
Géographie des catastrophes
Description
Introduction au livre
Face aux inégalités massives engendrées par la crise climatique
Derrière les notions de « durabilité » et de « respect de l’environnement »
Les vilains visages de l'hypocrisie qui vendent le désastre
« Le climat n’agit jamais seul. »
« Le climat rencontre les humains vêtus des habits de la société. »
Les pratiques dites de « consommation éthique », comme le zéro déchet et la réduction de l'utilisation du plastique, peuvent-elles prévenir la crise climatique ? Si oui, pourquoi la catastrophe climatique s'aggrave-t-elle et s'accélère-t-elle ? Les multinationales produisent en masse des biens arborant des slogans et des labels tels que « durabilité », « croissance verte », « commerce équitable », « écologique » et « biologique », et les consommateurs réclament une « production éthique » plus forte que jamais.
Mais la réalité va en fait dans la direction opposée.
La géographe Laurie Parsons, qui écrit systématiquement du point de vue du travail, émet de sérieux doutes sur une telle « vision verte » et dévoile la vérité cachée par les chaînes d'approvisionnement mondiales.
À l'ère de la production mondiale, où les biens ne sont plus produits dans un seul pays, n'est-il pas absurde de prôner une « réduction des émissions de carbone » fondée uniquement sur les émissions nationales ? Les entreprises délocalisent leurs usines vers des pays plus pauvres, bradant ainsi la pollution environnementale et le dérèglement climatique, tandis que les pays riches tolèrent les méfaits de cette production à l'étranger et continuent de ne comptabiliser que les émissions de carbone à l'intérieur de leurs frontières.
Voilà la réalité de leurs efforts en matière d'écologie et de réduction des émissions de carbone.
L'auteur a mené des recherches sur le terrain dans plusieurs usines de production en Asie du Sud-Est (Cambodge) afin de retracer ce mécanisme obsolète de comptabilisation du carbone.
Le point de départ de cette discussion est de reconnaître que la dégradation de l'environnement et la crise climatique ne sont pas des phénomènes naturels neutres, mais plutôt des « inégalités massives ».
De façon remarquable, l'auteur présente la crise climatique, qui n'a été véhiculée jusqu'ici que par des chiffres, des statistiques et des spectacles choquants, à travers le vécu d'une personne confrontée à ce phénomène.
Cette « subjectivité » s'inscrit dans la perspective unique du livre : sa manière brillante de problématiser le changement climatique comme une catastrophe qui affecte directement la vie des pauvres, et non celle des riches.
Comme le souligne l'auteur, le climat n'agit jamais seul.
Le climat se révèle (uniquement) à travers la vie des ouvriers des briqueteries, des sous-traitants du textile et des populations urbaines pauvres.
Derrière les notions de « durabilité » et de « respect de l’environnement »
Les vilains visages de l'hypocrisie qui vendent le désastre
« Le climat n’agit jamais seul. »
« Le climat rencontre les humains vêtus des habits de la société. »
Les pratiques dites de « consommation éthique », comme le zéro déchet et la réduction de l'utilisation du plastique, peuvent-elles prévenir la crise climatique ? Si oui, pourquoi la catastrophe climatique s'aggrave-t-elle et s'accélère-t-elle ? Les multinationales produisent en masse des biens arborant des slogans et des labels tels que « durabilité », « croissance verte », « commerce équitable », « écologique » et « biologique », et les consommateurs réclament une « production éthique » plus forte que jamais.
Mais la réalité va en fait dans la direction opposée.
La géographe Laurie Parsons, qui écrit systématiquement du point de vue du travail, émet de sérieux doutes sur une telle « vision verte » et dévoile la vérité cachée par les chaînes d'approvisionnement mondiales.
À l'ère de la production mondiale, où les biens ne sont plus produits dans un seul pays, n'est-il pas absurde de prôner une « réduction des émissions de carbone » fondée uniquement sur les émissions nationales ? Les entreprises délocalisent leurs usines vers des pays plus pauvres, bradant ainsi la pollution environnementale et le dérèglement climatique, tandis que les pays riches tolèrent les méfaits de cette production à l'étranger et continuent de ne comptabiliser que les émissions de carbone à l'intérieur de leurs frontières.
Voilà la réalité de leurs efforts en matière d'écologie et de réduction des émissions de carbone.
L'auteur a mené des recherches sur le terrain dans plusieurs usines de production en Asie du Sud-Est (Cambodge) afin de retracer ce mécanisme obsolète de comptabilisation du carbone.
Le point de départ de cette discussion est de reconnaître que la dégradation de l'environnement et la crise climatique ne sont pas des phénomènes naturels neutres, mais plutôt des « inégalités massives ».
De façon remarquable, l'auteur présente la crise climatique, qui n'a été véhiculée jusqu'ici que par des chiffres, des statistiques et des spectacles choquants, à travers le vécu d'une personne confrontée à ce phénomène.
Cette « subjectivité » s'inscrit dans la perspective unique du livre : sa manière brillante de problématiser le changement climatique comme une catastrophe qui affecte directement la vie des pauvres, et non celle des riches.
Comme le souligne l'auteur, le climat n'agit jamais seul.
Le climat se révèle (uniquement) à travers la vie des ouvriers des briqueteries, des sous-traitants du textile et des populations urbaines pauvres.
- Vous pouvez consulter un aperçu du contenu du livre.
