
Âge axial
Description
Introduction au livre
L'Âge axial, période où la créativité humaine a explosé avec une ferveur sans précédent.
Un festin de réflexions humanistes sur un moment décisif de l'évolution de la civilisation.
L'Âge axial est un ouvrage historique qui couvre la période la plus fascinante de l'histoire de l'humanité, d'environ 900 av. J.-C. à 200 av. J.-C., période où sont nées les principales religions et philosophies du monde.
Durant cette période, Confucius, Mozi et Laozi étaient actifs en Chine ; les Upanishads, le jaïnisme et Siddhartha Gautama sont apparus en Inde ; Élie, Jérémie et Isaïe sont apparus en Israël ; et Sophocle, Socrate et Platon sont nés en Grèce.
L'auteur de ce livre estime que cette période constitue un tournant décisif dans le développement spirituel de l'humanité.
Dans cet ouvrage, l'auteur explore comment les quatre nations de l'« âge axial » (Inde, Israël, Chine et Grèce) ont connu des révolutions de pensée remarquables à des époques similaires, malgré l'absence d'interaction entre elles.
Il présente notamment les transformations spirituelles des quatre peuples côte à côte et les traverse, créant un récit passionnant de chaque civilisation passant par son « âge axial ».
Cet ouvrage réexamine ce remarquable parallèle culturel, une énigme de l'histoire humaine, tel qu'il traverse la ceinture de civilisation durant l'Âge axial.
Pourquoi l'âge axial
Un examen des archives historiques de l’« Âge axial » abordé dans cet ouvrage révèle qu’il s’agissait d’une période marquée par les changements intellectuels, psychologiques, philosophiques et religieux les plus féconds jamais connus à ce jour.
Parce que nous n'avons jamais encore dépassé les enseignements de l'Âge axial, nous nous y sommes toujours tournés dans les moments de crise spirituelle et sociale pour retrouver notre voie.
Dans un présent marqué par la violence, la haine et l'intolérance, le changement fondamental de perception et d'éveil humain accompli durant l'« Âge axial » nous permettra de surmonter les défis de notre époque et de trouver une vision qui éclaire l'avenir.
Un festin de réflexions humanistes sur un moment décisif de l'évolution de la civilisation.
L'Âge axial est un ouvrage historique qui couvre la période la plus fascinante de l'histoire de l'humanité, d'environ 900 av. J.-C. à 200 av. J.-C., période où sont nées les principales religions et philosophies du monde.
Durant cette période, Confucius, Mozi et Laozi étaient actifs en Chine ; les Upanishads, le jaïnisme et Siddhartha Gautama sont apparus en Inde ; Élie, Jérémie et Isaïe sont apparus en Israël ; et Sophocle, Socrate et Platon sont nés en Grèce.
L'auteur de ce livre estime que cette période constitue un tournant décisif dans le développement spirituel de l'humanité.
Dans cet ouvrage, l'auteur explore comment les quatre nations de l'« âge axial » (Inde, Israël, Chine et Grèce) ont connu des révolutions de pensée remarquables à des époques similaires, malgré l'absence d'interaction entre elles.
Il présente notamment les transformations spirituelles des quatre peuples côte à côte et les traverse, créant un récit passionnant de chaque civilisation passant par son « âge axial ».
Cet ouvrage réexamine ce remarquable parallèle culturel, une énigme de l'histoire humaine, tel qu'il traverse la ceinture de civilisation durant l'Âge axial.
Pourquoi l'âge axial
Un examen des archives historiques de l’« Âge axial » abordé dans cet ouvrage révèle qu’il s’agissait d’une période marquée par les changements intellectuels, psychologiques, philosophiques et religieux les plus féconds jamais connus à ce jour.
Parce que nous n'avons jamais encore dépassé les enseignements de l'Âge axial, nous nous y sommes toujours tournés dans les moments de crise spirituelle et sociale pour retrouver notre voie.
Dans un présent marqué par la violence, la haine et l'intolérance, le changement fondamental de perception et d'éveil humain accompli durant l'« Âge axial » nous permettra de surmonter les défis de notre époque et de trouver une vision qui éclaire l'avenir.
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Aperçu
indice
Préface – Nous n’avons jamais dépassé les intuitions de l’ère axiale.
Chapitre 1 : La ceinture de civilisations de l'âge axial (env. 1600-900 av. J.-C.)
Zoroastre, le combat entre le bien et le mal
conquérants aryens qui se sont installés en Inde
Yao, Shun et Yu : L'Âge des souverains justes
Yahvé, le dieu saint de la guerre
Chapitre 2 : L'âge de l'angoisse et de la peur (vers 900-800 av. J.-C.)
Athènes, qui a enduré 400 ans d'obscurité
Élie, le premier monothéiste
La vie sur terre qui suit la voie du ciel
Atman, le vrai moi en moi
Chapitre 3 : La découverte de soi (vers 800-700 av. J.-C.)
Isaïe, le représentant courroucé de Yahvé
Ulysse et Achille : L'égocentrisme des héros
La période du printemps et de l'automne : l'émergence d'une nouvelle sensibilité
Le sage qui se rendit dans la forêt, pionniers de la quête spirituelle
Chapitre 4 : Le long voyage vers la connaissance (vers 700-600 av. J.-C.)
La conquête du moi intérieur humain, les Upanishads
Logos met fin à l'âge héroïque grec
Un modèle de vie en temps de chaos : le gentleman
La naissance du judaïsme, la « religion du Livre »
Chapitre 5 : L'âge des troubles (env. 600-530 av. J.-C.)
Le traumatisme de l'exilé
Solon d'Athènes, inventant la politique
Sankhya, le premier athée de l'humanité
L'étiquette fragile et le Tao qui s'effondre
Chapitre 6 : La découverte de l'empathie (vers 530-450 av. J.-C.)
Confucius part à la recherche d'une terre de bienveillance.
Le monothéisme né sur le chemin de la souffrance
Le pouvoir de la raison qui a ouvert la démocratie grecque
Le jaïnisme, l'extrême de la non-violence et du non-meurtre
Chapitre 7 : La révolution de la pensée (vers 450-398 av. J.-C.)
La route fermée d'Esdras, la route ouverte de Jonas
Une philosophie mise sur terre, une tragédie qui purifie la vie
Socrate, le maître du savoir qui enseignait la sagesse de l'ignorance
Le mohisme, la pensée de l'empathie radicale
Siddhartha Gautama, découvreur d'Anatta, révolutionnaire de l'esprit
Chapitre 8 : Aventures en philosophie (vers 400-300 av. J.-C.)
Le paradoxe de Hyeja, l'inaction de Zhuangzi, la bienveillance de Mencius
Le Mahabharata, un poème épique de guerriers redoutables
Platon, le chercheur d'idées de la caverne
Aristote, l'architecte du logos
Chapitre 9 : L'âge des empires (env. 300-220 av. J.-C.)
Les monarchies morales de Han Feizi, Xun Zi et Lao Zi
L'hellénisme, le premier choc des civilisations qui a créé la civilisation
La Bhagavad Gita, le dernier grand chant de l'Âge axial
Chapitre 10 : Le retour de l'âge axial (IIe siècle av. J.-C. - )
Unification du monde et intégration des idées
Le nouveau héros bouddhiste, le bodhisattva
Le principe de la Torah : « Aime ton prochain comme toi-même. »
En ces temps périlleux, nous avons besoin d'une vision nouvelle.
Chapitre 1 : La ceinture de civilisations de l'âge axial (env. 1600-900 av. J.-C.)
Zoroastre, le combat entre le bien et le mal
conquérants aryens qui se sont installés en Inde
Yao, Shun et Yu : L'Âge des souverains justes
Yahvé, le dieu saint de la guerre
Chapitre 2 : L'âge de l'angoisse et de la peur (vers 900-800 av. J.-C.)
Athènes, qui a enduré 400 ans d'obscurité
Élie, le premier monothéiste
La vie sur terre qui suit la voie du ciel
Atman, le vrai moi en moi
Chapitre 3 : La découverte de soi (vers 800-700 av. J.-C.)
Isaïe, le représentant courroucé de Yahvé
Ulysse et Achille : L'égocentrisme des héros
La période du printemps et de l'automne : l'émergence d'une nouvelle sensibilité
Le sage qui se rendit dans la forêt, pionniers de la quête spirituelle
Chapitre 4 : Le long voyage vers la connaissance (vers 700-600 av. J.-C.)
La conquête du moi intérieur humain, les Upanishads
Logos met fin à l'âge héroïque grec
Un modèle de vie en temps de chaos : le gentleman
La naissance du judaïsme, la « religion du Livre »
Chapitre 5 : L'âge des troubles (env. 600-530 av. J.-C.)
Le traumatisme de l'exilé
Solon d'Athènes, inventant la politique
Sankhya, le premier athée de l'humanité
L'étiquette fragile et le Tao qui s'effondre
Chapitre 6 : La découverte de l'empathie (vers 530-450 av. J.-C.)
Confucius part à la recherche d'une terre de bienveillance.
Le monothéisme né sur le chemin de la souffrance
Le pouvoir de la raison qui a ouvert la démocratie grecque
Le jaïnisme, l'extrême de la non-violence et du non-meurtre
Chapitre 7 : La révolution de la pensée (vers 450-398 av. J.-C.)
La route fermée d'Esdras, la route ouverte de Jonas
Une philosophie mise sur terre, une tragédie qui purifie la vie
Socrate, le maître du savoir qui enseignait la sagesse de l'ignorance
Le mohisme, la pensée de l'empathie radicale
Siddhartha Gautama, découvreur d'Anatta, révolutionnaire de l'esprit
Chapitre 8 : Aventures en philosophie (vers 400-300 av. J.-C.)
Le paradoxe de Hyeja, l'inaction de Zhuangzi, la bienveillance de Mencius
Le Mahabharata, un poème épique de guerriers redoutables
Platon, le chercheur d'idées de la caverne
Aristote, l'architecte du logos
Chapitre 9 : L'âge des empires (env. 300-220 av. J.-C.)
Les monarchies morales de Han Feizi, Xun Zi et Lao Zi
L'hellénisme, le premier choc des civilisations qui a créé la civilisation
La Bhagavad Gita, le dernier grand chant de l'Âge axial
Chapitre 10 : Le retour de l'âge axial (IIe siècle av. J.-C. - )
Unification du monde et intégration des idées
Le nouveau héros bouddhiste, le bodhisattva
Le principe de la Torah : « Aime ton prochain comme toi-même. »
En ces temps périlleux, nous avons besoin d'une vision nouvelle.
Avis de l'éditeur
« Nous n’avons jamais dépassé les intuitions de l’ère axiale. »
L'Âge axial était une époque où les humains levaient les yeux vers le ciel et vénéraient la puissance de la nature.
En tournant votre regard vers l'intérieur, vous commencez à vous découvrir et à explorer votre divinité intérieure.
Il s'agissait du premier tournant copernicien dans la civilisation intellectuelle humaine.
Le premier tournant copernicien dans la civilisation intellectuelle humaine
Une époque merveilleuse où la créativité humaine a explosé à son apogée.
Perspectives humanistes sur le moment crucial du bond en avant de la civilisation
L'Âge axial est un livre d'histoire qui couvre la période la plus fascinante de l'histoire de l'humanité, de 900 av. J.-C. à 200 av. J.-C., période où sont nées les principales religions et philosophies du monde.
L'Âge axial fut le premier tournant copernicien dans la civilisation spirituelle humaine, lorsque les humains, qui avaient levé les yeux vers les cieux et vénéré les forces de la nature, tournèrent leur regard vers l'intérieur pour se découvrir eux-mêmes et commencer à explorer le divin en eux.
L'époque des plus grands génies de la pensée de l'histoire !
Durant cette période, Confucius, Mozi et Laozi étaient actifs en Chine ; les Upanishads, le jaïnisme et Siddhartha Gautama sont apparus en Inde ; Élie, Jérémie et Isaïe sont apparus en Israël ; et Sophocle, Socrate et Platon sont nés en Grèce.
Leur apparition fut le deuxième événement le plus décisif pour l'humanité après la découverte de l'art de maîtriser le feu.
Comment une telle révolution de la pensée a-t-elle pu se produire dans quatre régions sans aucune interaction et à une époque si proche ? Pourquoi sont-elles parvenues aux mêmes conclusions sur l’univers, l’humanité et la vie ?
L'ouvrage de Karen Armstrong, érudite religieuse de renommée mondiale, intitulé « L'Âge axial », jette une nouvelle lumière sur ce remarquable parallèle culturel, une énigme de l'histoire humaine, en parcourant la ceinture de civilisation de l'Âge axial, de la Chine à l'Inde, au Proche-Orient et à la Grèce.
Nous découvrons une exploration humaniste de l'Âge axial, une époque où s'est posée la question fondamentale « Qu'est-ce que l'homme ? », où la lutte de la raison contre la connaissance mythique a fait ses premiers pas, et où l'éveil éthique humain et la réflexion philosophique ont explosé, marquant un tournant majeur dans l'histoire de l'esprit humain.
L’ère axiale, confrontée à une violence sans précédent, à la peur et au vide existentiel, nous parle.
