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Un nouveau lauréat de la médaille Newbery, Erin Entrada Kelly
« J’espère simplement que les lecteurs de ce livre se sentiront moins seuls. »
C'est toujours mon objectif.

Et si un jour un voyageur temporel venu d'un futur lointain nous apportait un livre résumant les événements futurs ? Nous serions impatients de le lire, quoi qu'il arrive. Mais si nous le lisions, si nous savions ce qui allait se passer, notre angoisse ne cesserait-elle pas ?

« Today Will Bring Tomorrow » est la troisième médaille Newbery d'Erin Entrada Kelly, qui a déjà remporté deux médailles Newbery avec « Hello, Space » et « We Dream of Space ».
Bien que les prix ne disent pas tout, les lecteurs conviendront sans aucun doute que ce livre mérite la médaille Newbery, souvent surnommée le « prix Nobel de la littérature jeunesse ».

Dans nombre de ses œuvres, Erin Entrada Kelly a dépeint avec délicatesse le cœur d'enfants timides et solitaires comme elle.
Ce livre met également en scène Michael, un garçon sensible et solitaire qui cache en secret une anxiété, une culpabilité et une confusion accablantes.
Au début, Michael évite le regard de son entourage et celui du lecteur, mais au fil du récit, il se retourne peu à peu et tente d'affronter chacun droit dans les yeux. Les lecteurs seront profondément touchés par ce changement et l'encourageront.

Si l'œuvre précédente, « We Dream of Space », se déroulait sur fond de « lancement de Challenger en 1986 et de son accident tragique », l'histoire de « Today Will Bring Tomorrow » se déroule à la fin du siècle, alors que la peur du « bug de l'an 2000 », selon laquelle le monde pourrait être détruit par une erreur de reconnaissance d'un système informatique, se répandait à travers le monde.
Cependant, c'est une histoire avec laquelle même les lecteurs qui n'ont pas vécu directement cette période peuvent pleinement s'identifier, et qui peut même apporter du réconfort à la jeune génération d'aujourd'hui, qui ressent une anxiété, une aliénation et une frustration encore plus grandes dans une société polarisée et un avenir sans espoir.

Le 17 août 1999, Michael, qui fêtait son douzième anniversaire, a été approché par un étrange garçon nommé Lizzie qui a déclaré venir de l'année 2199.
Michael était timide et inquiet, mais en apparence, il semblait tout à fait calme.
Mais Lizzie, apparue soudainement, aurait-elle en quelque sorte déclenché la crise de Michael ? L’angoisse et la confusion qu’il dissimulait si bien ont explosé en lui lorsqu’il a rencontré Lizzie.
Confronté à une rencontre soudaine et à une séparation profonde auxquelles il n'aurait pu se préparer par un simple larcin, Michael fait face à la réalité avec douleur mais courage.

«Ici même, maintenant, à cet instant précis.»
« C’est le meilleur endroit de notre vie. »
Entre 99 et 99, le garçon qui a franchi la ligne du temps nous a enseigné le « premier instant de l'existence ».

Le titre original de ce livre est « Le Premier État d'Être ».
Une traduction littérale donnerait quelque chose comme « l’état initial d’existence », mais dans le texte, c’est traduit par « le premier moment d’existence ».
« First State » désigne le cadre spatial de l'histoire et fait référence au Delaware, le soi-disant « premier État des États-Unis », tout en ayant plusieurs significations.
Dans ce texte, Lizzie décrit son « premier moment d'existence », expliquant que c'est sa mère, le Dr Maria Seibio, qui le lui a raconté.

« Ma mère fait référence au “présent”. »
En ce moment même.
Le passé est révolu et l'avenir n'est pas encore arrivé.
Mais ici et maintenant ? C'est le premier moment, le moment le plus important, le moment où tout prend son sens.

Ce moment précis, ni le passé ni le futur.
On peut y voir la première fois que j'existe en tant que moi-même, le premier moment où je prends conscience de qui je suis, et finalement, une attitude consistant à se concentrer sur le présent et à accepter l'incertitude de l'avenir.
Pour Lizzie, la confusion et la prise de conscience qu'elle ressent après avoir commencé son voyage dans le temps, pour Michael, la douloureuse évolution qu'il vit face au présent, et même l'expérience de deux personnes très différentes se reflétant l'une l'autre comme des miroirs, tout cela peut être qualifié de « premier moment d'existence ».


Michael, vivant en 1999 et inquiet de ce qui se passera le 1er janvier 2000, rencontre Lizzie, une voyageuse temporelle venue de 2199, qui l'interroge constamment sur le bug de l'an 2000.
Supposons que Lizzie ne puisse jamais rien dire, alors cette fois-ci, nous réfléchissons à la manière de mettre la main sur le « résumé » dont Lizzie dispose.
Le manque de confiance et de maturité de Michael, la façon dont Gibby traitait Michael et Lizzie, et le résumé, que Michael considérait comme l'objectif principal… Ce sont ces éléments entourant Lizzie qui ont d'abord attiré l'attention de Michael.
Cependant, Michael finit par comprendre la faiblesse et l'immaturité de Lizzie, ainsi que la tristesse et la solitude qu'elle ressent en tant qu'étrangère, et il se confie à elle en toute sincérité.
Et pour la première fois, au lieu de m'inquiéter d'un avenir incertain, je commence à penser à « moi, ici et maintenant ».