Aperçu
indice
Prologue : Le mythe d'un avenir durable 13
Évolution vers la durabilité ? 22 | Le profit de l’ignorance 33
Partie 1 : Le monde obscur de l'économie mondiale
Chapitre 1 : 500 ans d’usine mondiale : le système économique qui absorbe tout 46
La naissance de la main-d'œuvre industrielle 55 | Le passé et le présent de l'industrie du vêtement 67
Chapitre 2 : Le piège de la « bonne consommation » et de la « durabilité » : L’abîme de la chaîne d’approvisionnement 78
Écoblanchiment dans les usines mondiales 92 | L'immense vide des usines mondiales 105
Chapitre 3 : Colonialisme du carbone : comment les pays riches externalisent leurs émissions 118
La géographie de l'industrie du vêtement 129 | La vérité cachée sur le changement climatique 135 | Le colonialisme du carbone 141
Deuxième partie : La grande inégalité du changement climatique
Chapitre 4 : Instabilité climatique : vulnérabilités engendrées par les inégalités mondiales 152
Signal et bruit 159 | Expériences liées au changement climatique 171
Chapitre 5 L'argent parle : les rapports de force autour du climat Discours 184
L’humain et la nature 194 | Le pouvoir de la connaissance climatique 199 | Le pouvoir de voir 205
Chapitre 6 : Des loups déguisés en agneaux : comment la logique d’entreprise s’approprie l’action climatique 222
Les paris sur la pluie 231 | La politique de la vérité climatique 242
Épilogue : Six mythes qui alimentent le colonialisme de carbone 257
Six mythes sur l'environnement 264 | Mythe 1 267 | Mythe 271 | Mythe 3 277 | Mythe 4 283 | Mythe 5 289 | Mythe 6 292 | Mettre fin au colonialisme carbone 295
Semaine 303
Évolution vers la durabilité ? 22 | Le profit de l’ignorance 33
Partie 1 : Le monde obscur de l'économie mondiale
Chapitre 1 : 500 ans d’usine mondiale : le système économique qui absorbe tout 46
La naissance de la main-d'œuvre industrielle 55 | Le passé et le présent de l'industrie du vêtement 67
Chapitre 2 : Le piège de la « bonne consommation » et de la « durabilité » : L’abîme de la chaîne d’approvisionnement 78
Écoblanchiment dans les usines mondiales 92 | L'immense vide des usines mondiales 105
Chapitre 3 : Colonialisme du carbone : comment les pays riches externalisent leurs émissions 118
La géographie de l'industrie du vêtement 129 | La vérité cachée sur le changement climatique 135 | Le colonialisme du carbone 141
Deuxième partie : La grande inégalité du changement climatique
Chapitre 4 : Instabilité climatique : vulnérabilités engendrées par les inégalités mondiales 152
Signal et bruit 159 | Expériences liées au changement climatique 171
Chapitre 5 L'argent parle : les rapports de force autour du climat Discours 184
L’humain et la nature 194 | Le pouvoir de la connaissance climatique 199 | Le pouvoir de voir 205
Chapitre 6 : Des loups déguisés en agneaux : comment la logique d’entreprise s’approprie l’action climatique 222
Les paris sur la pluie 231 | La politique de la vérité climatique 242
Épilogue : Six mythes qui alimentent le colonialisme de carbone 257
Six mythes sur l'environnement 264 | Mythe 1 267 | Mythe 271 | Mythe 3 277 | Mythe 4 283 | Mythe 5 289 | Mythe 6 292 | Mettre fin au colonialisme carbone 295
Semaine 303
Dans le livre
Nous pouvons constater que la vulnérabilité aux risques posés par le changement climatique n'est en aucun cas inévitable.
Il s'agit d'une fonction dont le résultat dépend d'un choix, ou plus précisément, de la présence ou de l'absence de richesse.
--- p.20
Dans la géographie des risques de catastrophe, l'argent est indispensable.
Des pays comme Haïti, le Myanmar, le Bangladesh et le Pakistan sont confrontés à des glissements de terrain, des sécheresses, des inondations et des vagues de chaleur, et ces risques devraient s'aggraver à l'avenir.
Pour des millions de personnes, cela signifie des perturbations dans l'agriculture et des pénuries alimentaires.
Toutefois, le sens ne se trouve pas nécessairement dans ces résultats.
La cause de ce phénomène réside dans un système où les coûts environnementaux associés à la création de richesse sont supportés dans des lieux très éloignés des endroits où cette richesse est accumulée.
Ce système est appelé colonialisme carbone dans cet ouvrage.
--- p.20~21
Dans un système mondialisé, la production repose sur la classification et l'enregistrement des marchandises qui entrent et sortent des conteneurs.
Et à partir de ce moment-là, nous ne pouvons plus observer directement les marchandises.
Le parcours des marchandises ne peut être retracé que grâce au registre qui les consigne, et leur apparence n'est révélée qu'au départ et à l'arrivée.
Nous ne pouvons rien choisir et nous ne pouvons rien voir.
--- p.103
Les pressions environnementales ont accéléré la mécanisation, précipité la transition vers le secteur du vêtement et d'autres industries, et continuent de peser sur ceux qui restent, mettant à rude épreuve leurs moyens de subsistance.
--- p.175
Nous pouvons en apprendre davantage sur la crise à l'origine du dérèglement climatique à travers ce vaste territoire d'ignorance qu'à travers nos propres connaissances de l'environnement.
Il s'agit fondamentalement d'une question de pouvoir, et non de technologie.
--- p.215
Les gens prennent conscience que le changement climatique n'est pas un problème de technologie sous-développée, mais qu'il a toujours été un problème d'inégalité des pouvoirs.
À mesure que les conséquences du dérèglement climatique deviennent plus évidentes, cette prise de conscience pourrait se transformer en un moment de rupture politique et sociale, et finalement en une rupture avec le statu quo.
Mais pour libérer ce potentiel, chacun doit faire sa part.
Il s'agit d'une fonction dont le résultat dépend d'un choix, ou plus précisément, de la présence ou de l'absence de richesse.
--- p.20
Dans la géographie des risques de catastrophe, l'argent est indispensable.
Des pays comme Haïti, le Myanmar, le Bangladesh et le Pakistan sont confrontés à des glissements de terrain, des sécheresses, des inondations et des vagues de chaleur, et ces risques devraient s'aggraver à l'avenir.
Pour des millions de personnes, cela signifie des perturbations dans l'agriculture et des pénuries alimentaires.
Toutefois, le sens ne se trouve pas nécessairement dans ces résultats.
La cause de ce phénomène réside dans un système où les coûts environnementaux associés à la création de richesse sont supportés dans des lieux très éloignés des endroits où cette richesse est accumulée.
Ce système est appelé colonialisme carbone dans cet ouvrage.
--- p.20~21
Dans un système mondialisé, la production repose sur la classification et l'enregistrement des marchandises qui entrent et sortent des conteneurs.
Et à partir de ce moment-là, nous ne pouvons plus observer directement les marchandises.
Le parcours des marchandises ne peut être retracé que grâce au registre qui les consigne, et leur apparence n'est révélée qu'au départ et à l'arrivée.
Nous ne pouvons rien choisir et nous ne pouvons rien voir.
--- p.103
Les pressions environnementales ont accéléré la mécanisation, précipité la transition vers le secteur du vêtement et d'autres industries, et continuent de peser sur ceux qui restent, mettant à rude épreuve leurs moyens de subsistance.
--- p.175
Nous pouvons en apprendre davantage sur la crise à l'origine du dérèglement climatique à travers ce vaste territoire d'ignorance qu'à travers nos propres connaissances de l'environnement.
Il s'agit fondamentalement d'une question de pouvoir, et non de technologie.
--- p.215
Les gens prennent conscience que le changement climatique n'est pas un problème de technologie sous-développée, mais qu'il a toujours été un problème d'inégalité des pouvoirs.
À mesure que les conséquences du dérèglement climatique deviennent plus évidentes, cette prise de conscience pourrait se transformer en un moment de rupture politique et sociale, et finalement en une rupture avec le statu quo.
Mais pour libérer ce potentiel, chacun doit faire sa part.
--- p.301
Avis de l'éditeur
Face aux inégalités massives engendrées par la crise climatique
Derrière les notions de « durabilité » et de « respect de l’environnement »
Les vilains visages de l'hypocrisie qui vendent le désastre
« Le climat n’agit jamais seul. »
« Le climat rencontre les humains vêtus des habits de la société. »
Les pratiques dites de « consommation éthique », comme le zéro déchet et la réduction de l'utilisation du plastique, peuvent-elles prévenir la crise climatique ? Si oui, pourquoi la catastrophe climatique s'aggrave-t-elle et s'accélère-t-elle ? Les multinationales produisent en masse des biens arborant des slogans et des labels tels que « durabilité », « croissance verte », « commerce équitable », « écologique » et « biologique », et les consommateurs réclament une « production éthique » plus forte que jamais.