L'ouvrage « L'Âge axial » allie les connaissances de Karen Armstrong en matière de religions comparées à sa perspicacité spirituelle.
Armstrong a réimaginé « l'Âge axial », un concept d'histoire des civilisations créé par le philosophe allemand Karl Jaspers, non pas comme une idée vague figée sur du papyrus ou du parchemin, mais comme l'histoire de personnes vivantes ayant traversé une époque de souffrance et d'angoisse.
À l'époque axiale, les hommes ont découvert l'esprit d'empathie et de compassion, ressentant la douleur des autres et déplorant la misère de l'humanité.
Les réponses découvertes par les plus grands génies intellectuels de l'histoire restent fondamentales pour les réflexions philosophiques et religieuses de l'humanité, même après deux mille ans.
Aujourd'hui, alors que le scientisme et le progressisme qui ont donné naissance au monde moderne font l'objet d'une réflexion et d'un questionnement intenses, Armstrong trouve une vision qui transcendera les défis de notre époque et illuminera l'avenir chez les peuples de « l'Âge axial », qui ont été confrontés à la même violence, à la même peur et au même vide existentiel que nous.
« Nous n’avons jamais dépassé les intuitions de l’ère axiale. »
L'Âge axial, point de départ de la civilisation spirituelle humaine
L’« âge axial » est un concept d’histoire civilisationnelle proposé par le philosophe allemand Karl Jaspers dans son livre « L’origine et le but de l’histoire » (1949).
Jaspers a établi une ère que toute l'humanité, qu'elle soit d'Orient ou d'Occident, pourrait reconnaître comme l'origine de l'esprit, une ère qui deviendrait l'axe commun de l'humanité, et il a nommé cette ère « l'Âge axial ».
Dans son ouvrage *L'Âge axial*, Karen Armstrong définit l'« Âge axial » comme la période allant approximativement de 900 av. J.-C. à 200 av. J.-C.
Durant cette période, de grandes traditions philosophiques et religieuses sont nées, qui allaient plus tard nourrir l'esprit humain.
Il s'agit notamment du confucianisme et du taoïsme en Chine, de l'hindouisme et du bouddhisme en Inde, du monothéisme en Israël et du rationalisme philosophique en Grèce.
Cette période fut également la plus intense « ère de création » de l'histoire, avec l'émergence de génies de la pensée tels que Bouddha, Socrate, Confucius, Jérémie, Mencius, Euripide et Platon.
L'ère axiale, née des troubles et de la violence politiques
Tous les peuples de l'Âge axial n'ont pas évolué de manière uniforme.
Les Indiens ont toujours été à l'avant-garde du progrès durant l'ère axiale.
Israël a connu une période brève mais intense de créativité extraordinaire au VIe siècle avant J.-C., provoquée par les exilés en Babylonie.
Les enseignements de l'âge axial acquis par les Israélites ont connu une renaissance dans le judaïsme rabbinique, le christianisme et l'islam.
En Chine, Confucius a développé pour la première fois l'esprit de l'Âge axial dans son intégralité à la fin du VIe siècle avant J.-C., et il a ensuite été développé sous diverses formes par les Cent Écoles de pensée.
Tandis que ces trois régions se sont orientées dès le départ vers l'introspection et la quête de la spiritualité, la Grèce s'est orientée vers le logos et le rationalisme.
Cependant, le développement de l’« âge axial » dans ces quatre régions s’inscrivait dans un contexte historique commun.
Bien que les époques aient été légèrement différentes, la plupart d'entre eux ont dû traverser des périodes difficiles telles que l'urbanisation rapide, les changements socio-économiques dus à la croissance démographique et les guerres incessantes.
Les coutumes traditionnelles et les sacrifices aux dieux se sont avérés peu efficaces pour lutter contre la violence et le désordre qui survenaient lorsque de nombreuses personnes se rassemblaient et vivaient ensemble dans les villes.
Aujourd'hui, les humains se sont éloignés du monde des mythes et commencent à se concentrer sur eux-mêmes.
Des questions de psychologie humaine, de soi individuel, de moralité et d'éthique ont été soulevées.
L’« Âge axial » est né au milieu de ces bouleversements considérables.
La révolution spirituelle de l'ère axiale s'est déroulée dans un contexte de chaos, de migrations et de conquêtes.
Cela se produisait souvent entre la chute d'un empire et l'avènement d'un autre.
En Chine, l'ère axiale a finalement débuté avec l'effondrement de la dynastie Zhou et s'est achevée avec l'unification de la période des Royaumes combattants par la dynastie Qin.
L'âge axial en Inde a commencé après la dissolution de la civilisation harappéenne (civilisation de l'Indus) et s'est terminé avec l'empire maurya.
Les changements en Grèce se sont produits entre le royaume mycénien et l'empire macédonien.
Les sages de l'Âge axial vivaient dans une société nomade, loin de leurs lieux d'ancrage.
… … Même les Juifs, qui avaient terriblement souffert des aventures impériales au Moyen-Orient, furent plongés dans l’ère axiale, contraints par le traumatisme de l’effondrement de leur patrie et de l’exil qui s’ensuivit à rompre avec le passé et à recommencer à zéro, avec la terrible liberté qu’ils avaient acquise.
- Page 623, Chapitre 10 : Le retour de l'âge axial
Dans cet ouvrage, l'auteur retrace l'histoire des quatre nations de l'« ère axiale » : l'Inde, Israël, la Chine et la Grèce.
En particulier, en juxtaposant les transformations spirituelles des quatre peuples par période, l'ouvrage montre comment chaque peuple traverse l'« Âge axial » à son propre rythme, ce qui le rend encore plus passionnant.
Par exemple, en Inde, vers le VIIIe siècle avant J.-C., les prêtres et les guerriers évoluaient lentement vers l'idéal axial de l'« ahimsa » (non-violence).
Mais en même temps, les Grecs célébraient l'éthique héroïque du guerrier égocentrique.
D'autres peuples de l'âge axial pratiquaient l'ahimsa et la « kénose » (« auto-vidage »).
La poursuite de l'égocentrisme était motivée par une aversion pour la violence, mais les Grecs, à peu près à la même époque, insistaient sur l'effort de sacrifier l'égoïsme et de se dévouer aux autres pour le bien d'une armée forte.
De cette manière, l'auteur compare et parfois annonce des événements se déroulant dans la ceinture de civilisations de l'Âge axial, incitant le lecteur à passer avec impatience au chapitre suivant, rempli d'anticipation et de curiosité, comme s'il lisait un roman policier bien écrit.
Pourquoi l'« Âge axial » ?
Mais pourquoi parle-t-on d’« Âge axial » ? Y a-t-il une autre raison d’examiner cette époque révolue que celle de satisfaire une curiosité historique ? Armstrong estime que le changement fondamental de perception et d’éveil des consciences survenu durant l’« Âge axial » recèle une clé pour surmonter les crises actuelles, marquées par la violence, la haine et l’intolérance.
Au XXe siècle, nous avons assisté à une explosion de violence d'une ampleur sans précédent.
Malheureusement, la capacité des humains à se nuire et à se blesser les uns les autres a évolué parallèlement aux progrès économiques et scientifiques extraordinaires de la civilisation humaine.
L'auteur affirme que sans une révolution spirituelle, cette planète ne peut être sauvée.
Pour sortir de cette situation délicate, je crois que nous pouvons nous inspirer de ce que le philosophe allemand Karl Jaspers appelait « l'âge axial ».
Comment les sages de l'Âge axial, qui vivaient dans un environnement radicalement différent du nôtre, pourraient-ils éclairer notre situation actuelle ? Pourquoi devrions-nous nous tourner vers Confucius ou Bouddha pour obtenir de l'aide ? Certes, l'étude de cette époque lointaine n'est peut-être qu'une étape dans l'archéologie de l'esprit.
Car ce dont nous avons besoin, c'est de créer des croyances novatrices qui reflètent les réalités du monde d'aujourd'hui.
Mais en réalité, nous n'avons jamais dépassé les intuitions de l'ère axiale.
En période de crise mentale et sociale, les gens se sont toujours tournés vers l'Âge axial pour retrouver leur voie.
- Pages 5 à 7, extrait de la « Préface »
Détournez votre regard du ciel pour plonger votre regard dans l'esprit humain.
- Découverte de soi et intériorisation de la religion
Karen Armstrong remarque que durant l'Âge axial, quatre régions qui n'avaient auparavant eu aucune interaction entre elles ont connu un bond mental presque identique.
Parmi eux, le plus grand héritage que l'« Âge axial » a laissé à l'humanité est la découverte de l'esprit humain.
À cette époque, les humains ont d'abord détourné leur regard du ciel pour se tourner vers l'intérieur d'eux-mêmes.
Et j'ai compris que l'univers, la vérité immortelle, ne se trouvait pas dans ce ciel lointain, mais bien en moi.
Désormais, le chemin du salut et de la libération d'une vie de souffrance ne se trouvait pas dans un dieu extérieur ou un être transcendant, mais en soi-même.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un « grand bouleversement » de la pensée copernicienne s'est produit.
Plutôt que de vénérer des dieux extérieurs tels que le ciel, les objets naturels et les ancêtres selon des doctrines et des rituels établis, les peuples de l'Âge axial recherchaient des changements fondamentaux dans la dimension « intérieure » de l'humanité.
Ils croyaient que la transcendance pouvait être vécue en soi-même non pas par le sacrifice d'animaux, mais par des méthodes d'entraînement mental spécifiques telles que le yoga ou la méditation.
L'exploration de l'esprit humain a débuté en Inde vers le IXe siècle avant J.-C., et a été explorée le plus profondément et le plus loin par les sages indiens.
L'ère axiale a commencé en Inde.
Dans le monde moderne, les rituels sont souvent perçus comme encourageant une obéissance servile.
Mais les brahmanes utilisèrent leur savoir pour créer un sens du soi entièrement nouveau, un soi indépendant et autonome, libre de tout rituel et de tout dieu extérieur.
Les réformateurs sacerdotaux se sont tournés vers l'intérieur en méditant sur la dynamique interne du rituel.
Ils se mirent alors à explorer le monde intérieur avec un grand enthousiasme, tels des guerriers aryens s'enfonçant dans les jungles inconnues de l'Inde.
À l'ère axiale, l'accumulation des connaissances est également considérée comme importante.
Les experts en matière d'offres ont exhorté chacun à réfléchir profondément à ses offres et à comprendre le sens de ce qu'il faisait.
Une nouvelle conscience de soi est née.
Dès lors, les quêtes spirituelles indiennes se concentrèrent non plus sur des dieux extérieurs, mais sur le soi éternel.
- Page 150, Chapitre 2 : L'ère de l'angoisse et de la peur
En Chine, durant la période des Printemps et Automnes et la période des Royaumes combattants au Ve siècle avant J.-C., certains affirmaient que si un dirigeant parvenait à trouver son équilibre intérieur, il pourrait remettre le monde sur le droit chemin.
On disait que l'on pouvait trouver la paix et la stabilité de l'esprit par la méditation sans se couper de la réalité, et que ce n'est qu'en découvrant les profondeurs de son être intérieur que l'on pouvait véritablement devenir humain.
L'auteur de cet article (『Simsul心術』) a soutenu que la bienveillance n'est pas une distorsion de la nature humaine, mais son achèvement.
En fait, le mot « dans » est lui-même synonyme d'humanité.
Si un monarque souhaite véritablement avoir un « cœur humain », il doit découvrir les profondeurs de son propre être.
Au lieu de fuir dans la forêt pour y trouver paix et tranquillité, nous devrions cultiver le calme intérieur par la méditation.
Un monarque éclairé saura maîtriser ses passions, apaiser ses désirs, vider son esprit des pensées parasites et découvrir son vrai moi, authentique.
Alors, vous organiserez clairement votre force mentale, votre santé physique s'améliorera et vous vous rendrez compte que vous êtes devenu « naturellement » une personne bienveillante sans avoir à faire plus d'efforts.
… … Dans l’Antiquité, les rois établissaient le Tao en déterminant la direction exacte du corps.
Or, selon « Simsul », le monarque pourrait remettre le monde sur le droit chemin en découvrant son véritable centre en lui-même.
- Pages 497 et 498, Chapitre 8 : Les aventures de la philosophie
« Affrontez l’inévitable vérité de la vie : la souffrance ! »
L’une des leçons les plus importantes des sages de l’Âge axial est que « nous devons faire face à l’inévitable vérité de la vie : la souffrance ».
Les traditions religieuses créées dans les quatre régions durant l'Âge axial étaient toutes enracinées dans la peur et la souffrance.
Ils s'accordent tous à dire qu'il est essentiel de ne pas nier ces difficultés.
La pleine reconnaissance de la souffrance était une condition préalable à l'illumination.
Jérémie détestait être prophète.
Mais contre son gré, il fut contraint de crier « Malheur et destruction ! » toute la journée.
Quand j'essayais de fermer la bouche, j'avais l'impression que mon cœur et mes os étaient en feu, je n'avais donc pas d'autre choix que de prophétiser à nouveau.
Jérémie, tout comme Amos et Osée, avait le sentiment que Dieu avait pris le contrôle de lui.
La douleur que l'on ressent en se tordant les membres était la douleur de Yahvé.
Dieu lui aussi se sentait humilié, exilé et abandonné.
