettres distinctes.
Liés par des liens informels, les chapitres 1 à 9 et 10 à 13 de la deuxième épître aux Corinthiens témoignent de la relation en deux temps entre Paul et l'Église de Corinthe, chaque phase présentant des aspects distincts. Ils illustrent aussi de manière éloquente les stratégies pastorales employées par Paul à différents moments de cette relation parfois tendue.
De plus, il est fort probable que 2 Corinthiens 10-13 constituent en réalité la partie principale de « l’Épître des Larmes » (bien que l’introduction concise de cette épître n’existe plus, et peut-être aussi la conclusion).
Si tel est le cas, les chapitres 10 à 13 de la deuxième épître aux Corinthiens auraient été écrits avant les chapitres 1 à 9.
Cette séquence suggère que lorsque Paul a écrit 2 Corinthiens 10-13, il était passé d'une relation très difficile et dangereuse avec les Corinthiens à une relation fragile mais réconciliable avec eux.
_05.
D'après 2 Corinthiens

Paul fait un geste étonnamment audacieux en décrivant Jésus comme un sacrifice propitiatoire (une représentation qui pourrait bien faire écho aux affirmations théologiques du mouvement primitif de Jésus).
Mais dans le contexte que Paul présente dans l'épître aux Romains, les péchés que Jésus a traités étaient les péchés de tous les hommes — Juifs et Gentils — pris au piège du « pouvoir du péché ».
Bien que cela ne soit pas dit ouvertement, le Jour du Grand Pardon a été remodelé.
Le nouveau Jour du Grand Pardon concerne tous les peuples (et pas seulement Israël) et les forces du péché (et autres forces cosmiques) à l'œuvre au sein de la bonne création de Dieu pour parvenir à des fins impies.
Or, la rédemption ou « délivrance » (libération) de cette matrice de destruction a été accomplie « par Jésus-Christ », et « tous ceux qui croient » peuvent jouir de la rédemption et de la libération grâce à la grâce de Dieu (peut-être « par la fidélité de Jésus-Christ », comme le précise la NIV dans une note de bas de page du chapitre 3, verset 22).
_06.
Extrait du Livre des Romains

Bien que la transition entre le début du chapitre 3 et le texte suivant soit certes maladroite, un nombre croissant de personnes sont insatisfaites du scénario selon lequel l'épître aux Philippiens serait un ouvrage composé de plusieurs lettres.
De plus, ceux qui défendent l'unité de l'épître aux Philippiens affirment que les remerciements à la fin de la lettre ne sont pas aussi problématiques que certains pourraient le penser, surtout si l'on considère les remerciements que Paul exprime au début de la lettre.
Comme le dit Polycarpe, Paul aurait très bien pu écrire plusieurs lettres à l'Église de Philippes.
Cependant, cela ne signifie pas nécessairement que le livre canonique des Philippiens doive être considéré comme un collage.
En bref, de plus en plus d'interprètes, y compris nous-mêmes, tentent de considérer l'épître aux Philippiens comme une seule et même lettre.
J'admets qu'il y a quelques passages dans l'épître aux Philippiens où les transitions ne sont pas très fluides.
Pour autant, le livre canonique des Philippiens que nous connaissons aujourd'hui n'est pas un assemblage disparate de textes jetés ensemble sans réfléchir.
En effet, les thèmes et les mots récurrents dans l'épître aux Philippiens suggèrent qu'il s'agit d'une œuvre unique.
_07.
De Philippiens

Paul appelle Philémon « frère » et exprime son espoir que Philémon lui apportera « joie [profit] dans le Seigneur ».
Le mot traduit par « avantage » est le mot grec onaim?n (du verbe oninamai, qui signifie « bénéficier »).
Si je mentionne cela, c'est parce qu'il est possible que Paul ait utilisé un autre jeu de mots.
Paul joue-t-il encore une fois sur le nom d'Onésime ? Si oui, l'apôtre demande subtilement (et parfois de façon moins subtile) à Philémon de lui renvoyer Onésime.
Cette interprétation serait également cohérente avec les derniers mots du verset 20, où Paul demande à Philémon de « faire respirer mon cœur (splanchna) en Christ ».
Paul demande maintenant à Philémon de faire pour lui-même ce qu’il avait fait pour les autres croyants : renouveler leur « esprit ».
Que doit donc faire Philémon ? Paul ne le dit pas.
Mais Paul semble suggérer que le cœur de Philémon sera renouvelé s'il lui renvoie une personne qui est le propre cœur de Paul, Onésime.
_08.
D'après Philémon et Colossiens