Mais la réalité va en fait dans la direction opposée.
La géographe Laurie Parsons, qui écrit systématiquement du point de vue du travail, émet de sérieux doutes sur une telle « vision verte » et dévoile la vérité cachée par les chaînes d'approvisionnement mondiales.
À l'ère de la production mondiale, où les biens ne sont plus produits dans un seul pays, n'est-il pas absurde de prôner une « réduction des émissions de carbone » fondée uniquement sur les émissions nationales ? Les entreprises délocalisent leurs usines vers des pays plus pauvres, bradant ainsi la pollution environnementale et le dérèglement climatique, tandis que les pays riches tolèrent les méfaits de cette production à l'étranger et continuent de ne comptabiliser que les émissions de carbone à l'intérieur de leurs frontières.
Voilà la réalité de leurs efforts en matière d'écologie et de réduction des émissions de carbone.
L'auteur a mené des recherches sur le terrain dans plusieurs usines de production en Asie du Sud-Est (Cambodge) afin de retracer ce mécanisme obsolète de comptabilisation du carbone.
Le point de départ de cette discussion est de reconnaître que la dégradation de l'environnement et la crise climatique ne sont pas des phénomènes naturels neutres, mais plutôt des « inégalités massives ».
De façon remarquable, l'auteur présente la crise climatique, qui n'a été véhiculée jusqu'ici que par des chiffres, des statistiques et des spectacles choquants, à travers le vécu d'une personne confrontée à ce phénomène.
Cette « subjectivité » s'inscrit dans la perspective unique du livre : sa manière brillante de problématiser le changement climatique comme une catastrophe qui affecte directement la vie des pauvres, et non celle des riches.
Comme le souligne l'auteur, le climat n'agit jamais seul.
Le climat se révèle (uniquement) à travers la vie des ouvriers des briqueteries, des sous-traitants du textile et des populations urbaines pauvres.
Pourquoi la « bonne consommation » échoue : l’illusion du capitalisme vert
« Tout ceci met en lumière une vérité fondamentale et essentielle concernant l’environnement dans notre monde globalisé. »
Autrement dit, ce que nous savons est bien moindre que ce que nous pensons.
Plus personne ne peut nier que le changement climatique est un fait et une réalité.
Après les années 1970 et 1980, marquées par d'importants débats entre scientifiques sur les preuves scientifiques du changement climatique, et les années 1990 et 2000, où certains se demandaient encore si l'homme pouvait être véritablement tenu responsable du réchauffement climatique, l'humanité est enfin entrée dans l'ère du « consensus climatique ».
Personne ne peut nier que le changement climatique a déjà commencé, qu'il se produit ici et maintenant, et qu'il ne fait qu'empirer.
Avant l'avènement de cette ère de consensus, d'innombrables catastrophes se sont produites, telles que des inondations, des sécheresses, des vagues de chaleur, des glissements de terrain et des ouragans, et la température de la Terre augmentait régulièrement chaque année.
Face à l'évolution de l'opinion publique concernant le changement climatique, même les entreprises qui pilotent l'économie mondiale ne sont plus à l'abri des pressions.
Nous sommes confrontés à une situation où nous devons faire d'une pierre deux coups : croissance économique et durabilité environnementale.
La solution choisie par les multinationales qui ne pouvaient renoncer à leur expansion économique était, en un mot, un déguisement appelé « écoblanchiment ».
L’écoblanchiment (ou greenwashing) est un terme qui critique les pratiques des entreprises se prétendant respectueuses de l’environnement, mais qui, en réalité, opèrent et produisent d’une manière bien différente. On le retrouve fréquemment dans les publicités et les supports promotionnels des entreprises.
Pour ainsi dire, les débats environnementaux actuels sont remplis de choses qui ne font que paraître durables, et non de choses qui le sont réellement.
De plus, les techniques d’écoblanchiment deviennent de plus en plus sophistiquées, permettant à « l’économie mondialisée d’aujourd’hui de paraître durable avec un minimum d’efforts ».
Les consommateurs sont enthousiastes à l'égard des produits écologiques, et les entreprises mondiales répondent à ces attentes en s'efforçant de promouvoir leur image écologique, qu'elle soit vraie ou non.
Grâce à cela, rares sont les produits vendus aujourd'hui dans les rues des pays riches qui ne se prétendent pas respectueux de l'environnement.
Voilà l'illusion du capitalisme vert.
« Toutefois, ces affirmations ne sont que pure fantaisie destinée à accroître la rentabilité, car elles n’ont pas été vérifiées. »
« Au mieux, c’est de l’écoblanchiment ; au pire, c’est un mensonge pur et simple. »
Là où rien n'est visible : le vaste vide de l'usine mondiale
« Le fait qu’une part importante de l’économie mondiale soit située à des milliers de kilomètres des personnes qui achètent ses produits constitue déjà un obstacle insurmontable. »
Cette barrière bloque efficacement les consommateurs.
« Quelles que soient les bonnes intentions, la réalité est opaque. »
Comment fonctionne précisément l’écoblanchiment, qui fait dérailler la « bonne consommation » ? Plutôt que de limiter l’écoblanchiment aux allégations douteuses, voire mensongères, que les entreprises et les marques intègrent souvent dans leurs publicités, Lori Parsons l’analyse comme un mécanisme fondamental qui alimente les réseaux de production mondiaux.
Autrement dit, l’écoblanchiment ne se limite pas aux expressions écologiques telles que « 100 % naturel », « pour l’ère écologique », « biodégradable », « recyclable » et « ne détruit pas la couche d’ozone ».
La mondialisation du XXIe siècle, ancrée dans les pratiques profondément enracinées de l'extractivisme impérialiste qui a débuté au XVIIe siècle, a ouvert un nouvel horizon appelé « chaîne d'approvisionnement mondiale » en raison de ses fondements historiques.
Les chaînes d'approvisionnement mises en place par les empires du passé sont aujourd'hui interconnectées à un degré sans précédent, grâce aux formidables progrès technologiques réalisés dans les domaines des communications et de la logistique.
Deux innovations majeures ont rendu possible cette chaîne d'approvisionnement internationale : l'introduction des conteneurs comme mode de transport essentiel et la déréglementation menée par la Chine dans les années 1970 et 1980.
Les conteneurs mécanisés ont contribué à une baisse constante des prix standards, car ils peuvent être chargés, déchargés et transportés uniquement par des grues, sans intervention humaine, tandis que la déréglementation a permis aux entreprises de construire des usines véritablement mondiales (dans d'autres pays) en supprimant les restrictions qui empêchaient la propriété étrangère.
Ces innovations ont permis aux pays riches de gérer efficacement la chaîne d'opérations — extraction des matières premières, transformation des produits et transport des déchets vers la périphérie mondiale — faisant de la réduction des coûts, plutôt que de la distance, une priorité.
De cette manière, les chaînes d'approvisionnement mondiales ont transformé l'environnement des pays producteurs (éloignés) pour l'adapter aux goûts des pays consommateurs.