Au lieu de nier sa souffrance, Jérémie se présenta devant le peuple comme un homme de douleur.
Il ouvrit son cœur aux peurs, à la colère et aux chagrins de son époque, les laissant envahir chaque recoin de son être.
Je ne pouvais pas le nier.
Car cela ne fait qu'entraver l'éveil des consciences.
- Pages 289-290, Chapitre 5 : L'âge de la souffrance
Le Sankhya a apporté deux contributions importantes à la spiritualité indienne.
La première fut la reconnaissance que toute vie est « dukkha ».
Ce mot est souvent traduit par « souffrance », mais il a un sens plus large de « insatisfait, déformé ».
… … Rien ne dure longtemps.
Notre monde intérieur chaotique peut passer d'un état à un autre en un instant.
Les amis meurent.
Les gens tombent malades, vieillissent et perdent leur beauté et leur vitalité.
Nier cette duka universelle (comme beaucoup le font) est une illusion.
Car Duka est la loi de la vie.
Cependant, le Sankhya soutient que cette nature imparfaite est aussi notre amie.
Plus je souffre et ne fais plus qu'un avec ce monde éphémère, plus j'aspire à la réalité absolue et inconditionnelle appelée Purusha.
- Page 332, Chapitre 5, L'âge de la souffrance
Armstrong affirme que ce n'est qu'en reconnaissant notre propre souffrance que nous pouvons véritablement « éprouver de l'empathie » pour la souffrance des autres, et qu'à partir de ce moment-là, nous pouvons commencer à agir pour susciter le changement.
Au Ve siècle avant J.-C., les Grecs ont pu développer la capacité de « ressentir avec les autres » à travers la tragédie.
Ce point est particulièrement évident dans Les Perses d'Eschyle, qui parut lors des fêtes dionysiaques en 472 av. J.-C.
Les Athéniens qui virent cette œuvre pleurèrent, car ils ressentaient la souffrance des Perses qui avaient ravagé Athènes quelques années auparavant.
Quelques années auparavant, les Perses avaient détruit leurs villes et profané leurs sanctuaires, et maintenant ils pouvaient pleurer les morts perses.
Xerxès, sa femme Atossa et le fantôme de Darius évoquent tous avec émotion la douleur déchirante ressentie lorsque l'on perd des proches, que le vernis de sécurité se déchire et que les horreurs de la vie sont révélées.
Il n'y avait aucune attitude hautaine ou moralisatrice.
Il n'y avait aucune atmosphère de ressentiment.
Eschyle a dépeint les Perses non pas comme des ennemis, mais comme des personnes en deuil.
Il a également fait l'éloge du courage des Perses.
… … Le Perse était un exemple brillant d’empathie envers un ancien ennemi à une époque où les souvenirs de batailles mortelles étaient encore vifs.
- Pages 387-388, Chapitre 6 : La découverte de l'empathie
Kénose, ou abandon de soi
Si la vie est intrinsèquement souffrance, d'où vient cette souffrance ? Les sages et les philosophes de l'Âge axial ont compris que la cause profonde de la souffrance individuelle et des conflits sociaux réside dans l'« égocentrisme ».
Le désir de se protéger, l'égoïsme qui privilégie ses propres instincts et désirs, est ce qui engendre la cupidité, les conflits et la haine entre les hommes.
Trouver un moyen d'abandonner le « moi » était un objectif commun aux sages de l'Âge axial.
Dans la Chine ancienne, les empereurs Yao et Shun, qui instaurèrent une période de paix, étaient vénérés comme des sages pratiquant le renoncement à soi-même.
Dès les premiers stades, certains experts rituels de l'État de No comprenaient l'importance de « l'abnégation de soi ».
Ils vénéraient les anciens rois sages Yao et Shun, et il est possible qu'ils aient écrit les « Chroniques de Yao » et les « Chroniques de Shun », qui figurent parmi les plus anciennes chroniques du Livre des Documents.
……Yo et Sun sont devenus adultes.
C'étaient des gens bons et compatissants qui ont instauré un âge d'or de paix.
Leurs légendes dans le Livre des Documents constituent clairement une critique implicite de la réalité dans laquelle les dynasties se transmettent de génération en génération et où le pouvoir repose sur la force et la coercition.
Yao et Shun n'étaient pas obsédés par leur propre statut et leur dignité, mais plaçaient les intérêts du peuple avant leurs préférences instinctives.
Ils étaient des exemples archétypaux de la tempérance, de l'humilité, de la maîtrise de soi et du respect que cet exemple cherchait à cultiver.
Alors que la vie politique chinoise devenait de plus en plus égoïste et impitoyable, la légende de Yao et Shun continuait d'être une source d'inspiration.
Les sages de l'Âge axial affirmaient que tous les humains avaient le potentiel de devenir de tels hommes.
Pages 206 et 208, Chapitre 3 : La découverte de soi
En Israël, les prophètes ont fait l'expérience de la spiritualité du « dépouillement de soi » à travers le fait d'être complètement submergés par Dieu.
Dans le même temps, ils s'attachèrent à déconstruire l'arrogance des Israélites.
Amos a porté un coup terrible à l'estime de soi d'Israël.
Il voulait ébranler l'ego de la nation.
Voilà ce qui est au cœur de la spiritualité du « renoncement à soi » en Israël – à l’époque axiale et au-delà.
- est l'une des premières expressions pour .
Au lieu d'utiliser la religion pour renforcer leur estime de soi, les Israélites devaient transcender leurs intérêts personnels et privilégier la justice et l'équité.
Le prophète était un exemple vivant de ce que les Grecs appelaient la kénose, ou « vacuité ».
Amos avait le sentiment que Dieu avait pris le contrôle de sa subjectivité.
Il ne prononça pas ses propres paroles, mais les paroles de Yahvé.
Le prophète, dans sa quête d'empathie passionnée avec Dieu, s'abandonna lui-même.
Dieu considérait les injustices commises par Israël comme une insulte personnelle.
Ce fut un moment charnière.
La religion de l'Âge axial est fondée sur l'empathie que les gens ressentent pour les autres.
Amos n'a pas éprouvé lui-même de colère, mais il a ressenti la colère de Yahvé.
— Page 160, Chapitre 3 : La découverte de soi
Enfin, j'ai trouvé l'empathie et la compassion.
Pour les sages et les philosophes de l'« âge axial », le plus important n'était pas ce qu'il fallait croire, mais comment agir.
Tous les sages de l'Âge axial prônaient la règle d'or, le compromis, l'empathie et une vie empreinte de compassion.
Ils ont insisté sur le fait que les gens devaient abandonner l'égocentrisme, la cupidité, la violence et la grossièreté.
S'entretuer n'est pas la seule chose qui soit mal.
Vous ne devez pas utiliser de langage hostile ni agir de manière impatiente.
De plus, presque tous les sages de l'Âge axial ont compris que la miséricorde ne pouvait se limiter à son propre peuple.
Nous devons d'une manière ou d'une autre étendre notre intérêt au monde entier.
Chaque tradition a sa propre façon de formuler la règle d'or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse. »
Confucius l'appelait « shu » (恕, se comparer à soi-même), Mozi l'exprimait comme « jian-ai » (兼愛, « souci de tous »), et Bouddha disait : « Celui qui s'aime lui-même ne doit pas nuire aux autres. »
Le rabbin Hillel a dit : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas faire à vous-même. »
« La Torah, c’est tout ce qu’il y a à dire, le reste n’est que commentaire », a-t-il déclaré.
Le respect des droits sacrés de tous les êtres du monde est le fondement de la miséricorde.
Nous devons constamment nous rappeler que les sages de l'Âge axial ont développé une éthique de la miséricorde dans des circonstances horribles et désespérées.
Ils ne méditaient pas dans une tour d'ivoire, mais vivaient dans une société horrible, déchirée par la guerre, une société où les valeurs anciennes disparaissaient.
Eux aussi, comme nous, avaient conscience du vide et de l'abîme.
Ces sages n'étaient pas des rêveurs utopistes, mais des gens pragmatiques.
Beaucoup étaient absorbés par la politique et le gouvernement.
Ils étaient convaincus que l'empathie n'était pas qu'un beau mot ; elle fonctionnait réellement.
La compassion et la sollicitude envers tous étaient les meilleures politiques.
Nous devons prendre leurs observations au sérieux.
Parce que c'étaient des experts.
- Page 670, Chapitre 10 : Le retour de l'âge axial
L'âge des plus grands sages et génies philosophiques de l'histoire !
L'Âge axial a réuni certaines des figures les plus extraordinaires de l'histoire de l'humanité.
En Chine, Confucius et Mencius apparurent, et toutes les écoles de philosophie chinoise, dont le mohisme, le taoïsme et le légisme, virent le jour.
En Inde naquirent Siddhartha Gautama et Mahavira du jaïnisme, et en Iran, Zoroastre apparut un peu plus tôt et annonça l'« âge axial ».
Dans la région palestinienne, sont apparus les prophètes d'Israël, tels qu'Amos, Ézéchiel, Isaïe et Jérémie.
En Grèce, Homère fit son apparition, et des philosophes tels que Parménide, Socrate et Aristote, ainsi que des tragédiens comme Sophocle et Euripide, furent actifs.
L'auteur fait revivre la vie et la pensée des sages et des philosophes qui ont façonné cette époque remarquable, non pas comme des « grands hommes » irréprochables et nobles, mais comme des histoires de personnes qui, tout comme nous, ont éprouvé de la joie, de la tristesse et de la colère et se sont interrogées sur la question de « l'humanité ».
Zoroastre, la lutte cosmique entre le bien et le mal
À partir d'environ 1500 avant J.-C., la vie lente et paisible des Aryens vivant dans les steppes du sud de la Russie changea brutalement.
Avec la découverte des armes en bronze et de nouveaux moyens de transport utilisant les bœufs et les chevaux, les Aryens devinrent des guerriers.
Ils pouvaient désormais parcourir de longues distances à grande vitesse.
Utilisant des armes supérieures, ils pillaient les villages voisins et volaient le bétail et les récoltes.
J'ai dû acquérir des compétences militaires, ne serait-ce que pour me défendre.
L'ère des héros a commencé.
Le pouvoir, c'est la justice.
À cette époque, un jeune prêtre, profondément troublé par la violence qui ravageait les prairies, eut une nouvelle prise de conscience.
Il s'appelait Zoroastre.
Zoroastre fut bouleversé par la souffrance et le désespoir qui s'étaient abattus sur son peuple ; il était consumé par le conflit et déchiré par le désespoir.
Dans l'ancien monde paisible, la vie semblait suivre un cycle.
Les saisons ont changé, le jour a cédé la place à la nuit, et la moisson aux semailles.
Mais Zoroastre ne pouvait plus croire à ce rythme de la nature.
Le monde se précipitait vers le bouleversement.
Zoroastre et ses disciples vivaient dans une « période liminale » où un conflit cosmique était sur le point d'éclater, mais ils allaient bientôt assister au triomphe final du bien et à l'anéantissement des forces des ténèbres.
Après la terrible bataille, Ahura Mazda et les immortels descendront dans le monde des hommes et des femmes pour y offrir des sacrifices.
Puis a lieu le grand jugement.
Les méchants seront balayés de la terre, et un fleuve de feu se déversera en enfer, réduisant en cendres les « âmes hostiles ».
L'univers retrouvera alors son état parfait originel.
… … Ces visions apocalyptiques nous sont familières.
Mais dans le monde antique, avant Zoroastre, une telle perspective n'existait pas.
Cette vision des choses découlait de la colère et du désir de justice de Zoroastre face aux souffrances de son peuple.
Zoroastre espérait que les méchants seraient punis pour les souffrances qu'ils infligeaient aux gens bons et innocents.
- Page 35, Chapitre 1 : La ceinture de civilisations de l’âge axial
Des siècles plus tard, au début de l'Âge axial, philosophes, prophètes et mystiques cherchèrent tous à contrer la brutalité et l'agression de leur époque en promouvant une spiritualité fondée sur la non-violence.
Mais la vision du monde de Zoroastre, blessé, était empreinte de vengeance et contenait des images d'incendie criminel, de tyrannie et d'annihilation.
Un regard sur la vie de Zoroastre révèle que les bouleversements politiques, les atrocités et les souffrances ne produisent pas toujours une foi de type Âge axial.
Une croyance militante peut émerger, polarisant la réalité complexe en catégories simplistes de bien et de mal.
Mais Zoroastre envisageait l'Âge axial avec une vision éthique fervente.
Il a tenté d'insuffler de la moralité à l'éthique du nouveau guerrier.
Un véritable héros n'opprime pas ses compatriotes, mais s'oppose à la violence.
Le guerrier saint est voué à la paix.
Ironie du sort, les premières religions de l'« âge axial » furent créées par ces mêmes voleurs de bétail aryens indiens que Zoroastre avait condamnés.
Le sage des Upanishads conquiert le moi intérieur humain
L'ancienne religion védique de l'Inde a été inspirée par les migrations constantes et la conquête de nouveaux territoires.
Elle a émergé d'un monde de conflits violents.
Cependant, les Upanishads, qui contiennent l'essence de la religion védique, entreprennent de conquérir l'espace intérieur pacifiquement.