« Tout le monde fait des erreurs. »
« Il n’y a aucune règle qui dit que vous devez être malheureux parce que vous avez fait une erreur. »
Un mot de réconfort pour les jeunes lecteurs d'aujourd'hui, en proie à l'anxiété et à la peur.

Sous prétexte de se préparer au passage à l'an 2000, Michael vole une à une des denrées de première nécessité, comme des conserves, et les cache sous le lit sans que personne ne s'en aperçoive.
Car de cette façon, nous pouvons atténuer cette vague anxiété concernant l'avenir.
Mais derrière l'anxiété que ressent Michael, il y a de la culpabilité.
Ma mère, qui travaillait comme cadre intermédiaire dans un grand supermarché, a été licenciée après avoir manqué le travail pour se soigner d'une grippe.
Dès lors, maman cumulait trois emplois, travaillant tard dans la nuit pour de faibles salaires, et Gibi, qui habitait dans le même immeuble, s'est portée volontaire pour s'occuper de Michael.


La culpabilité engendre la culpabilité.
Michael se sent coupable d'apprécier Gibby, la fille du gérant du magasin qui a égorgé sa mère, et d'être heureux de recevoir des Jordan hors de prix en cadeau d'anniversaire de sa mère, qui a du mal à payer ses factures. Toutes les émotions naturelles et attendues qu'il ressent ne sont que des sentiments.
Malheureusement, Michael disait toujours : « Je suis un mauvais garçon. »
J'ai donc l'impression de me punir en étant obsédée par l'idée que « je ne devrais pas être heureuse et joyeuse ».
N'est-il pas vrai que continuer à voler sans savoir quand on va se faire prendre n'est pas dû à l'anxiété, mais plutôt à une lutte pour se rappeler qu'on est un « mauvais enfant » ?

Après sa rencontre avec Lizzie, Michael commence à laisser libre cours à toutes les émotions qu'il avait refoulées.
Le jour où Lizzie tente de revenir pour la première fois, Michael avoue impulsivement sa faute.
À ce moment-là, Lizzie se contente de dire cela à Michael sans poser d'autres questions.

« Tout le monde fait des erreurs. »
« Il n’y a aucune règle qui dit que vous devez être malheureux parce que vous avez fait une erreur. »

Un jour, un étrange voyageur temporel apparut soudainement devant Michael et lui révéla ce qu'il attendait probablement depuis longtemps.

Cependant, Lizzie, qui semblait être l'opposé absolu de Michael à tous égards, révèle elle aussi un côté négatif et faible après son échec lors de son premier retour.
Lizzie, qui a attrapé un rhume sans aucune immunité, est complètement dévastée par la culpabilité de risquer de ruiner les recherches de longue date de sa mère sur le module de téléportation spatiale (appareil de voyage dans le temps) et par l'angoisse d'être séparée de sa famille pour toujours.
Mais ensuite Michael dit à Lizzie.


« Tout le monde fait des erreurs. »
« Il n’y a aucune règle qui dit que vous devez être malheureux parce que vous avez fait une erreur. »

Nombreux seront sans doute les lecteurs qui auront la chair de poule en lisant cette scène où Michael répète ce qu'il a entendu de la bouche de Lizzie.
Et vous trouverez un profond réconfort en réalisant que c'est ce que l'auteur veut dire non seulement à Michael et Lizzie, mais aussi aux jeunes lecteurs d'aujourd'hui qui luttent contre leurs propres angoisses et leur culpabilité, grandes et petites.


«Nous ne sommes que poussière, Michael.»
……Mais nous faisons tous partie de l’histoire.
Un livre qui révèle une vérité incontestable : l'histoire est faite par le quotidien des gens ordinaires.

Après le premier retour raté de Lizzie, la situation se complique encore davantage pour Michael.
M. Mosley, le gérant de l'immeuble qui avait témoigné plus d'affection à Michael que son propre père, qui avait quitté la famille lorsque Michael était jeune, est décédé subitement.
Monsieur Mosley était un homme solitaire comme Michael, et c'est lui qui prenait soin des sentiments de Michael en déjeunant avec lui pendant que sa mère était au travail.
Après avoir congédié brusquement M. Mosley, Michael ressent une douleur comme si « chaque muscle de son corps avait été étiré et qu'un clou avait été enfoncé au milieu de sa poitrine ».
Et puis je me sens à nouveau coupable du dernier déjeuner que nous n'avons pas pu prendre ensemble.
Michael demande à Lizzie si elle savait que M. Mosley allait mourir.
Était-ce dans le résumé ?
Lizzie répond à Michael que tout le monde ne figure pas dans le résumé.