C’est pourquoi la production n’est plus réalisée localement aujourd’hui.
Les usines mondiales situées à l'étranger fonctionnent grâce à une surveillance à distance, ajustée par divers indicateurs techniques ; il n'y a donc rien qui puisse être observé directement à l'œil nu.
Contrairement à une usine (au sens traditionnel du terme) qui possède une entité physique, vous ne pouvez pas observer le flux/processus par lequel les matériaux et les marchandises sont produits, ni les inspecter directement lorsqu'ils se déplacent.
Même si une marque a la volonté de procéder à des inspections, il est largement déraisonnable d'envoyer périodiquement une équipe d'inspecteurs équipés du matériel d'inspection nécessaire à chaque étape d'une chaîne d'approvisionnement longue et complexe pour effectuer un contrôle significatif.
Lorsqu'un courtier local supervisant le processus pour le compte d'une marque affirme : « L'inspection se déroule bien », vous n'avez d'autre choix que de le croire aveuglément.
Mais la gestion d'un site isolé dans un pays lointain offre aux marques de nombreuses occasions de s'écarter des normes qu'elles ont elles-mêmes établies.
Que se cache derrière le label « écologique » ? Le colonialisme du carbone
« Et si un endroit était propre et l’autre détruit ? Et si un endroit était sûr et l’autre dangereux ? »
Les ouvriers cambodgiens de sous-traitance textile, que l'auteur a rencontrés et interviewés en personne, dressent un tableau saisissant de la vérité encore plus horrible qui règne dans les usines du monde entier.
Le recours généralisé à la sous-traitance illégale et l'exploitation notoire des centaines de petites usines (en réalité des cabanes en bord de route) qui gèrent cette main-d'œuvre sous-traitée sont présentés comme n'ayant absolument aucun lien avec les décisions de la marque.
Mais cette vaste industrie parallèle, que les nombreux indicateurs officiels de hausse des salaires minimums, de responsabilité sociale des entreprises et de chaînes d'approvisionnement exemplaires observés ces dernières années n'expliquent pas, est la véritable réalité de l'industrie du vêtement.
Cette main-d'œuvre invisible, qui produit une part importante des commandes passées par les marques, n'est jamais mentionnée sur les étiquettes des vêtements que nous achetons ni dans aucun des divers indicateurs d'équité des entreprises.
Le cas des ouvriers du textile cambodgiens met en lumière la profonde distorsion du paysage même du discours environnemental.
Dans un contexte de production durable et équitable et de consommation éthique, le respect de l'environnement gagne du terrain et certains pays parviennent même à réduire considérablement leurs émissions de carbone. Pourtant, pourquoi les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère continuent-elles d'augmenter ? Pourquoi les catastrophes sont-elles plus fréquentes et plus graves ? De la première Conférence mondiale sur le climat en 1979 à l'Accord de Paris en 2016, les principales nations du monde ont adopté des politiques de réduction des émissions de carbone par le biais de divers accords et conférences, et ont effectivement réduit leurs émissions de manière significative.
Il s'agit d'un « fait » prouvé par des données statistiques « objectives », puisque l'Union européenne à elle seule a réussi à réduire ses émissions nettes de dioxyde de carbone de 5,6 milliards de tonnes en 1990 à 4,2 milliards de tonnes en 2018.
Qu’est-ce qui explique cette contradiction ? L’auteur cherche la réponse dans les rapports de pouvoir historiques inégaux que résume le terme de « colonialisme carbone ».
Le colonialisme carbone désigne littéralement la pratique consistant à exporter/sous-traiter systématiquement les processus industriels qui engendrent une pollution environnementale accrue vers les pays pauvres du Sud ou d'Asie du Sud-Est.
C’est précisément ainsi que les pays riches, dits « développés », font disparaître leurs émissions de carbone de leurs bilans environnementaux.
Bien sûr, ils conservent les avantages économiques du processus de production tout en le déplaçant (ce qui est très polluant).
La longue histoire du colonialisme a encore évolué aujourd'hui, empiétant même sur le discours relatif à l'environnement et au climat.
Le changement dont nous avons besoin maintenant ne concerne pas les pratiques de consommation.
Autrement dit, plutôt que de nous préoccuper des produits écologiques à acheter en caisse, nous devons comprendre et affronter avec précision le processus de développement et les mécanismes d'un système mondial qui facilite la promotion de l'écologie tout en s'appuyant sur de mauvaises conditions de travail et une main-d'œuvre bon marché et jetable.
Il s'agit de la pratique consistant à convertir les connaissances sur les produits en connaissances sur la production et les chaînes d'approvisionnement.
Le cercle vicieux : la vérité au-delà des statistiques
« Les expériences que nous partageons, les environnements dans lesquels nous travaillons et vivons, les pressions spécifiques auxquelles nous sommes confrontés dans la vie – tout cela façonne notre perception du monde qui nous entoure. »
« Le climat n’agit jamais seul. »
Le climat rencontre les êtres humains vêtus des habits de la société.
Le climat se manifeste sous la forme de systèmes de gouvernance et d'économies, ainsi que sous celle de normes, de valeurs morales et de croyances.
« Ces deux sphères de l’expérience humaine interagissent pour déterminer qui souffrira le plus, qui souffrira le moins et qui seront les gagnants du dérèglement climatique. »
La vérité sur le système de production mondial et le colonialisme carbone qui s'y cache nous rappelle que nous devons envisager la crise humaine sous un angle totalement nouveau.
Le colonialisme carbone est la dernière forme de violence impérialiste, qui piétine et détruit un monde pour un autre, révélant les vastes inégalités dissimulées par les émissions de carbone et les taux de réduction des émissions de carbone des différents pays.
Alors que les pays riches promeuvent la propreté et le respect de l'environnement grâce à la production mondiale, les coûts de cette production (carbone et déchets) sont transférés aux pays plus pauvres, détruisant progressivement l'environnement local.
Les conséquences du changement climatique, y compris les catastrophes, font l'objet d'un échange : les pays les plus riches les exportent et les pays les moins riches les importent, en guise de prix à payer pour la croissance économique.
Voilà comment l'économie mondiale aggrave le changement climatique.
Tant que ce mécanisme est en fonction, le changement climatique ne peut être considéré comme un phénomène naturel neutre.
L’expérience du changement climatique est profondément liée au statut social et aux ressources financières, tant au niveau national qu’à titre individuel.
En termes simples, le froid crée un monde complètement différent pour ceux qui ont les moyens de chauffer leur logement et ceux qui ne le peuvent pas.
Cette subjectivité qui conditionne notre expérience du changement climatique est peut-être l'aspect le moins bien compris de ce phénomène, et pourtant elle révèle des aspects cruciaux que les indicateurs scientifiques, tels que les quantités physiques et les statistiques, ne parviennent pas à saisir.
Quand la plupart des gens parlent de climat, ils le relient principalement à leur activité professionnelle, c'est-à-dire à leur mode de vie.
De même que les pêcheurs qui gagnent leur vie en pêchant dans le lac et les petits agriculteurs qui cultivent la terre ne subissent pas les changements climatiques de la même manière.