Cela marque une évolution très importante dans l'histoire des religions, où les rituels extérieurs sont remplacés par une introspection rigoureuse.
Les sages ont pénétré le monde spirituel inexploré et sont devenus des pionniers.
Les deux figures les plus célèbres des premières Upanishads étaient Yajinavalkya du royaume de Videha et Uddalaka Aruni de la région de Kuru-Panchala.
Yajinavalkya était un philosophe du roi Janaka de Videha qui était à l'avant-garde de la promotion d'une nouvelle spiritualité.
Comme tous les sages des Upanishads, Yajinavalkya était convaincu qu'au plus profond de l'être humain vivait, pour ainsi dire, une étincelle immortelle.
La flamme immortelle participe à l'essence même du Brahman immortel, qui soutient l'univers entier et lui donne vie, et elle est de la même nature que lui.
Ce fut une découverte d'une importance capitale, qui devint une idée centrale dans toutes les grandes traditions religieuses.
La réalité ultime existe en chaque être humain.
Par conséquent, on pourrait le trouver au plus profond de soi, dans l'Atman.
- Pages 225-226, Chapitre 4 : Un long voyage vers la connaissance
Pour la première fois, les humains ont commencé à percevoir systématiquement les couches plus profondes de la conscience humaine.
Les sages de l'Âge axial, par une introspection rigoureuse, ont ouvert les yeux sur les vastes royaumes du moi qui se cachent sous la surface de l'esprit.
Elle devenait complètement « consciente d'elle-même ».
Yajinavalkya n'a pas abordé les rituels extérieurs de la religion.
Au lieu de cela, dans ma quête pour découvrir mon vrai moi, cet « homme intérieur » qui contrôle et maintient en vie le « moi » au sein de l'expérience terrestre, j'ai commencé à explorer la structure psychologique de l'existence humaine.
Cette tentative de faire l'expérience du sacré en soi plutôt qu'à travers des rituels extérieurs fut l'une des caractéristiques de l'Âge axial qui apparut dans toutes les régions.
Bien avant que Sigmund Freud n'explore l'inconscient humain au XIXe siècle, des pionniers en Inde s'étaient déjà penchés sur les profondeurs de l'esprit humain et y avaient réfléchi.
Le traumatisme de l'exil : l'âge axial d'Israël
Au VIe siècle avant J.-C., Israël entra véritablement dans son âge axial.
Cette fois encore, le catalyseur du changement a été une expérience de violence incontrôlable et choquante.
Après l'Assyrie, l'empire babylonien prit le contrôle de la région de Canaan.
Après le royaume d'Israël (nord), conquis par l'Assyrie en 722 av. J.-C., le royaume de Juda (sud) fut à son tour conquis par une puissance étrangère, Babylone.
En 597 av. J.-C., Jojakin, le jeune roi de Juda, se rendit aux Babyloniens et fut exilé de son pays avec 8 000 des siens.
Les créateurs de la nouvelle perspective de l'âge axial sont ceux qui furent emmenés à Babylone à cette époque.
Le prophète Ézéchiel fut l'un de ceux qui furent emmenés.
Ézéchiel apprend plus tard, dans une vision, que Yahvé avait chassé les derniers Judéens de leur ville à cause de leur idolâtrie et de leur immoralité.
Mais les exilés devaient aussi se rendre compte qu'ils portaient une part de responsabilité dans la catastrophe.
La mission d'Ézéchiel était de faire prendre conscience de ce fait au peuple exilé en 597 avant J.-C.
Je n'aurais pas dû me faire l'illusion que je pourrais un jour revenir.
Il leur suffisait de se repentir et de trouver un moyen de mener une vie ordonnée en Babylonie.
Mais je ne pouvais pas le faire avant d'avoir pleinement ressenti le poids du chagrin.
- Pages 295-296, Chapitre 5 : L'âge de la souffrance
La démonstration impitoyable de la puissance impériale de Babylone a sapé l'unité nationale du peuple exilé.
Cependant, dans cette situation, les prêtres et les prophètes exilés ont accompli de grandes choses en évitant les croyances fondées sur le ressentiment et la vengeance et en créant une spiritualité qui reconnaissait le caractère sacré de toute vie.
Les sages de l'Âge axial ont compris que la violence ne fait qu'engendrer davantage de violence.
Avant de blâmer les autres, nous devons d'abord nous regarder nous-mêmes et reconnaître la préciosité de toute vie.
L’empathie envers la souffrance d’autrui était l’idée centrale de l’ère axiale.
Confucius part à la recherche d'une terre de bienveillance.
Lorsque la dynastie Zhou, gouvernée par un empereur ayant reçu le mandat du ciel, perdit son pouvoir, la Chine entra dans une période de grand chaos.
Commencèrent les périodes dites des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants.
Les guerres entre les principautés s'intensifièrent et les plaines centrales furent plongées dans la violence.
Les anciennes structures politiques et sociales se désintégraient et la Chine semblait sombrer dans l'anarchie.
Le mépris des rites ancestraux se répandit et l'esprit de modération, conformément à l'étiquette, s'affaiblit.
Le nombre de nouveaux riches a augmenté de manière significative, et certains des membres les plus modestes de la classe dirigeante ont été relégués au rang de roturiers.
Beaucoup craignaient que si la voie du ciel était ainsi ignorée, l'univers entier puisse être mis en danger.
À cette époque, apparut dans l'État de Lu quelqu'un qui pensait que si le sens profond des rites était correctement interprété, le peuple chinois pourrait retourner dans la capitale.
Son nom était Gonggu, et nous l'appelons souvent Confucius.
Avec Confucius, l'ère axiale de la Chine commença enfin.
Le Livre du Pardon de Confucius nous invite à sonder notre propre cœur « tout au long de la journée, chaque jour », à découvrir ce qui nous cause de la souffrance et à nous abstenir de causer cette souffrance aux autres, quoi qu'il arrive.
Cela nous oblige à ne pas nous placer dans une catégorie spéciale et séparée, mais à toujours relier nos expériences à celles des autres.
Confucius fut le premier à promulguer la Règle d'or.
Pour Confucius, c'était une valeur transcendante.
Si vous maîtrisez parfaitement cet exemple, vous pourrez passer à la voie qui consiste à obtenir ce qu'il appelait la bienveillance.
Le mot « in » signifiait à l'origine « noble » ou « excellent », mais à l'époque de Confucius, il signifiait simplement « être humain ».
Confucius a donné à ce proverbe une signification toute nouvelle, mais n'a pas cherché à le définir.
Plus tard, certains philosophes ont assimilé la bienveillance à « l'amour universel », mais pour Confucius, cette définition était trop restrictive.
- Page 357, Chapitre 6 : La découverte de l'empathie
Confucius n'était pas un conservateur timide qui s'accrochait aux détails insignifiants des coutumes et des précédents traditionnels.
Sa vision des choses était révolutionnaire.
Il a donné une nouvelle interprétation à l'offrande traditionnelle (oui).
Il ne s'agissait pas d'élever la dignité de la noblesse, mais de se transformer soi-même en faisant de la pratique de l'oubli de soi une habitude.
Confucius a repoussé l'égocentrisme dans les rituels et a mis en lumière leur profond potentiel spirituel et moral.
Confucius a également introduit un nouvel égalitarisme.
Autrefois, seuls les nobles accomplissaient ce rituel.
Confucius soutenait que n'importe qui, même ceux d'origine modeste, pouvait devenir un gentleman s'ils pratiquaient les rites.
D'autres philosophes de la Chine de l'âge axial ont proposé des solutions plus réalistes à nombre de problèmes de la Chine, mais ils n'étaient pas toujours aussi ambitieux que Confucius.
Confucius visait quelque chose de plus que la loi et l'ordre.
Il aspirait à la dignité humaine, à la noblesse et à la sainteté, et il savait que cela ne pouvait être atteint qu'en s'efforçant quotidiennement de cultiver la vertu du pardon.
C'était un plan véritablement audacieux.
Euripide : Le pouvoir de la tragédie grecque pour purifier la vie
Alors que dans d'autres régions, les religieux et les philosophes ont été les pionniers de l'âge axial, en Grèce, ce sont les auteurs tragiques qui se sont attelés à cette tâche.
À Athènes, au Ve siècle avant J.-C., la tragédie devint une institution précieuse.
Les pièces jouées chaque année lors des fêtes dionysiaques reflétaient l'introspection de l'Âge axial.
Ces pièces mettaient en scène des figures mythologiques célèbres telles qu'Agamemnon, Œdipe, Ajax et Hercule, embarquées dans un voyage intérieur, aux prises avec des choix complexes et confrontées aux conséquences de ces choix.
Ces pièces révèlent une nouvelle conscience de soi à l'ère axiale.
Le public a assisté à l'introspection du protagoniste, à sa méditation sur les alternatives possibles et à sa douloureuse prise de conscience quant à une conclusion à laquelle il parviendrait.
Les tragédiens, comme les philosophes, remettaient tout en question : la nature de Dieu, les valeurs de la civilisation grecque, le sens de la vie.
La tragédie a également appris aux Athéniens à se voir à la lumière de « l’autre » et à inclure dans leur cercle d’empathie ceux dont les convictions différaient clairement des leurs.
Avant tout, la tragédie met la souffrance en scène.
La tragédie n'a pas permis au public d'oublier que la vie est dukkha, douloureuse, insatisfaisante et tortueuse.
Les tragédiens du Ve siècle avant J.-C., tels qu'Eschyle, Sophocle et Euripide, ont atteint le cœur de la spiritualité de l'âge axial en plaçant l'individu souffrant avant la cité, en analysant sa souffrance et en aidant le public à éprouver de l'empathie pour lui.
Les Grecs croyaient fermement que le partage du chagrin et des larmes créait des liens précieux entre les personnes.
Ainsi, même les ennemis trouvent une humanité commune, comme Achille et Priam à la fin de l'Iliade.
Leurs larmes devinrent une catharsis, purifiant le chagrin empli d'une haine venimeuse.
Les Athéniens pleuraient bruyamment et sans pudeur lors des fêtes de Dionysos.
Cela a non seulement renforcé les liens entre les citoyens, mais a aussi rappelé à chacun qu'il n'était pas seul dans son deuil.
Ils ont pris conscience, d'une manière totalement nouvelle, que tous les êtres humains souffrent.
La catharsis (purification) pourrait être obtenue en faisant l'expérience de l'empathie et de la compassion.
Car la capacité à ressentir avec les autres est au cœur de l'expérience tragique.
- Pages 386-387, Chapitre 6 : La découverte de l'empathie
Euripide a perpétué la tradition tragique de la connexion émotionnelle avec « l'autre », même avec des personnages comme Médée, qui s'est logiquement persuadée de tuer ses enfants par vengeance, ou Hercule, qui a tué sa femme et ses enfants dans une folie inspirée par la déesse Héra.
À la fin d'Hercule, Thésée tente de ressentir de l'empathie pour l'homme souillé et brisé.
Thésée emmène Hercule en coulisses et prend son bras avec lui en signe d'« amitié ».
Le chœur se lamente « avec deuil et larmes ».
« Parce qu’aujourd’hui nous avons perdu notre ami le plus précieux. » Ces mots ont également fait pleurer l’assistance.
Ce fut une « libération » (extase) de nos préjugés et idées préconçues profondément ancrés, et un acte de miséricorde que nous avions cru impossible avant de voir la pièce.
Socrate, le maître du savoir qui enseignait la sagesse de l'ignorance
Dans les années 420 avant J.-C., alors que la guerre du Péloponnèse s'éternisait et que les atrocités continuaient de se produire, un nouveau philosophe devint une célébrité à Athènes.
Contrairement aux sophistes élégants, il était plutôt négligé.
Il ne s'intéressait pas à gagner de l'argent et était horrifié à l'idée de prendre de l'argent aux étudiants.
Bien que Socrate fût d'origine modeste, plusieurs jeunes hommes issus des meilleures familles d'Athènes vinrent à lui pour devenir ses disciples.
Ils étaient fascinés par Socrate et le vénéraient comme un héros philosophique.
Socrate comprenait l'étendue de son ignorance et n'avait pas honte de se heurter à plusieurs reprises aux limites de sa propre pensée.
Si jamais j'ai eu le sentiment d'avoir un avantage sur les autres, c'est uniquement parce que j'ai compris que je ne trouverais jamais les réponses aux questions que je me posais.
Tandis que les sophistes se réfugiaient dans l'action concrète pour échapper à cette ignorance, Socrate la vivait comme une extase, révélant le profond mystère de la vie.
Les gens ont été contraints de remettre en question leurs hypothèses les plus fondamentales.
Ce n'est qu'alors que nous pourrons penser et agir correctement, voir les choses telles qu'elles sont réellement et nous rapprocher un peu plus de cette intuition parfaite qui nous permet de transcender les fausses opinions et d'agir toujours correctement.
Ceux qui ne le font pas sont contraints de mener une vie superficielle, au gré des convenances.
Ce point est illustré par une citation mémorable attribuée à Socrate :
« Une vie non examinée ne vaut pas la peine d’être vécue. » – pp. 444-445, Chapitre 4, La révolution de la pensée
Cependant, les Athéniens considéraient Socrate comme une personne dangereuse.