« Alors c'est la fin ? Il est mort, il n'y a aucune trace de lui, et il est tout simplement oublié ? Il ne restera pas dans l'histoire ? »
« L’histoire se souvient des méchants et oublie les gentils. »
Bref, toi et moi, on se souvient d'ici maintenant.
Kibbido, et ta mère aussi.
« Ce n’est pas parce que sa vie n’est pas écrite dans des livres qu’elle était insignifiante. »

Gloria, licenciée après avoir élevé seule son fils malade et enchaîné les petits boulots mal rémunérés ; Mosley, gérant d’immeuble sans famille ; Gibby, lycéenne contrainte à mûrir prématurément à cause de son père mondain et de son frère aîné délinquant ; des gens ordinaires, honnêtes, anonymes, oubliés sous le poids des catastrophes naturelles… Michael ne peut s’empêcher de penser que ceux qui lui étaient chers, ou qui l’étaient pour d’autres, ne sont plus que poussière.


Mais Lizzie raconte une histoire importante à Michael.
Il est vrai que nous sommes tous faits de poussière, mais c'est la poussière qui s'assemble pour faire l'histoire.
Un « résumé » serait comme un « livre d'histoire » du point de vue de Lizzy.
Ainsi, ce que Michael veut vraiment savoir n'est peut-être pas évident même en lisant le résumé.
Car c'est cela, « l'avenir ».
M. Mosley a transmis à Michael, qui n'avait aucun lien de sang avec lui, l'affection qu'il avait reçue de sa mère lorsqu'il était enfant.
La trame et la chaîne serrées qui constituent l'histoire sont tissées ensemble par la chaleureuse solidarité de ces personnes.
Et ce que la mère de M. Mosley a dit au jeune M. Mosley le confronte finalement à la réalité.
« Posez-vous la question suivante avant de vous coucher le soir : »
« Ai-je été une bonne personne aujourd'hui ? Si la réponse est non, je peux faire mieux demain. »

« Regarde ça, Michael. »
« N’est-ce pas magnifique ?… … Il y a des tigres sur Terre maintenant. »
Une histoire qui aborde toujours des sujets d'actualité comme l'environnement et les familles recomposées, tout en y intégrant une touche de science-fiction captivante.

Le début de « Today Will Bring Tomorrow » comprend une dédicace intitulée « À l'homme qui rit ».
Ce « L'homme qui rit » semble faire référence au sans-abri suspect qui joue un rôle majeur dans « Qu'est-il arrivé à Miranda un jour ? » de Rebecca Stead.
Erin Entrada Kelly explique avoir commencé à écrire « Today Will Bring Tomorrow » en réponse à l'œuvre de Rebecca Stead, qu'elle admire et aime profondément.
Les rebondissements qui révèlent les secrets importants du livre, comme le « papier portant le nom de Lizzie », semblent être des hommages à l'œuvre de Rebecca Stead, et la lecture des deux livres ensemble rendra la lecture encore plus agréable.
Il est très intéressant et attrayant que le livre suive fidèlement le thème de la science-fiction du « voyage dans le temps » et inclue des notes humoristiques ici et là au milieu du texte, et que la réponse de l'auteur à la question « Le passé peut-il changer l'avenir ? » et les archives de 2199 soient révélées de manière inattendue dans la seconde moitié.

Un autre atout majeur de cette œuvre est qu'elle intègre naturellement à l'histoire des problématiques qui restent d'actualité bien après le passage à l'an 2000.
Les passages traitant des questions environnementales, notamment dans les scènes de centres commerciaux, sont impressionnants.
Les références constantes de Michael au livre d'Isaac Asimov sur la crise climatique, « La Terre en colère », et l'inclusion d'un futur rapport sur l'extinction des abeilles après une scène où Lizzie pleure à cause d'une fille piquée par une abeille, ne manqueront pas de faire grincer des dents les lecteurs absorbés par cette histoire amusante.

De plus, dans la manière dont des personnes qui sont, pour le dire franchement, de simples étrangers comme Michael et Gibby, Michael et M. Mosley, et Michael et Lizzie, partagent leurs cœurs et tissent des liens au-delà de leurs liens de sang, nous pouvons découvrir le message positif et plein d'espoir de l'auteur sur la « famille non liée par le sang », qui apparaît de plus en plus comme un sujet important.
Je crois que de nombreux lecteurs seront touchés par le fait qu'un conte de fées de science-fiction sur le voyage dans le temps puisse naturellement véhiculer des messages aussi divers, et qu'il puisse magnifiquement accomplir nombre des choses que la littérature peut faire en tant que littérature.
Comme l'auteur l'a indiqué avant d'aborder les détails techniques, il espère que « les enfants se sentiront choyés et se feront des amis rien qu'en lisant ce livre ».