Un pêcheur parlerait du changement de vent, mais un agriculteur insisterait sur la gravité de la sécheresse.
Ainsi, le climat est toujours perçu comme « le climat auquel une personne est immédiatement confrontée, comme la météo en général, la qualité de l'air et la qualité des précipitations ».
C’est pourquoi l’auteur dépasse le concept scientifique d’information climatique ou environnementale exprimé en indicateurs statistiques ou en chiffres objectifs, et se concentre sur la vie quotidienne des maçons, des agriculteurs et des populations urbaines pauvres.
Si le climat est autant un concept culturel que scientifique, et si c'est ainsi que nous vivons tous notre propre climat, alors parler de climat revient finalement à parler du contexte dans lequel nous vivons.
Même la science du climat est subjective dans un certain sens.
Les climatologues évaluent également le calendrier, l'échelle et les aspects qu'ils jugent pertinents.
Les agriculteurs et les ouvriers rencontrés par l'auteur lors de son travail de terrain font ressortir un point évident mais souvent négligé : « Les statistiques ne rendent pas compte des manières subtiles et complexes dont le changement climatique s'entremêle avec l'économie de la vie quotidienne et du travail. »
Les changements climatiques, tels que les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleur et le réchauffement climatique, plongent les agriculteurs dans un bourbier de prêts et de dettes (puisque l'agriculture mécanisée les oblige à acheter des machines) ou, pire encore, les contraignent à abandonner leurs terres et à devenir des ouvriers industriels.
Et, ce faisant, certaines personnes deviennent des prostituées de rue dans la ville.
Ce cercle vicieux, dans lequel un environnement changeant force les gens à quitter leurs terres, ces personnes affluent vers les usines, et ces usines, à leur tour, détruisent l'environnement rural, ne fera qu'empirer à l'avenir.
Ce processus bouleverse le monde qui subit les changements climatiques, remodelant le paysage lui-même et reconfigurant les conditions de travail en conséquence.
Voilà ce que le changement climatique signifie pour les populations.
« Le changement climatique ne se manifeste pas seulement par des inondations catastrophiques, des sécheresses interminables rappelant le Dust Bowl, ou des vagues de chaleur qui laissent des gens s’effondrer et mourir dans les rues. »
Le changement climatique entraîne des mauvaises récoltes et des pénuries alimentaires, et pour la grande majorité des gens, il se traduit par une pression croissante, des pressions de plus en plus fortes, un pouvoir de négociation réduit et une détérioration des conditions de travail.
Les rapports de force autour des débats sur le climat : comment l’ignorance devient pouvoir
« Le savoir, c’est le pouvoir. »
Mais à qui appartient ce pouvoir ? De quel pouvoir s'agit-il ? Comment le savoir façonne-t-il l'environnement ?
« Comme toute forme de connaissance, la connaissance du climat est un pouvoir. »
Et le pouvoir de la richesse ne se résume pas à une simple histoire liée au changement climatique.
À un niveau plus fondamental, cela touche au « pouvoir de la parole » ou au « pouvoir du langage » – le pouvoir de choisir les termes utilisés dans les discussions sur le climat et de décider quelles questions sont présentées comme importantes ou non.
À cet égard, ce dont l’auteur souhaite parler à travers « Géographie du désastre » n’est en aucun cas la crise climatique ou les problèmes environnementaux eux-mêmes.
Ce qui est véritablement négligé, c'est le cadre sous-jacent qui problématise de tels phénomènes naturels : le problème inhérent à l'écologisme actuel.
« Protéger l’environnement, c’est, à un niveau plus profond, définir ce qui a de la valeur, comment et pour qui. »
Ce qui ne peut être défini ne peut être protégé.
Mais le pouvoir de définir ce qui a besoin d'être protégé est profondément inégal.
Le pouvoir de définir ce qui est protégé ou d'établir notre relation avec la nature est strictement économique.
À terme, les pays pauvres n'auront d'autre choix que d'adopter pleinement le modèle de développement néolibéral, en mettant leurs ressources naturelles sur le marché mondial et même en cédant le contrôle de leur valeur.
Ce sont les nations riches et puissantes qui élaborent les termes pour décrire notre relation avec la nature, et ce sont elles qui ont le dernier mot dans la définition de l'environnement.
Comme le souligne l'auteur, la Terre que nous connaissons aujourd'hui, ainsi que les connaissances climatiques et environnementales dont nous disposons, sont des connaissances qui ont « déjà » été « déterminées » comme étant nécessaires.
Autrement dit, le pouvoir de déterminer ce que nous devons savoir est déjà à l'œuvre ici.
« L’environnement humain recèle une histoire d’innombrables effets secondaires, de choses sans importance, de choses que “nous” n’avons pas besoin de savoir, d’un héritage sans fin laissé derrière nous. »
La Terre sur laquelle vivent les humains est une Terre que nous ne connaissons pas.
C'est l'ombre invisible, involontaire et indésirable de tout ce que nous faisons.
Cela signifie que, lorsqu'on aborde la crise climatique, ce dont nous avons besoin, ce n'est pas des connaissances environnementales que nous possédons déjà, mais de ce « vaste territoire d'ignorance ».
Ce terrain d'ignorance, dont la plupart des gens n'ont pas conscience, en dit long sur la crise à l'origine du dérèglement climatique.
« Ce n’est pas fondamentalement une question de technologie, c’est une question de pouvoir. »
Le pouvoir est lié aux cadres de référence que nous utilisons pour comprendre le monde, à ce que nous pouvons voir à travers ces cadres, et à ce qui reste invisible faute d'outils pour le saisir.
Chaque jour, nous visitons différents magasins, sélectionnons différents produits et les plaçons sur le comptoir de la caisse.
La plupart de ces produits sont gravés de différents types de marques et d'étiquettes écologiques indiquant le pays d'origine ou de fabrication.
Ce type d'information donne souvent à nos consommateurs l'illusion d'avoir une connaissance claire et transparente du produit.
Mais nous ne savons rien.
D’où viennent ces objets inoffensifs que nous utilisons quotidiennement, comme les vêtements ou les briques ? Quel chemin ont-ils emprunté et quels détours ont-ils rencontrés en cours de route ?
Ce dont nous avons besoin maintenant, ce n'est pas du savoir générique fabriqué dans le cadre du pouvoir, c'est-à-dire du savoir sur les matières premières.
À moins d'enquêter sur la manière dont des objets en apparence inoffensifs sont impliqués dans la destruction grave de l'environnement et le changement climatique, la vérité cruciale qui se cache derrière les étiquettes et les allégations restera à jamais inconnue.
Il est tellement facile et pratique de dissimuler tous les aspects déplaisants qui se produisent lors du processus de production et de prétendre être « écoresponsable » et « durable ».
Ce fantasme est donc devenu le nouveau front de la crise climatique.
Nous devons transformer le débat sur le climat en qualifiant ces slogans vides de terrain de « l'ignorance » plutôt que de « la connaissance ».