Lors de son procès, Socrate fut accusé de ne pas reconnaître les dieux de l'État, d'introduire de nouveaux dieux et de corrompre la jeunesse.
Finalement, en 399 avant J.-C., Socrate but du poison et mourut en prison.
Selon Platon, Socrate s'est lavé avant de boire le poison.
Il s'agissait de soulager les femmes du fardeau qu'elles auraient à porter après sa mort.
J'ai poliment remercié le gardien pour sa gentillesse.
Il a même fait une petite blague sur sa situation difficile.
Socrate sut affronter la mort avec calme, disant à ses amis de ne pas le pleurer et acceptant avec sérénité et affection leur amitié indéfectible.
Au lieu d'une tristesse destructrice et dévorante, régnait une paix tranquille et bienveillante.
Durant toute la période axiale, les sages étaient préoccupés par la mort.
Socrate a démontré que même au cœur de la douleur et de la souffrance, les êtres humains peuvent atteindre une paix qui transcende leurs circonstances.
Siddhartha Gautama, découvreur d'Anatta, révolutionnaire de l'esprit
Vers la fin du Ve siècle avant J.-C., un Kshatriya vivant dans la République Shakya au pied de l'Himalaya se coupa les cheveux et la barbe, revêtit la robe jaune vif d'un moine et se mit en route pour Magadha.
Il s'appelait Siddhartha Gautama et il avait 29 ans.
Après être devenu moine, Gautama étudia auprès des plus grands maîtres de yoga de son époque et obtint des résultats remarquables.
Les enseignants étaient ravis, mais Gotama n'était pas satisfait.
Parce que je ne parvenais pas à trouver un véritable changement en moi.
Gautama demanda alors aux ascètes de lui enseigner.
Gautama pratiqua un ascétisme extrême jusqu'à ce que sa colonne vertébrale soit si émaciée qu'elle saillait comme un fuseau, frôlant la mort.
Mais malgré tous mes efforts pour pratiquer l'ascétisme, mes désirs et mes aspirations ne s'apaisaient pas, et la paix et la libération de moi-même ne venaient pas.
Gautama commença à développer sa propre méthode d'entraînement au yoga.
Grâce à sa pratique quotidienne du yoga, il a accédé à de nouveaux états de conscience et a progressivement réussi à se libérer de l'influence des désirs et des envies égoïstes.
Après sept années d'efforts constants pour se perfectionner, Gautama atteignit finalement l'illumination, la libération de toute souffrance.
Gautama devint alors « l’éveillé » ou « l’illuminé » (Bouddha).
Gautama prétendait avoir découvert le chemin du nirvana, la libération de la souffrance et de la douleur.
Traditionnellement appelé le « Noble Chemin Octuple » (Paljeongdo), ce chemin est une voie d'action basée sur la moralité, la méditation et la sagesse.
Sur cette base, les pratiquants peuvent comprendre « directement » les enseignements de Gautama à travers la pratique du yoga et les intégrer dans leur vie quotidienne.
… … Qu’est-ce que le nirvana ? Comme nous l’avons déjà vu, cela signifie que Gautama « est sorti » lorsqu’il a atteint l’illumination.
Après son illumination, Gautama fut souvent appelé « tathagata » (« disparu »).
Cela signifie qu'« il » n'est plus là.
Mais cela ne signifie pas l'extinction personnelle.
Ce qui s'est éteint, ce n'est pas sa personnalité, mais le feu de l'avidité, de la haine et de la tromperie.
Le Bouddha (ou plutôt Gautama, comme nous devrions maintenant l'appeler) a atteint la paix qui découle d'un état d'altruisme en supprimant et en éliminant les états d'esprit « malsains ».
- Page 479, Chapitre 7 : La révolution de la pensée
Le Bouddha a servi de refuge paisible à de nombreuses personnes de son époque qui vivaient dans un monde violent et triste.
Bien qu'il ait atteint son but en trouvant le Nirvana, il ne considérait pas cela comme la fin de sa mission.
Le Bouddha s'efforça de répandre son illumination dans un monde de souffrance, avec un cœur empli d'empathie et de compassion.
Pendant 45 ans, il a parcouru inlassablement les villes de la plaine du Gange, enseignant aux dieux, aux animaux et aux hommes.
Personne n'était offensé par son détachement, ni irrité par son attitude consistant à ne manifester aucune préférence particulière pour un objet ou une personne.
Le Bouddha n'était pas une personne dépourvue d'humour, stricte ou inhumaine.
Au contraire, il semble qu'il ait suscité des sentiments particuliers chez tous ceux qui l'ont rencontré.
Sa générosité inébranlable et persistante, son calme et son équité semblaient toucher une corde sensible et faire écho aux aspirations les plus profondes des gens.
Bouddha, à l'instar de Socrate et de Confucius, est devenu ce que Karl Jaspers a appelé un « modèle de caractère ».
Il est devenu un modèle pour les objectifs que les êtres humains peuvent et doivent atteindre.
Les pionniers de cette ère axiale sont devenus des modèles archétypaux.
Car en les imitant, d'autres pourraient eux aussi progresser un peu plus sur le chemin menant à l'humanité supérieure qu'ils incarnaient.
- Pages 490-491, Chapitre 7 : La révolution de la pensée
L'Âge axial était une époque où les humains levaient les yeux vers le ciel et vénéraient la puissance de la nature.
En tournant votre regard vers l'intérieur, vous commencez à vous découvrir et à explorer votre divinité intérieure.
Il s'agissait du premier tournant copernicien dans la civilisation intellectuelle humaine.
Le premier tournant copernicien dans la civilisation intellectuelle humaine
Une époque merveilleuse où la créativité humaine a explosé à son apogée.
Perspectives humanistes sur le moment crucial du bond en avant de la civilisation
L'Âge axial est un livre d'histoire qui couvre la période la plus fascinante de l'histoire de l'humanité, de 900 av. J.-C. à 200 av. J.-C., période où sont nées les principales religions et philosophies du monde.
L'Âge axial fut le premier tournant copernicien dans la civilisation spirituelle humaine, lorsque les humains, qui avaient levé les yeux vers les cieux et vénéré les forces de la nature, tournèrent leur regard vers l'intérieur pour se découvrir eux-mêmes et commencer à explorer le divin en eux.
L'époque des plus grands génies de la pensée de l'histoire !
Durant cette période, Confucius, Mozi et Laozi étaient actifs en Chine ; les Upanishads, le jaïnisme et Siddhartha Gautama sont apparus en Inde ; Élie, Jérémie et Isaïe sont apparus en Israël ; et Sophocle, Socrate et Platon sont nés en Grèce.
Leur apparition fut le deuxième événement le plus décisif pour l'humanité après la découverte de l'art de maîtriser le feu.
Comment une telle révolution de la pensée a-t-elle pu se produire dans quatre régions sans aucune interaction et à une époque si proche ? Pourquoi sont-elles parvenues aux mêmes conclusions sur l’univers, l’humanité et la vie ?
L'ouvrage de Karen Armstrong, érudite religieuse de renommée mondiale, intitulé « L'Âge axial », jette une nouvelle lumière sur ce remarquable parallèle culturel, une énigme de l'histoire humaine, en parcourant la ceinture de civilisation de l'Âge axial, de la Chine à l'Inde, au Proche-Orient et à la Grèce.
Nous découvrons une exploration humaniste de l'Âge axial, une époque où s'est posée la question fondamentale « Qu'est-ce que l'homme ? », où la lutte de la raison contre la connaissance mythique a fait ses premiers pas, et où l'éveil éthique humain et la réflexion philosophique ont explosé, marquant un tournant majeur dans l'histoire de l'esprit humain.
L’ère axiale, confrontée à une violence sans précédent, à la peur et au vide existentiel, nous parle.
L'ouvrage « L'Âge axial » allie les connaissances de Karen Armstrong en matière de religions comparées à sa perspicacité spirituelle.
Armstrong a réimaginé « l'Âge axial », un concept d'histoire des civilisations créé par le philosophe allemand Karl Jaspers, non pas comme une idée vague figée sur du papyrus ou du parchemin, mais comme l'histoire de personnes vivantes ayant traversé une époque de souffrance et d'angoisse.
À l'époque axiale, les hommes ont découvert l'esprit d'empathie et de compassion, ressentant la douleur des autres et déplorant la misère de l'humanité.
Les réponses découvertes par les plus grands génies intellectuels de l'histoire restent fondamentales pour les réflexions philosophiques et religieuses de l'humanité, même après deux mille ans.
Aujourd'hui, alors que le scientisme et le progressisme qui ont donné naissance au monde moderne font l'objet d'une réflexion et d'un questionnement intenses, Armstrong trouve une vision qui transcendera les défis de notre époque et illuminera l'avenir chez les peuples de « l'Âge axial », qui ont été confrontés à la même violence, à la même peur et au même vide existentiel que nous.
« Nous n’avons jamais dépassé les intuitions de l’ère axiale. »
L'Âge axial, point de départ de la civilisation spirituelle humaine
L’« âge axial » est un concept d’histoire civilisationnelle proposé par le philosophe allemand Karl Jaspers dans son livre « L’origine et le but de l’histoire » (1949).
Jaspers a établi une ère que toute l'humanité, qu'elle soit d'Orient ou d'Occident, pourrait reconnaître comme l'origine de l'esprit, une ère qui deviendrait l'axe commun de l'humanité, et il a nommé cette ère « l'Âge axial ».
Dans son ouvrage *L'Âge axial*, Karen Armstrong définit l'« Âge axial » comme la période allant approximativement de 900 av. J.-C. à 200 av. J.-C.
Durant cette période, de grandes traditions philosophiques et religieuses sont nées, qui allaient plus tard nourrir l'esprit humain.
Il s'agit notamment du confucianisme et du taoïsme en Chine, de l'hindouisme et du bouddhisme en Inde, du monothéisme en Israël et du rationalisme philosophique en Grèce.
Cette période fut également la plus intense « ère de création » de l'histoire, avec l'émergence de génies de la pensée tels que Bouddha, Socrate, Confucius, Jérémie, Mencius, Euripide et Platon.
L'ère axiale, née des troubles et de la violence politiques
Tous les peuples de l'Âge axial n'ont pas évolué de manière uniforme.
Les Indiens ont toujours été à l'avant-garde du progrès durant l'ère axiale.
Israël a connu une période brève mais intense de créativité extraordinaire au VIe siècle avant J.-C., provoquée par les exilés en Babylonie.
Les enseignements de l'âge axial acquis par les Israélites ont connu une renaissance dans le judaïsme rabbinique, le christianisme et l'islam.
En Chine, Confucius a développé pour la première fois l'esprit de l'Âge axial dans son intégralité à la fin du VIe siècle avant J.-C., et il a ensuite été développé sous diverses formes par les Cent Écoles de pensée.
Tandis que ces trois régions se sont orientées dès le départ vers l'introspection et la quête de la spiritualité, la Grèce s'est orientée vers le logos et le rationalisme.
Cependant, le développement de l’« âge axial » dans ces quatre régions s’inscrivait dans un contexte historique commun.
Bien que les époques aient été légèrement différentes, la plupart d'entre eux ont dû traverser des périodes difficiles telles que l'urbanisation rapide, les changements socio-économiques dus à la croissance démographique et les guerres incessantes.
Les coutumes traditionnelles et les sacrifices aux dieux se sont avérés peu efficaces pour lutter contre la violence et le désordre qui survenaient lorsque de nombreuses personnes se rassemblaient et vivaient ensemble dans les villes.
Aujourd'hui, les humains se sont éloignés du monde des mythes et commencent à se concentrer sur eux-mêmes.
Des questions de psychologie humaine, de soi individuel, de moralité et d'éthique ont été soulevées.
L’« Âge axial » est né au milieu de ces bouleversements considérables.
La révolution spirituelle de l'ère axiale s'est déroulée dans un contexte de chaos, de migrations et de conquêtes.
Cela se produisait souvent entre la chute d'un empire et l'avènement d'un autre.
En Chine, l'ère axiale a finalement débuté avec l'effondrement de la dynastie Zhou et s'est achevée avec l'unification de la période des Royaumes combattants par la dynastie Qin.
L'âge axial en Inde a commencé après la dissolution de la civilisation harappéenne (civilisation de l'Indus) et s'est terminé avec l'empire maurya.
Les changements en Grèce se sont produits entre le royaume mycénien et l'empire macédonien.
Les sages de l'Âge axial vivaient dans une société nomade, loin de leurs lieux d'ancrage.
… … Même les Juifs, qui avaient terriblement souffert des aventures impériales au Moyen-Orient, furent plongés dans l’ère axiale, contraints par le traumatisme de l’effondrement de leur patrie et de l’exil qui s’ensuivit à rompre avec le passé et à recommencer à zéro, avec la terrible liberté qu’ils avaient acquise.
- Page 623, Chapitre 10 : Le retour de l'âge axial
Dans cet ouvrage, l'auteur retrace l'histoire des quatre nations de l'« ère axiale » : l'Inde, Israël, la Chine et la Grèce.
En particulier, en juxtaposant les transformations spirituelles des quatre peuples par période, l'ouvrage montre comment chaque peuple traverse l'« Âge axial » à son propre rythme, ce qui le rend encore plus passionnant.