Si l'épître aux Éphésiens n'était pas adressée à l'Église d'Éphèse, à qui était-elle alors destinée ? Peut-être était-elle initialement adressée à l'Église de Laodicée.
Enfin, Colossiens 4:16 encourage l’Église de Colosses à « lire la lettre de Laodicée ».
De plus, Marcion, le plus grand adversaire de Tertullien au IIe siècle, était un Éphèse
Le livre de Laodicée s'appelait « Seo ».
Ou peut-être l'Épître aux Éphésiens a-t-elle été écrite sous forme de lettre circulaire destinée à être diffusée parmi les croyants de l'Asie Mineure occidentale, et s'est-elle au fil du temps associée à Éphèse, la métropole centrale de cette région et l'un des lieux où la lettre a été diffusée et conservée (ce qui semble plus probable).
_09.
D'après les Éphésiens

1 Timothée 2:8-15 Cette instruction aux femmes s'inscrit certainement dans un contexte précis.
Par exemple, si l'on suppose que les idées présentées dans la Première Épître à Timothée concernant les coiffures, les bijoux et les vêtements des femmes étaient des normes auparavant acceptées, alors la plupart des congrégations, dans la plupart des endroits, traiteraient aujourd'hui ces préoccupations particulières comme non pertinentes et les traiteraient comme telles.
Il est en revanche fort probable que la présence de « faux enseignants » au sein de l'Église et leur influence sur celle-ci aient façonné les perceptions et les enseignements donnés aux femmes dans la Première Épître à Timothée.
Par exemple, si les « trompeurs » trompaient les femmes mentionnées dans cette lettre, les empêcher d’enseigner et de prêcher lors des rassemblements communautaires aurait des implications pastorales importantes.
De plus, si les faux enseignants interdisaient le mariage, comme le suggère 1 Timothée 4:3, alors 2:15 est plus plausible (bien que non parfait).
Certains se demandent si le salut dont parle l'auteur dans ce passage à propos des femmes n'est pas le salut que les faux enseignants enseignaient s'obtenait par le mariage, l'accouchement et la pratique continue de la foi, de l'amour et de la sainteté.
_10.
Épîtres pastorales : Tite ? D’après 1 et 2 Timothée

De nombreux interprètes pauliniens estiment que certains passages des lettres de Paul offrent une dimension théologique plus riche s'ils sont considérés comme faisant référence à la foi (fidélité) de Jésus-Christ.
Par exemple, un passage comme Romains 3:21-26 ne dit pas simplement que la justice fidèle de Dieu pénètre « à tous ceux qui croient », mais plutôt « par la fidélité de Jésus-Christ ».
De plus, il n’est pas dit que Dieu a offert Jésus en sacrifice simplement « pour être reçu par la foi » (bien que cela soit également vrai), mais « par [sa] fidélité ».
Ainsi, en un sens, l'œuvre théologique de Paul s'inscrit dans le triangle foi/fidélité.
_11.
Parmi les récits apocalyptiques du discours théologique de Paul,

Mais le problème majeur que pose l'utilisation de Paul comme base pour la « théologie du remplacement » est qu'elle est en contradiction avec ce que Paul dit dans le seul texte où il semble aborder sérieusement la question de la théologie du remplacement.
Dans Romains 11, Paul n'utilise pas le fait que de nombreux Juifs, contrairement aux disciples païens de Jésus, n'ont pas une foi centrée sur le Christ comme base pour nier que Dieu ait exclu les Israélites de son dessein et les ait appelés à être son peuple d'alliance.
Paul démontre plutôt que Dieu a en réalité utilisé l'incrédulité des Israélites pour accomplir ses propres desseins salvifiques, permettant ainsi à sa volonté de s'accomplir dans le monde entier, et en particulier (bien qu'ironiquement) à travers son peuple de l'alliance.
_12.
Entre le récit théologique de Paul et le récit macro de son époque,

Paul semble penser que ce n'est que lorsque nous lisons la Bible d'une manière conforme à la morale qui consiste à suivre Jésus et la croix que nous pouvons véritablement lire la Bible correctement.
Vraisemblablement, Paul considérait cette caractéristique comme une validation de son interprétation des Écritures.
Le Christ, qui s'est donné lui-même pour nous, est venu habiter en Paul.
C’est pourquoi l’interprétation que Paul donne de la Bible est également valable.
Car son interprétation de la Bible aide le groupe de Jésus à vivre une vie de don de soi à l'image du Christ, contrairement à d'autres interprétations de la Bible.
Ce n’est donc pas un hasard si Paul parle d’abord de sa propre vie dans les chapitres 1 et 2 de l’épître aux Galates, puis développe son interprétation de la Bible dans les chapitres 3 et 4.
L'interprétation que Paul fait de la Bible est le fruit de sa propre incarnation du Christ dans sa vie, magnifiée par le pouvoir transformateur de Dieu.
_13.
Entre le récit théologique de Paul et le micro-récit du groupe de Jésus,

--- Extrait du texte