Derrière les notions de « durabilité » et de « respect de l’environnement »
Les vilains visages de l'hypocrisie qui vendent le désastre
« Le climat n’agit jamais seul. »
« Le climat rencontre les humains vêtus des habits de la société. »
Les pratiques dites de « consommation éthique », comme le zéro déchet et la réduction de l'utilisation du plastique, peuvent-elles prévenir la crise climatique ? Si oui, pourquoi la catastrophe climatique s'aggrave-t-elle et s'accélère-t-elle ? Les multinationales produisent en masse des biens arborant des slogans et des labels tels que « durabilité », « croissance verte », « commerce équitable », « écologique » et « biologique », et les consommateurs réclament une « production éthique » plus forte que jamais.
Mais la réalité va en fait dans la direction opposée.
La géographe Laurie Parsons, qui écrit systématiquement du point de vue du travail, émet de sérieux doutes sur une telle « vision verte » et dévoile la vérité cachée par les chaînes d'approvisionnement mondiales.
À l'ère de la production mondiale, où les biens ne sont plus produits dans un seul pays, n'est-il pas absurde de prôner une « réduction des émissions de carbone » fondée uniquement sur les émissions nationales ? Les entreprises délocalisent leurs usines vers des pays plus pauvres, bradant ainsi la pollution environnementale et le dérèglement climatique, tandis que les pays riches tolèrent les méfaits de cette production à l'étranger et continuent de ne comptabiliser que les émissions de carbone à l'intérieur de leurs frontières.
Voilà la réalité de leurs efforts en matière d'écologie et de réduction des émissions de carbone.
L'auteur a mené des recherches sur le terrain dans plusieurs usines de production en Asie du Sud-Est (Cambodge) afin de retracer ce mécanisme obsolète de comptabilisation du carbone.
Le point de départ de cette discussion est de reconnaître que la dégradation de l'environnement et la crise climatique ne sont pas des phénomènes naturels neutres, mais plutôt des « inégalités massives ».
De façon remarquable, l'auteur présente la crise climatique, qui n'a été véhiculée jusqu'ici que par des chiffres, des statistiques et des spectacles choquants, à travers le vécu d'une personne confrontée à ce phénomène.
Cette « subjectivité » s'inscrit dans la perspective unique du livre : sa manière brillante de problématiser le changement climatique comme une catastrophe qui affecte directement la vie des pauvres, et non celle des riches.
Comme le souligne l'auteur, le climat n'agit jamais seul.
Le climat se révèle (uniquement) à travers la vie des ouvriers des briqueteries, des sous-traitants du textile et des populations urbaines pauvres.
Pourquoi la « bonne consommation » échoue : l’illusion du capitalisme vert
« Tout ceci met en lumière une vérité fondamentale et essentielle concernant l’environnement dans notre monde globalisé. »
Autrement dit, ce que nous savons est bien moindre que ce que nous pensons.
Plus personne ne peut nier que le changement climatique est un fait et une réalité.
Après les années 1970 et 1980, marquées par d'importants débats entre scientifiques sur les preuves scientifiques du changement climatique, et les années 1990 et 2000, où certains se demandaient encore si l'homme pouvait être véritablement tenu responsable du réchauffement climatique, l'humanité est enfin entrée dans l'ère du « consensus climatique ».
Personne ne peut nier que le changement climatique a déjà commencé, qu'il se produit ici et maintenant, et qu'il ne fait qu'empirer.
Avant l'avènement de cette ère de consensus, d'innombrables catastrophes se sont produites, telles que des inondations, des sécheresses, des vagues de chaleur, des glissements de terrain et des ouragans, et la température de la Terre augmentait régulièrement chaque année.
Face à l'évolution de l'opinion publique concernant le changement climatique, même les entreprises qui pilotent l'économie mondiale ne sont plus à l'abri des pressions.
Nous sommes confrontés à une situation où nous devons faire d'une pierre deux coups : croissance économique et durabilité environnementale.
La solution choisie par les multinationales qui ne pouvaient renoncer à leur expansion économique était, en un mot, un déguisement appelé « écoblanchiment ».
L’écoblanchiment (ou greenwashing) est un terme qui critique les pratiques des entreprises se prétendant respectueuses de l’environnement, mais qui, en réalité, opèrent et produisent d’une manière bien différente. On le retrouve fréquemment dans les publicités et les supports promotionnels des entreprises.
Pour ainsi dire, les débats environnementaux actuels sont remplis de choses qui ne font que paraître durables, et non de choses qui le sont réellement.
De plus, les techniques d’écoblanchiment deviennent de plus en plus sophistiquées, permettant à « l’économie mondialisée d’aujourd’hui de paraître durable avec un minimum d’efforts ».
Les consommateurs sont enthousiastes à l'égard des produits écologiques, et les entreprises mondiales répondent à ces attentes en s'efforçant de promouvoir leur image écologique, qu'elle soit vraie ou non.
Grâce à cela, rares sont les produits vendus aujourd'hui dans les rues des pays riches qui ne se prétendent pas respectueux de l'environnement.
Voilà l'illusion du capitalisme vert.
« Toutefois, ces affirmations ne sont que pure fantaisie destinée à accroître la rentabilité, car elles n’ont pas été vérifiées. »
« Au mieux, c’est de l’écoblanchiment ; au pire, c’est un mensonge pur et simple. »
Là où rien n'est visible : le vaste vide de l'usine mondiale
« Le fait qu’une part importante de l’économie mondiale soit située à des milliers de kilomètres des personnes qui achètent ses produits constitue déjà un obstacle insurmontable. »
Cette barrière bloque efficacement les consommateurs.
« Quelles que soient les bonnes intentions, la réalité est opaque. »
Comment fonctionne précisément l’écoblanchiment, qui fait dérailler la « bonne consommation » ? Plutôt que de limiter l’écoblanchiment aux allégations douteuses, voire mensongères, que les entreprises et les marques intègrent souvent dans leurs publicités, Lori Parsons l’analyse comme un mécanisme fondamental qui alimente les réseaux de production mondiaux.
Autrement dit, l’écoblanchiment ne se limite pas aux expressions écologiques telles que « 100 % naturel », « pour l’ère écologique », « biodégradable », « recyclable » et « ne détruit pas la couche d’ozone ».
La mondialisation du XXIe siècle, ancrée dans les pratiques profondément enracinées de l'extractivisme impérialiste qui a débuté au XVIIe siècle, a ouvert un nouvel horizon appelé « chaîne d'approvisionnement mondiale » en raison de ses fondements historiques.
Les chaînes d'approvisionnement mises en place par les empires du passé sont aujourd'hui interconnectées à un degré sans précédent, grâce aux formidables progrès technologiques réalisés dans les domaines des communications et de la logistique.
Deux innovations majeures ont rendu possible cette chaîne d'approvisionnement internationale : l'introduction des conteneurs comme mode de transport essentiel et la déréglementation menée par la Chine dans les années 1970 et 1980.
Les conteneurs mécanisés ont contribué à une baisse constante des prix standards, car ils peuvent être chargés, déchargés et transportés uniquement par des grues, sans intervention humaine, tandis que la déréglementation a permis aux entreprises de construire des usines véritablement mondiales (dans d'autres pays) en supprimant les restrictions qui empêchaient la propriété étrangère.