Par exemple, en Inde, vers le VIIIe siècle avant J.-C., les prêtres et les guerriers évoluaient lentement vers l'idéal axial de l'« ahimsa » (non-violence).
Mais en même temps, les Grecs célébraient l'éthique héroïque du guerrier égocentrique.
D'autres peuples de l'âge axial pratiquaient l'ahimsa et la « kénose » (« auto-vidage »).
La poursuite de l'égocentrisme était motivée par une aversion pour la violence, mais les Grecs, à peu près à la même époque, insistaient sur l'effort de sacrifier l'égoïsme et de se dévouer aux autres pour le bien d'une armée forte.
De cette manière, l'auteur compare et parfois annonce des événements se déroulant dans la ceinture de civilisations de l'Âge axial, incitant le lecteur à passer avec impatience au chapitre suivant, rempli d'anticipation et de curiosité, comme s'il lisait un roman policier bien écrit.
Pourquoi l'« Âge axial » ?
Mais pourquoi parle-t-on d’« Âge axial » ? Y a-t-il une autre raison d’examiner cette époque révolue que celle de satisfaire une curiosité historique ? Armstrong estime que le changement fondamental de perception et d’éveil des consciences survenu durant l’« Âge axial » recèle une clé pour surmonter les crises actuelles, marquées par la violence, la haine et l’intolérance.
Au XXe siècle, nous avons assisté à une explosion de violence d'une ampleur sans précédent.
Malheureusement, la capacité des humains à se nuire et à se blesser les uns les autres a évolué parallèlement aux progrès économiques et scientifiques extraordinaires de la civilisation humaine.
L'auteur affirme que sans une révolution spirituelle, cette planète ne peut être sauvée.
Pour sortir de cette situation délicate, je crois que nous pouvons nous inspirer de ce que le philosophe allemand Karl Jaspers appelait « l'âge axial ».
Comment les sages de l'Âge axial, qui vivaient dans un environnement radicalement différent du nôtre, pourraient-ils éclairer notre situation actuelle ? Pourquoi devrions-nous nous tourner vers Confucius ou Bouddha pour obtenir de l'aide ? Certes, l'étude de cette époque lointaine n'est peut-être qu'une étape dans l'archéologie de l'esprit.
Car ce dont nous avons besoin, c'est de créer des croyances novatrices qui reflètent les réalités du monde d'aujourd'hui.
Mais en réalité, nous n'avons jamais dépassé les intuitions de l'ère axiale.
En période de crise mentale et sociale, les gens se sont toujours tournés vers l'Âge axial pour retrouver leur voie.
- Pages 5 à 7, extrait de la « Préface »
Détournez votre regard du ciel pour plonger votre regard dans l'esprit humain.
- Découverte de soi et intériorisation de la religion
Karen Armstrong remarque que durant l'Âge axial, quatre régions qui n'avaient auparavant eu aucune interaction entre elles ont connu un bond mental presque identique.
Parmi eux, le plus grand héritage que l'« Âge axial » a laissé à l'humanité est la découverte de l'esprit humain.
À cette époque, les humains ont d'abord détourné leur regard du ciel pour se tourner vers l'intérieur d'eux-mêmes.
Et j'ai compris que l'univers, la vérité immortelle, ne se trouvait pas dans ce ciel lointain, mais bien en moi.
Désormais, le chemin du salut et de la libération d'une vie de souffrance ne se trouvait pas dans un dieu extérieur ou un être transcendant, mais en soi-même.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un « grand bouleversement » de la pensée copernicienne s'est produit.
Plutôt que de vénérer des dieux extérieurs tels que le ciel, les objets naturels et les ancêtres selon des doctrines et des rituels établis, les peuples de l'Âge axial recherchaient des changements fondamentaux dans la dimension « intérieure » de l'humanité.
Ils croyaient que la transcendance pouvait être vécue en soi-même non pas par le sacrifice d'animaux, mais par des méthodes d'entraînement mental spécifiques telles que le yoga ou la méditation.
L'exploration de l'esprit humain a débuté en Inde vers le IXe siècle avant J.-C., et a été explorée le plus profondément et le plus loin par les sages indiens.
L'ère axiale a commencé en Inde.
Dans le monde moderne, les rituels sont souvent perçus comme encourageant une obéissance servile.
Mais les brahmanes utilisèrent leur savoir pour créer un sens du soi entièrement nouveau, un soi indépendant et autonome, libre de tout rituel et de tout dieu extérieur.
Les réformateurs sacerdotaux se sont tournés vers l'intérieur en méditant sur la dynamique interne du rituel.
Ils se mirent alors à explorer le monde intérieur avec un grand enthousiasme, tels des guerriers aryens s'enfonçant dans les jungles inconnues de l'Inde.
À l'ère axiale, l'accumulation des connaissances est également considérée comme importante.
Les experts en matière d'offres ont exhorté chacun à réfléchir profondément à ses offres et à comprendre le sens de ce qu'il faisait.
Une nouvelle conscience de soi est née.
Dès lors, les quêtes spirituelles indiennes se concentrèrent non plus sur des dieux extérieurs, mais sur le soi éternel.
- Page 150, Chapitre 2 : L'ère de l'angoisse et de la peur
En Chine, durant la période des Printemps et Automnes et la période des Royaumes combattants au Ve siècle avant J.-C., certains affirmaient que si un dirigeant parvenait à trouver son équilibre intérieur, il pourrait remettre le monde sur le droit chemin.
On disait que l'on pouvait trouver la paix et la stabilité de l'esprit par la méditation sans se couper de la réalité, et que ce n'est qu'en découvrant les profondeurs de son être intérieur que l'on pouvait véritablement devenir humain.
L'auteur de cet article (『Simsul心術』) a soutenu que la bienveillance n'est pas une distorsion de la nature humaine, mais son achèvement.
En fait, le mot « dans » est lui-même synonyme d'humanité.
Si un monarque souhaite véritablement avoir un « cœur humain », il doit découvrir les profondeurs de son propre être.
Au lieu de fuir dans la forêt pour y trouver paix et tranquillité, nous devrions cultiver le calme intérieur par la méditation.
Un monarque éclairé saura maîtriser ses passions, apaiser ses désirs, vider son esprit des pensées parasites et découvrir son vrai moi, authentique.
Alors, vous organiserez clairement votre force mentale, votre santé physique s'améliorera et vous vous rendrez compte que vous êtes devenu « naturellement » une personne bienveillante sans avoir à faire plus d'efforts.
… … Dans l’Antiquité, les rois établissaient le Tao en déterminant la direction exacte du corps.
Or, selon « Simsul », le monarque pourrait remettre le monde sur le droit chemin en découvrant son véritable centre en lui-même.
- Pages 497 et 498, Chapitre 8 : Les aventures de la philosophie
« Affrontez l’inévitable vérité de la vie : la souffrance ! »
L’une des leçons les plus importantes des sages de l’Âge axial est que « nous devons faire face à l’inévitable vérité de la vie : la souffrance ».
Les traditions religieuses créées dans les quatre régions durant l'Âge axial étaient toutes enracinées dans la peur et la souffrance.
Ils s'accordent tous à dire qu'il est essentiel de ne pas nier ces difficultés.
La pleine reconnaissance de la souffrance était une condition préalable à l'illumination.
Jérémie détestait être prophète.
Mais contre son gré, il fut contraint de crier « Malheur et destruction ! » toute la journée.
Quand j'essayais de fermer la bouche, j'avais l'impression que mon cœur et mes os étaient en feu, je n'avais donc pas d'autre choix que de prophétiser à nouveau.
Jérémie, tout comme Amos et Osée, avait le sentiment que Dieu avait pris le contrôle de lui.
La douleur que l'on ressent en se tordant les membres était la douleur de Yahvé.
Dieu lui aussi se sentait humilié, exilé et abandonné.
Au lieu de nier sa souffrance, Jérémie se présenta devant le peuple comme un homme de douleur.
Il ouvrit son cœur aux peurs, à la colère et aux chagrins de son époque, les laissant envahir chaque recoin de son être.
Je ne pouvais pas le nier.
Car cela ne fait qu'entraver l'éveil des consciences.
- Pages 289-290, Chapitre 5 : L'âge de la souffrance
Le Sankhya a apporté deux contributions importantes à la spiritualité indienne.
La première fut la reconnaissance que toute vie est « dukkha ».
Ce mot est souvent traduit par « souffrance », mais il a un sens plus large de « insatisfait, déformé ».
… … Rien ne dure longtemps.
Notre monde intérieur chaotique peut passer d'un état à un autre en un instant.
Les amis meurent.
Les gens tombent malades, vieillissent et perdent leur beauté et leur vitalité.
Nier cette duka universelle (comme beaucoup le font) est une illusion.
Car Duka est la loi de la vie.
Cependant, le Sankhya soutient que cette nature imparfaite est aussi notre amie.
Plus je souffre et ne fais plus qu'un avec ce monde éphémère, plus j'aspire à la réalité absolue et inconditionnelle appelée Purusha.
- Page 332, Chapitre 5, L'âge de la souffrance
Armstrong affirme que ce n'est qu'en reconnaissant notre propre souffrance que nous pouvons véritablement « éprouver de l'empathie » pour la souffrance des autres, et qu'à partir de ce moment-là, nous pouvons commencer à agir pour susciter le changement.
Au Ve siècle avant J.-C., les Grecs ont pu développer la capacité de « ressentir avec les autres » à travers la tragédie.
Ce point est particulièrement évident dans Les Perses d'Eschyle, qui parut lors des fêtes dionysiaques en 472 av. J.-C.
Les Athéniens qui virent cette œuvre pleurèrent, car ils ressentaient la souffrance des Perses qui avaient ravagé Athènes quelques années auparavant.
Quelques années auparavant, les Perses avaient détruit leurs villes et profané leurs sanctuaires, et maintenant ils pouvaient pleurer les morts perses.
Xerxès, sa femme Atossa et le fantôme de Darius évoquent tous avec émotion la douleur déchirante ressentie lorsque l'on perd des proches, que le vernis de sécurité se déchire et que les horreurs de la vie sont révélées.
Il n'y avait aucune attitude hautaine ou moralisatrice.
Il n'y avait aucune atmosphère de ressentiment.
Eschyle a dépeint les Perses non pas comme des ennemis, mais comme des personnes en deuil.
Il a également fait l'éloge du courage des Perses.
… … Le Perse était un exemple brillant d’empathie envers un ancien ennemi à une époque où les souvenirs de batailles mortelles étaient encore vifs.
- Pages 387-388, Chapitre 6 : La découverte de l'empathie
Kénose, ou abandon de soi
Si la vie est intrinsèquement souffrance, d'où vient cette souffrance ? Les sages et les philosophes de l'Âge axial ont compris que la cause profonde de la souffrance individuelle et des conflits sociaux réside dans l'« égocentrisme ».
Le désir de se protéger, l'égoïsme qui privilégie ses propres instincts et désirs, est ce qui engendre la cupidité, les conflits et la haine entre les hommes.
Trouver un moyen d'abandonner le « moi » était un objectif commun aux sages de l'Âge axial.
Dans la Chine ancienne, les empereurs Yao et Shun, qui instaurèrent une période de paix, étaient vénérés comme des sages pratiquant le renoncement à soi-même.
Dès les premiers stades, certains experts rituels de l'État de No comprenaient l'importance de « l'abnégation de soi ».
Ils vénéraient les anciens rois sages Yao et Shun, et il est possible qu'ils aient écrit les « Chroniques de Yao » et les « Chroniques de Shun », qui figurent parmi les plus anciennes chroniques du Livre des Documents.
……Yo et Sun sont devenus adultes.
C'étaient des gens bons et compatissants qui ont instauré un âge d'or de paix.
Leurs légendes dans le Livre des Documents constituent clairement une critique implicite de la réalité dans laquelle les dynasties se transmettent de génération en génération et où le pouvoir repose sur la force et la coercition.
Yao et Shun n'étaient pas obsédés par leur propre statut et leur dignité, mais plaçaient les intérêts du peuple avant leurs préférences instinctives.
Ils étaient des exemples archétypaux de la tempérance, de l'humilité, de la maîtrise de soi et du respect que cet exemple cherchait à cultiver.
Alors que la vie politique chinoise devenait de plus en plus égoïste et impitoyable, la légende de Yao et Shun continuait d'être une source d'inspiration.
Les sages de l'Âge axial affirmaient que tous les humains avaient le potentiel de devenir de tels hommes.
Pages 206 et 208, Chapitre 3 : La découverte de soi
En Israël, les prophètes ont fait l'expérience de la spiritualité du « dépouillement de soi » à travers le fait d'être complètement submergés par Dieu.
Dans le même temps, ils s'attachèrent à déconstruire l'arrogance des Israélites.
Amos a porté un coup terrible à l'estime de soi d'Israël.
Il voulait ébranler l'ego de la nation.
Voilà ce qui est au cœur de la spiritualité du « renoncement à soi » en Israël – à l’époque axiale et au-delà.
- est l'une des premières expressions pour .
Au lieu d'utiliser la religion pour renforcer leur estime de soi, les Israélites devaient transcender leurs intérêts personnels et privilégier la justice et l'équité.
Le prophète était un exemple vivant de ce que les Grecs appelaient la kénose, ou « vacuité ».
Amos avait le sentiment que Dieu avait pris le contrôle de sa subjectivité.
Il ne prononça pas ses propres paroles, mais les paroles de Yahvé.
Le prophète, dans sa quête d'empathie passionnée avec Dieu, s'abandonna lui-même.
Dieu considérait les injustices commises par Israël comme une insulte personnelle.
Ce fut un moment charnière.
La religion de l'Âge axial est fondée sur l'empathie que les gens ressentent pour les autres.
Amos n'a pas éprouvé lui-même de colère, mais il a ressenti la colère de Yahvé.
— Page 160, Chapitre 3 : La découverte de soi
Enfin, j'ai trouvé l'empathie et la compassion.
Pour les sages et les philosophes de l'« âge axial », le plus important n'était pas ce qu'il fallait croire, mais comment agir.
Tous les sages de l'Âge axial prônaient la règle d'or, le compromis, l'empathie et une vie empreinte de compassion.
Ils ont insisté sur le fait que les gens devaient abandonner l'égocentrisme, la cupidité, la violence et la grossièreté.
S'entretuer n'est pas la seule chose qui soit mal.
Vous ne devez pas utiliser de langage hostile ni agir de manière impatiente.
De plus, presque tous les sages de l'Âge axial ont compris que la miséricorde ne pouvait se limiter à son propre peuple.
Nous devons d'une manière ou d'une autre étendre notre intérêt au monde entier.
Chaque tradition a sa propre façon de formuler la règle d'or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse. »
Confucius l'appelait « shu » (恕, se comparer à soi-même), Mozi l'exprimait comme « jian-ai » (兼愛, « souci de tous »), et Bouddha disait : « Celui qui s'aime lui-même ne doit pas nuire aux autres. »
Le rabbin Hillel a dit : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas faire à vous-même. »
« La Torah, c’est tout ce qu’il y a à dire, le reste n’est que commentaire », a-t-il déclaré.
Le respect des droits sacrés de tous les êtres du monde est le fondement de la miséricorde.
Nous devons constamment nous rappeler que les sages de l'Âge axial ont développé une éthique de la miséricorde dans des circonstances horribles et désespérées.
Ils ne méditaient pas dans une tour d'ivoire, mais vivaient dans une société horrible, déchirée par la guerre, une société où les valeurs anciennes disparaissaient.
Eux aussi, comme nous, avaient conscience du vide et de l'abîme.
Ces sages n'étaient pas des rêveurs utopistes, mais des gens pragmatiques.
Beaucoup étaient absorbés par la politique et le gouvernement.
Ils étaient convaincus que l'empathie n'était pas qu'un beau mot ; elle fonctionnait réellement.
La compassion et la sollicitude envers tous étaient les meilleures politiques.
Nous devons prendre leurs observations au sérieux.
Parce que c'étaient des experts.
- Page 670, Chapitre 10 : Le retour de l'âge axial
L'âge des plus grands sages et génies philosophiques de l'histoire !
L'Âge axial a réuni certaines des figures les plus extraordinaires de l'histoire de l'humanité.
En Chine, Confucius et Mencius apparurent, et toutes les écoles de philosophie chinoise, dont le mohisme, le taoïsme et le légisme, virent le jour.
En Inde naquirent Siddhartha Gautama et Mahavira du jaïnisme, et en Iran, Zoroastre apparut un peu plus tôt et annonça l'« âge axial ».
Dans la région palestinienne, sont apparus les prophètes d'Israël, tels qu'Amos, Ézéchiel, Isaïe et Jérémie.
En Grèce, Homère fit son apparition, et des philosophes tels que Parménide, Socrate et Aristote, ainsi que des tragédiens comme Sophocle et Euripide, furent actifs.
L'auteur fait revivre la vie et la pensée des sages et des philosophes qui ont façonné cette époque remarquable, non pas comme des « grands hommes » irréprochables et nobles, mais comme des histoires de personnes qui, tout comme nous, ont éprouvé de la joie, de la tristesse et de la colère et se sont interrogées sur la question de « l'humanité ».
Zoroastre, la lutte cosmique entre le bien et le mal
À partir d'environ 1500 avant J.-C., la vie lente et paisible des Aryens vivant dans les steppes du sud de la Russie changea brutalement.
Avec la découverte des armes en bronze et de nouveaux moyens de transport utilisant les bœufs et les chevaux, les Aryens devinrent des guerriers.
Ils pouvaient désormais parcourir de longues distances à grande vitesse.
Utilisant des armes supérieures, ils pillaient les villages voisins et volaient le bétail et les récoltes.
J'ai dû acquérir des compétences militaires, ne serait-ce que pour me défendre.
L'ère des héros a commencé.
Le pouvoir, c'est la justice.
À cette époque, un jeune prêtre, profondément troublé par la violence qui ravageait les prairies, eut une nouvelle prise de conscience.
Il s'appelait Zoroastre.
Zoroastre fut bouleversé par la souffrance et le désespoir qui s'étaient abattus sur son peuple ; il était consumé par le conflit et déchiré par le désespoir.
Dans l'ancien monde paisible, la vie semblait suivre un cycle.
Les saisons ont changé, le jour a cédé la place à la nuit, et la moisson aux semailles.
Mais Zoroastre ne pouvait plus croire à ce rythme de la nature.
Le monde se précipitait vers le bouleversement.
Zoroastre et ses disciples vivaient dans une « période liminale » où un conflit cosmique était sur le point d'éclater, mais ils allaient bientôt assister au triomphe final du bien et à l'anéantissement des forces des ténèbres.
Après la terrible bataille, Ahura Mazda et les immortels descendront dans le monde des hommes et des femmes pour y offrir des sacrifices.
Puis a lieu le grand jugement.
Les méchants seront balayés de la terre, et un fleuve de feu se déversera en enfer, réduisant en cendres les « âmes hostiles ».
L'univers retrouvera alors son état parfait originel.
… … Ces visions apocalyptiques nous sont familières.
Mais dans le monde antique, avant Zoroastre, une telle perspective n'existait pas.
Cette vision des choses découlait de la colère et du désir de justice de Zoroastre face aux souffrances de son peuple.
Zoroastre espérait que les méchants seraient punis pour les souffrances qu'ils infligeaient aux gens bons et innocents.
- Page 35, Chapitre 1 : La ceinture de civilisations de l’âge axial
Des siècles plus tard, au début de l'Âge axial, philosophes, prophètes et mystiques cherchèrent tous à contrer la brutalité et l'agression de leur époque en promouvant une spiritualité fondée sur la non-violence.
Mais la vision du monde de Zoroastre, blessé, était empreinte de vengeance et contenait des images d'incendie criminel, de tyrannie et d'annihilation.
Un regard sur la vie de Zoroastre révèle que les bouleversements politiques, les atrocités et les souffrances ne produisent pas toujours une foi de type Âge axial.
Une croyance militante peut émerger, polarisant la réalité complexe en catégories simplistes de bien et de mal.
Mais Zoroastre envisageait l'Âge axial avec une vision éthique fervente.
Il a tenté d'insuffler de la moralité à l'éthique du nouveau guerrier.
Un véritable héros n'opprime pas ses compatriotes, mais s'oppose à la violence.
Le guerrier saint est voué à la paix.
Ironie du sort, les premières religions de l'« âge axial » furent créées par ces mêmes voleurs de bétail aryens indiens que Zoroastre avait condamnés.
Le sage des Upanishads conquiert le moi intérieur humain
L'ancienne religion védique de l'Inde a été inspirée par les migrations constantes et la conquête de nouveaux territoires.
Elle a émergé d'un monde de conflits violents.
Cependant, les Upanishads, qui contiennent l'essence de la religion védique, entreprennent de conquérir l'espace intérieur pacifiquement.
Cela marque une évolution très importante dans l'histoire des religions, où les rituels extérieurs sont remplacés par une introspection rigoureuse.
Les sages ont pénétré le monde spirituel inexploré et sont devenus des pionniers.
Les deux figures les plus célèbres des premières Upanishads étaient Yajinavalkya du royaume de Videha et Uddalaka Aruni de la région de Kuru-Panchala.
Yajinavalkya était un philosophe du roi Janaka de Videha qui était à l'avant-garde de la promotion d'une nouvelle spiritualité.
Comme tous les sages des Upanishads, Yajinavalkya était convaincu qu'au plus profond de l'être humain vivait, pour ainsi dire, une étincelle immortelle.
La flamme immortelle participe à l'essence même du Brahman immortel, qui soutient l'univers entier et lui donne vie, et elle est de la même nature que lui.
Ce fut une découverte d'une importance capitale, qui devint une idée centrale dans toutes les grandes traditions religieuses.
La réalité ultime existe en chaque être humain.
Par conséquent, on pourrait le trouver au plus profond de soi, dans l'Atman.
- Pages 225-226, Chapitre 4 : Un long voyage vers la connaissance
Pour la première fois, les humains ont commencé à percevoir systématiquement les couches plus profondes de la conscience humaine.
Les sages de l'Âge axial, par une introspection rigoureuse, ont ouvert les yeux sur les vastes royaumes du moi qui se cachent sous la surface de l'esprit.
Elle devenait complètement « consciente d'elle-même ».
Yajinavalkya n'a pas abordé les rituels extérieurs de la religion.
Au lieu de cela, dans ma quête pour découvrir mon vrai moi, cet « homme intérieur » qui contrôle et maintient en vie le « moi » au sein de l'expérience terrestre, j'ai commencé à explorer la structure psychologique de l'existence humaine.
Cette tentative de faire l'expérience du sacré en soi plutôt qu'à travers des rituels extérieurs fut l'une des caractéristiques de l'Âge axial qui apparut dans toutes les régions.
Bien avant que Sigmund Freud n'explore l'inconscient humain au XIXe siècle, des pionniers en Inde s'étaient déjà penchés sur les profondeurs de l'esprit humain et y avaient réfléchi.
Le traumatisme de l'exil : l'âge axial d'Israël
Au VIe siècle avant J.-C., Israël entra véritablement dans son âge axial.
Cette fois encore, le catalyseur du changement a été une expérience de violence incontrôlable et choquante.
Après l'Assyrie, l'empire babylonien prit le contrôle de la région de Canaan.
Après le royaume d'Israël (nord), conquis par l'Assyrie en 722 av. J.-C., le royaume de Juda (sud) fut à son tour conquis par une puissance étrangère, Babylone.
En 597 av. J.-C., Jojakin, le jeune roi de Juda, se rendit aux Babyloniens et fut exilé de son pays avec 8 000 des siens.
Les créateurs de la nouvelle perspective de l'âge axial sont ceux qui furent emmenés à Babylone à cette époque.
Le prophète Ézéchiel fut l'un de ceux qui furent emmenés.
Ézéchiel apprend plus tard, dans une vision, que Yahvé avait chassé les derniers Judéens de leur ville à cause de leur idolâtrie et de leur immoralité.
Mais les exilés devaient aussi se rendre compte qu'ils portaient une part de responsabilité dans la catastrophe.
La mission d'Ézéchiel était de faire prendre conscience de ce fait au peuple exilé en 597 avant J.-C.
Je n'aurais pas dû me faire l'illusion que je pourrais un jour revenir.
Il leur suffisait de se repentir et de trouver un moyen de mener une vie ordonnée en Babylonie.
Mais je ne pouvais pas le faire avant d'avoir pleinement ressenti le poids du chagrin.
- Pages 295-296, Chapitre 5 : L'âge de la souffrance
La démonstration impitoyable de la puissance impériale de Babylone a sapé l'unité nationale du peuple exilé.
Cependant, dans cette situation, les prêtres et les prophètes exilés ont accompli de grandes choses en évitant les croyances fondées sur le ressentiment et la vengeance et en créant une spiritualité qui reconnaissait le caractère sacré de toute vie.
Les sages de l'Âge axial ont compris que la violence ne fait qu'engendrer davantage de violence.
Avant de blâmer les autres, nous devons d'abord nous regarder nous-mêmes et reconnaître la préciosité de toute vie.
L’empathie envers la souffrance d’autrui était l’idée centrale de l’ère axiale.
Confucius part à la recherche d'une terre de bienveillance.
Lorsque la dynastie Zhou, gouvernée par un empereur ayant reçu le mandat du ciel, perdit son pouvoir, la Chine entra dans une période de grand chaos.
Commencèrent les périodes dites des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants.
Les guerres entre les principautés s'intensifièrent et les plaines centrales furent plongées dans la violence.
Les anciennes structures politiques et sociales se désintégraient et la Chine semblait sombrer dans l'anarchie.
Le mépris des rites ancestraux se répandit et l'esprit de modération, conformément à l'étiquette, s'affaiblit.
Le nombre de nouveaux riches a augmenté de manière significative, et certains des membres les plus modestes de la classe dirigeante ont été relégués au rang de roturiers.
Beaucoup craignaient que si la voie du ciel était ainsi ignorée, l'univers entier puisse être mis en danger.
À cette époque, apparut dans l'État de Lu quelqu'un qui pensait que si le sens profond des rites était correctement interprété, le peuple chinois pourrait retourner dans la capitale.
Son nom était Gonggu, et nous l'appelons souvent Confucius.