Ces innovations ont permis aux pays riches de gérer efficacement la chaîne d'opérations — extraction des matières premières, transformation des produits et transport des déchets vers la périphérie mondiale — faisant de la réduction des coûts, plutôt que de la distance, une priorité.
De cette manière, les chaînes d'approvisionnement mondiales ont transformé l'environnement des pays producteurs (éloignés) pour l'adapter aux goûts des pays consommateurs.
C’est pourquoi la production n’est plus réalisée localement aujourd’hui.
Les usines mondiales situées à l'étranger fonctionnent grâce à une surveillance à distance, ajustée par divers indicateurs techniques ; il n'y a donc rien qui puisse être observé directement à l'œil nu.
Contrairement à une usine (au sens traditionnel du terme) qui possède une entité physique, vous ne pouvez pas observer le flux/processus par lequel les matériaux et les marchandises sont produits, ni les inspecter directement lorsqu'ils se déplacent.
Même si une marque a la volonté de procéder à des inspections, il est largement déraisonnable d'envoyer périodiquement une équipe d'inspecteurs équipés du matériel d'inspection nécessaire à chaque étape d'une chaîne d'approvisionnement longue et complexe pour effectuer un contrôle significatif.
Lorsqu'un courtier local supervisant le processus pour le compte d'une marque affirme : « L'inspection se déroule bien », vous n'avez d'autre choix que de le croire aveuglément.
Mais la gestion d'un site isolé dans un pays lointain offre aux marques de nombreuses occasions de s'écarter des normes qu'elles ont elles-mêmes établies.
Que se cache derrière le label « écologique » ? Le colonialisme du carbone
« Et si un endroit était propre et l’autre détruit ? Et si un endroit était sûr et l’autre dangereux ? »
Les ouvriers cambodgiens de sous-traitance textile, que l'auteur a rencontrés et interviewés en personne, dressent un tableau saisissant de la vérité encore plus horrible qui règne dans les usines du monde entier.
Le recours généralisé à la sous-traitance illégale et l'exploitation notoire des centaines de petites usines (en réalité des cabanes en bord de route) qui gèrent cette main-d'œuvre sous-traitée sont présentés comme n'ayant absolument aucun lien avec les décisions de la marque.
Mais cette vaste industrie parallèle, que les nombreux indicateurs officiels de hausse des salaires minimums, de responsabilité sociale des entreprises et de chaînes d'approvisionnement exemplaires observés ces dernières années n'expliquent pas, est la véritable réalité de l'industrie du vêtement.
Cette main-d'œuvre invisible, qui produit une part importante des commandes passées par les marques, n'est jamais mentionnée sur les étiquettes des vêtements que nous achetons ni dans aucun des divers indicateurs d'équité des entreprises.
Le cas des ouvriers du textile cambodgiens met en lumière la profonde distorsion du paysage même du discours environnemental.
Dans un contexte de production durable et équitable et de consommation éthique, le respect de l'environnement gagne du terrain et certains pays parviennent même à réduire considérablement leurs émissions de carbone. Pourtant, pourquoi les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère continuent-elles d'augmenter ? Pourquoi les catastrophes sont-elles plus fréquentes et plus graves ? De la première Conférence mondiale sur le climat en 1979 à l'Accord de Paris en 2016, les principales nations du monde ont adopté des politiques de réduction des émissions de carbone par le biais de divers accords et conférences, et ont effectivement réduit leurs émissions de manière significative.
Il s'agit d'un « fait » prouvé par des données statistiques « objectives », puisque l'Union européenne à elle seule a réussi à réduire ses émissions nettes de dioxyde de carbone de 5,6 milliards de tonnes en 1990 à 4,2 milliards de tonnes en 2018.
Qu’est-ce qui explique cette contradiction ? L’auteur cherche la réponse dans les rapports de pouvoir historiques inégaux que résume le terme de « colonialisme carbone ».
Le colonialisme carbone désigne littéralement la pratique consistant à exporter/sous-traiter systématiquement les processus industriels qui engendrent une pollution environnementale accrue vers les pays pauvres du Sud ou d'Asie du Sud-Est.
C’est précisément ainsi que les pays riches, dits « développés », font disparaître leurs émissions de carbone de leurs bilans environnementaux.
Bien sûr, ils conservent les avantages économiques du processus de production tout en le déplaçant (ce qui est très polluant).
La longue histoire du colonialisme a encore évolué aujourd'hui, empiétant même sur le discours relatif à l'environnement et au climat.
Le changement dont nous avons besoin maintenant ne concerne pas les pratiques de consommation.
Autrement dit, plutôt que de nous préoccuper des produits écologiques à acheter en caisse, nous devons comprendre et affronter avec précision le processus de développement et les mécanismes d'un système mondial qui facilite la promotion de l'écologie tout en s'appuyant sur de mauvaises conditions de travail et une main-d'œuvre bon marché et jetable.
Il s'agit de la pratique consistant à convertir les connaissances sur les produits en connaissances sur la production et les chaînes d'approvisionnement.
Le cercle vicieux : la vérité au-delà des statistiques
« Les expériences que nous partageons, les environnements dans lesquels nous travaillons et vivons, les pressions spécifiques auxquelles nous sommes confrontés dans la vie – tout cela façonne notre perception du monde qui nous entoure. »
« Le climat n’agit jamais seul. »
Le climat rencontre les êtres humains vêtus des habits de la société.
Le climat se manifeste sous la forme de systèmes de gouvernance et d'économies, ainsi que sous celle de normes, de valeurs morales et de croyances.
« Ces deux sphères de l’expérience humaine interagissent pour déterminer qui souffrira le plus, qui souffrira le moins et qui seront les gagnants du dérèglement climatique. »
La vérité sur le système de production mondial et le colonialisme carbone qui s'y cache nous rappelle que nous devons envisager la crise humaine sous un angle totalement nouveau.
Le colonialisme carbone est la dernière forme de violence impérialiste, qui piétine et détruit un monde pour un autre, révélant les vastes inégalités dissimulées par les émissions de carbone et les taux de réduction des émissions de carbone des différents pays.
Alors que les pays riches promeuvent la propreté et le respect de l'environnement grâce à la production mondiale, les coûts de cette production (carbone et déchets) sont transférés aux pays plus pauvres, détruisant progressivement l'environnement local.
Les conséquences du changement climatique, y compris les catastrophes, font l'objet d'un échange : les pays les plus riches les exportent et les pays les moins riches les importent, en guise de prix à payer pour la croissance économique.
Voilà comment l'économie mondiale aggrave le changement climatique.
Tant que ce mécanisme est en fonction, le changement climatique ne peut être considéré comme un phénomène naturel neutre.
L’expérience du changement climatique est profondément liée au statut social et aux ressources financières, tant au niveau national qu’à titre individuel.
En termes simples, le froid crée un monde complètement différent pour ceux qui ont les moyens de chauffer leur logement et ceux qui ne le peuvent pas.
Cette subjectivité qui conditionne notre expérience du changement climatique est peut-être l'aspect le moins bien compris de ce phénomène, et pourtant elle révèle des aspects cruciaux que les indicateurs scientifiques, tels que les quantités physiques et les statistiques, ne parviennent pas à saisir.