Avec Confucius, l'ère axiale de la Chine commença enfin.
Le Livre du Pardon de Confucius nous invite à sonder notre propre cœur « tout au long de la journée, chaque jour », à découvrir ce qui nous cause de la souffrance et à nous abstenir de causer cette souffrance aux autres, quoi qu'il arrive.
Cela nous oblige à ne pas nous placer dans une catégorie spéciale et séparée, mais à toujours relier nos expériences à celles des autres.
Confucius fut le premier à promulguer la Règle d'or.
Pour Confucius, c'était une valeur transcendante.
Si vous maîtrisez parfaitement cet exemple, vous pourrez passer à la voie qui consiste à obtenir ce qu'il appelait la bienveillance.
Le mot « in » signifiait à l'origine « noble » ou « excellent », mais à l'époque de Confucius, il signifiait simplement « être humain ».
Confucius a donné à ce proverbe une signification toute nouvelle, mais n'a pas cherché à le définir.
Plus tard, certains philosophes ont assimilé la bienveillance à « l'amour universel », mais pour Confucius, cette définition était trop restrictive.
- Page 357, Chapitre 6 : La découverte de l'empathie
Confucius n'était pas un conservateur timide qui s'accrochait aux détails insignifiants des coutumes et des précédents traditionnels.
Sa vision des choses était révolutionnaire.
Il a donné une nouvelle interprétation à l'offrande traditionnelle (oui).
Il ne s'agissait pas d'élever la dignité de la noblesse, mais de se transformer soi-même en faisant de la pratique de l'oubli de soi une habitude.
Confucius a repoussé l'égocentrisme dans les rituels et a mis en lumière leur profond potentiel spirituel et moral.
Confucius a également introduit un nouvel égalitarisme.
Autrefois, seuls les nobles accomplissaient ce rituel.
Confucius soutenait que n'importe qui, même ceux d'origine modeste, pouvait devenir un gentleman s'ils pratiquaient les rites.
D'autres philosophes de la Chine de l'âge axial ont proposé des solutions plus réalistes à nombre de problèmes de la Chine, mais ils n'étaient pas toujours aussi ambitieux que Confucius.
Confucius visait quelque chose de plus que la loi et l'ordre.
Il aspirait à la dignité humaine, à la noblesse et à la sainteté, et il savait que cela ne pouvait être atteint qu'en s'efforçant quotidiennement de cultiver la vertu du pardon.
C'était un plan véritablement audacieux.
Euripide : Le pouvoir de la tragédie grecque pour purifier la vie
Alors que dans d'autres régions, les religieux et les philosophes ont été les pionniers de l'âge axial, en Grèce, ce sont les auteurs tragiques qui se sont attelés à cette tâche.
À Athènes, au Ve siècle avant J.-C., la tragédie devint une institution précieuse.
Les pièces jouées chaque année lors des fêtes dionysiaques reflétaient l'introspection de l'Âge axial.
Ces pièces mettaient en scène des figures mythologiques célèbres telles qu'Agamemnon, Œdipe, Ajax et Hercule, embarquées dans un voyage intérieur, aux prises avec des choix complexes et confrontées aux conséquences de ces choix.
Ces pièces révèlent une nouvelle conscience de soi à l'ère axiale.
Le public a assisté à l'introspection du protagoniste, à sa méditation sur les alternatives possibles et à sa douloureuse prise de conscience quant à une conclusion à laquelle il parviendrait.
Les tragédiens, comme les philosophes, remettaient tout en question : la nature de Dieu, les valeurs de la civilisation grecque, le sens de la vie.
La tragédie a également appris aux Athéniens à se voir à la lumière de « l’autre » et à inclure dans leur cercle d’empathie ceux dont les convictions différaient clairement des leurs.
Avant tout, la tragédie met la souffrance en scène.
La tragédie n'a pas permis au public d'oublier que la vie est dukkha, douloureuse, insatisfaisante et tortueuse.
Les tragédiens du Ve siècle avant J.-C., tels qu'Eschyle, Sophocle et Euripide, ont atteint le cœur de la spiritualité de l'âge axial en plaçant l'individu souffrant avant la cité, en analysant sa souffrance et en aidant le public à éprouver de l'empathie pour lui.
Les Grecs croyaient fermement que le partage du chagrin et des larmes créait des liens précieux entre les personnes.
Ainsi, même les ennemis trouvent une humanité commune, comme Achille et Priam à la fin de l'Iliade.
Leurs larmes devinrent une catharsis, purifiant le chagrin empli d'une haine venimeuse.
Les Athéniens pleuraient bruyamment et sans pudeur lors des fêtes de Dionysos.
Cela a non seulement renforcé les liens entre les citoyens, mais a aussi rappelé à chacun qu'il n'était pas seul dans son deuil.
Ils ont pris conscience, d'une manière totalement nouvelle, que tous les êtres humains souffrent.
La catharsis (purification) pourrait être obtenue en faisant l'expérience de l'empathie et de la compassion.
Car la capacité à ressentir avec les autres est au cœur de l'expérience tragique.
- Pages 386-387, Chapitre 6 : La découverte de l'empathie
Euripide a perpétué la tradition tragique de la connexion émotionnelle avec « l'autre », même avec des personnages comme Médée, qui s'est logiquement persuadée de tuer ses enfants par vengeance, ou Hercule, qui a tué sa femme et ses enfants dans une folie inspirée par la déesse Héra.
À la fin d'Hercule, Thésée tente de ressentir de l'empathie pour l'homme souillé et brisé.
Thésée emmène Hercule en coulisses et prend son bras avec lui en signe d'« amitié ».
Le chœur se lamente « avec deuil et larmes ».
« Parce qu’aujourd’hui nous avons perdu notre ami le plus précieux. » Ces mots ont également fait pleurer l’assistance.
Ce fut une « libération » (extase) de nos préjugés et idées préconçues profondément ancrés, et un acte de miséricorde que nous avions cru impossible avant de voir la pièce.
Socrate, le maître du savoir qui enseignait la sagesse de l'ignorance
Dans les années 420 avant J.-C., alors que la guerre du Péloponnèse s'éternisait et que les atrocités continuaient de se produire, un nouveau philosophe devint une célébrité à Athènes.
Contrairement aux sophistes élégants, il était plutôt négligé.
Il ne s'intéressait pas à gagner de l'argent et était horrifié à l'idée de prendre de l'argent aux étudiants.
Bien que Socrate fût d'origine modeste, plusieurs jeunes hommes issus des meilleures familles d'Athènes vinrent à lui pour devenir ses disciples.
Ils étaient fascinés par Socrate et le vénéraient comme un héros philosophique.
Socrate comprenait l'étendue de son ignorance et n'avait pas honte de se heurter à plusieurs reprises aux limites de sa propre pensée.
Si jamais j'ai eu le sentiment d'avoir un avantage sur les autres, c'est uniquement parce que j'ai compris que je ne trouverais jamais les réponses aux questions que je me posais.
Tandis que les sophistes se réfugiaient dans l'action concrète pour échapper à cette ignorance, Socrate la vivait comme une extase, révélant le profond mystère de la vie.
Les gens ont été contraints de remettre en question leurs hypothèses les plus fondamentales.
Ce n'est qu'alors que nous pourrons penser et agir correctement, voir les choses telles qu'elles sont réellement et nous rapprocher un peu plus de cette intuition parfaite qui nous permet de transcender les fausses opinions et d'agir toujours correctement.
Ceux qui ne le font pas sont contraints de mener une vie superficielle, au gré des convenances.
Ce point est illustré par une citation mémorable attribuée à Socrate :
« Une vie non examinée ne vaut pas la peine d’être vécue. » – pp. 444-445, Chapitre 4, La révolution de la pensée
Cependant, les Athéniens considéraient Socrate comme une personne dangereuse.
Lors de son procès, Socrate fut accusé de ne pas reconnaître les dieux de l'État, d'introduire de nouveaux dieux et de corrompre la jeunesse.
Finalement, en 399 avant J.-C., Socrate but du poison et mourut en prison.
Selon Platon, Socrate s'est lavé avant de boire le poison.
Il s'agissait de soulager les femmes du fardeau qu'elles auraient à porter après sa mort.
J'ai poliment remercié le gardien pour sa gentillesse.
Il a même fait une petite blague sur sa situation difficile.
Socrate sut affronter la mort avec calme, disant à ses amis de ne pas le pleurer et acceptant avec sérénité et affection leur amitié indéfectible.
Au lieu d'une tristesse destructrice et dévorante, régnait une paix tranquille et bienveillante.
Durant toute la période axiale, les sages étaient préoccupés par la mort.
Socrate a démontré que même au cœur de la douleur et de la souffrance, les êtres humains peuvent atteindre une paix qui transcende leurs circonstances.
Siddhartha Gautama, découvreur d'Anatta, révolutionnaire de l'esprit
Vers la fin du Ve siècle avant J.-C., un Kshatriya vivant dans la République Shakya au pied de l'Himalaya se coupa les cheveux et la barbe, revêtit la robe jaune vif d'un moine et se mit en route pour Magadha.
Il s'appelait Siddhartha Gautama et il avait 29 ans.
Après être devenu moine, Gautama étudia auprès des plus grands maîtres de yoga de son époque et obtint des résultats remarquables.
Les enseignants étaient ravis, mais Gotama n'était pas satisfait.
Parce que je ne parvenais pas à trouver un véritable changement en moi.
Gautama demanda alors aux ascètes de lui enseigner.
Gautama pratiqua un ascétisme extrême jusqu'à ce que sa colonne vertébrale soit si émaciée qu'elle saillait comme un fuseau, frôlant la mort.
Mais malgré tous mes efforts pour pratiquer l'ascétisme, mes désirs et mes aspirations ne s'apaisaient pas, et la paix et la libération de moi-même ne venaient pas.
Gautama commença à développer sa propre méthode d'entraînement au yoga.
Grâce à sa pratique quotidienne du yoga, il a accédé à de nouveaux états de conscience et a progressivement réussi à se libérer de l'influence des désirs et des envies égoïstes.
Après sept années d'efforts constants pour se perfectionner, Gautama atteignit finalement l'illumination, la libération de toute souffrance.
Gautama devint alors « l’éveillé » ou « l’illuminé » (Bouddha).
Gautama prétendait avoir découvert le chemin du nirvana, la libération de la souffrance et de la douleur.
Traditionnellement appelé le « Noble Chemin Octuple » (Paljeongdo), ce chemin est une voie d'action basée sur la moralité, la méditation et la sagesse.
Sur cette base, les pratiquants peuvent comprendre « directement » les enseignements de Gautama à travers la pratique du yoga et les intégrer dans leur vie quotidienne.
… … Qu’est-ce que le nirvana ? Comme nous l’avons déjà vu, cela signifie que Gautama « est sorti » lorsqu’il a atteint l’illumination.
Après son illumination, Gautama fut souvent appelé « tathagata » (« disparu »).
Cela signifie qu'« il » n'est plus là.
Mais cela ne signifie pas l'extinction personnelle.
Ce qui s'est éteint, ce n'est pas sa personnalité, mais le feu de l'avidité, de la haine et de la tromperie.
Le Bouddha (ou plutôt Gautama, comme nous devrions maintenant l'appeler) a atteint la paix qui découle d'un état d'altruisme en supprimant et en éliminant les états d'esprit « malsains ».
- Page 479, Chapitre 7 : La révolution de la pensée
Le Bouddha a servi de refuge paisible à de nombreuses personnes de son époque qui vivaient dans un monde violent et triste.
Bien qu'il ait atteint son but en trouvant le Nirvana, il ne considérait pas cela comme la fin de sa mission.
Le Bouddha s'efforça de répandre son illumination dans un monde de souffrance, avec un cœur empli d'empathie et de compassion.
Pendant 45 ans, il a parcouru inlassablement les villes de la plaine du Gange, enseignant aux dieux, aux animaux et aux hommes.
Personne n'était offensé par son détachement, ni irrité par son attitude consistant à ne manifester aucune préférence particulière pour un objet ou une personne.
Le Bouddha n'était pas une personne dépourvue d'humour, stricte ou inhumaine.
Au contraire, il semble qu'il ait suscité des sentiments particuliers chez tous ceux qui l'ont rencontré.
Sa générosité inébranlable et persistante, son calme et son équité semblaient toucher une corde sensible et faire écho aux aspirations les plus profondes des gens.
Bouddha, à l'instar de Socrate et de Confucius, est devenu ce que Karl Jaspers a appelé un « modèle de caractère ».
Il est devenu un modèle pour les objectifs que les êtres humains peuvent et doivent atteindre.
Les pionniers de cette ère axiale sont devenus des modèles archétypaux.
Car en les imitant, d'autres pourraient eux aussi progresser un peu plus sur le chemin menant à l'humanité supérieure qu'ils incarnaient.
- Pages 490-491, Chapitre 7 : La révolution de la pensée
SPÉCIFICATIONS DES PRODUITS
- Date de publication : 14 décembre 2010
- Format : Guide de reliure de livres à couverture rigide
Nombre de pages, poids, dimensions : 740 pages | 1 130 g | 160 × 224 × 40 mm
- ISBN13 : 9788991799561
- ISBN10 : 8991799566
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