Quand la plupart des gens parlent de climat, ils le relient principalement à leur activité professionnelle, c'est-à-dire à leur mode de vie.
De même que les pêcheurs qui gagnent leur vie en pêchant dans le lac et les petits agriculteurs qui cultivent la terre ne subissent pas les changements climatiques de la même manière.
Un pêcheur parlerait du changement de vent, mais un agriculteur insisterait sur la gravité de la sécheresse.
Ainsi, le climat est toujours perçu comme « le climat auquel une personne est immédiatement confrontée, comme la météo en général, la qualité de l'air et la qualité des précipitations ».
C’est pourquoi l’auteur dépasse le concept scientifique d’information climatique ou environnementale exprimé en indicateurs statistiques ou en chiffres objectifs, et se concentre sur la vie quotidienne des maçons, des agriculteurs et des populations urbaines pauvres.
Si le climat est autant un concept culturel que scientifique, et si c'est ainsi que nous vivons tous notre propre climat, alors parler de climat revient finalement à parler du contexte dans lequel nous vivons.
Même la science du climat est subjective dans un certain sens.
Les climatologues évaluent également le calendrier, l'échelle et les aspects qu'ils jugent pertinents.
Les agriculteurs et les ouvriers rencontrés par l'auteur lors de son travail de terrain font ressortir un point évident mais souvent négligé : « Les statistiques ne rendent pas compte des manières subtiles et complexes dont le changement climatique s'entremêle avec l'économie de la vie quotidienne et du travail. »
Les changements climatiques, tels que les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleur et le réchauffement climatique, plongent les agriculteurs dans un bourbier de prêts et de dettes (puisque l'agriculture mécanisée les oblige à acheter des machines) ou, pire encore, les contraignent à abandonner leurs terres et à devenir des ouvriers industriels.
Et, ce faisant, certaines personnes deviennent des prostituées de rue dans la ville.
Ce cercle vicieux, dans lequel un environnement changeant force les gens à quitter leurs terres, ces personnes affluent vers les usines, et ces usines, à leur tour, détruisent l'environnement rural, ne fera qu'empirer à l'avenir.
Ce processus bouleverse le monde qui subit les changements climatiques, remodelant le paysage lui-même et reconfigurant les conditions de travail en conséquence.
Voilà ce que le changement climatique signifie pour les populations.
« Le changement climatique ne se manifeste pas seulement par des inondations catastrophiques, des sécheresses interminables rappelant le Dust Bowl, ou des vagues de chaleur qui laissent des gens s’effondrer et mourir dans les rues. »
Le changement climatique entraîne des mauvaises récoltes et des pénuries alimentaires, et pour la grande majorité des gens, il se traduit par une pression croissante, des pressions de plus en plus fortes, un pouvoir de négociation réduit et une détérioration des conditions de travail.
Les rapports de force autour des débats sur le climat : comment l’ignorance devient pouvoir
« Le savoir, c’est le pouvoir. »
Mais à qui appartient ce pouvoir ? De quel pouvoir s'agit-il ? Comment le savoir façonne-t-il l'environnement ?
« Comme toute forme de connaissance, la connaissance du climat est un pouvoir. »
Et le pouvoir de la richesse ne se résume pas à une simple histoire liée au changement climatique.
À un niveau plus fondamental, cela touche au « pouvoir de la parole » ou au « pouvoir du langage » – le pouvoir de choisir les termes utilisés dans les discussions sur le climat et de décider quelles questions sont présentées comme importantes ou non.
À cet égard, ce dont l’auteur souhaite parler à travers « Géographie du désastre » n’est en aucun cas la crise climatique ou les problèmes environnementaux eux-mêmes.
Ce qui est véritablement négligé, c'est le cadre sous-jacent qui problématise de tels phénomènes naturels : le problème inhérent à l'écologisme actuel.
« Protéger l’environnement, c’est, à un niveau plus profond, définir ce qui a de la valeur, comment et pour qui. »
Ce qui ne peut être défini ne peut être protégé.
Mais le pouvoir de définir ce qui a besoin d'être protégé est profondément inégal.
Le pouvoir de définir ce qui est protégé ou d'établir notre relation avec la nature est strictement économique.
À terme, les pays pauvres n'auront d'autre choix que d'adopter pleinement le modèle de développement néolibéral, en mettant leurs ressources naturelles sur le marché mondial et même en cédant le contrôle de leur valeur.
Ce sont les nations riches et puissantes qui élaborent les termes pour décrire notre relation avec la nature, et ce sont elles qui ont le dernier mot dans la définition de l'environnement.
Comme le souligne l'auteur, la Terre que nous connaissons aujourd'hui, ainsi que les connaissances climatiques et environnementales dont nous disposons, sont des connaissances qui ont « déjà » été « déterminées » comme étant nécessaires.
Autrement dit, le pouvoir de déterminer ce que nous devons savoir est déjà à l'œuvre ici.
« L’environnement humain recèle une histoire d’innombrables effets secondaires, de choses sans importance, de choses que “nous” n’avons pas besoin de savoir, d’un héritage sans fin laissé derrière nous. »
La Terre sur laquelle vivent les humains est une Terre que nous ne connaissons pas.
C'est l'ombre invisible, involontaire et indésirable de tout ce que nous faisons.
Cela signifie que, lorsqu'on aborde la crise climatique, ce dont nous avons besoin, ce n'est pas des connaissances environnementales que nous possédons déjà, mais de ce « vaste territoire d'ignorance ».
Ce terrain d'ignorance, dont la plupart des gens n'ont pas conscience, en dit long sur la crise à l'origine du dérèglement climatique.
« Ce n’est pas fondamentalement une question de technologie, c’est une question de pouvoir. »
Le pouvoir est lié aux cadres de référence que nous utilisons pour comprendre le monde, à ce que nous pouvons voir à travers ces cadres, et à ce qui reste invisible faute d'outils pour le saisir.
Chaque jour, nous visitons différents magasins, sélectionnons différents produits et les plaçons sur le comptoir de la caisse.
La plupart de ces produits sont gravés de différents types de marques et d'étiquettes écologiques indiquant le pays d'origine ou de fabrication.
Ce type d'information donne souvent à nos consommateurs l'illusion d'avoir une connaissance claire et transparente du produit.
Mais nous ne savons rien.
D’où viennent ces objets inoffensifs que nous utilisons quotidiennement, comme les vêtements ou les briques ? Quel chemin ont-ils emprunté et quels détours ont-ils rencontrés en cours de route ?
Ce dont nous avons besoin maintenant, ce n'est pas du savoir générique fabriqué dans le cadre du pouvoir, c'est-à-dire du savoir sur les matières premières.
À moins d'enquêter sur la manière dont des objets en apparence inoffensifs sont impliqués dans la destruction grave de l'environnement et le changement climatique, la vérité cruciale qui se cache derrière les étiquettes et les allégations restera à jamais inconnue.
Il est tellement facile et pratique de dissimuler tous les aspects déplaisants qui se produisent lors du processus de production et de prétendre être « écoresponsable » et « durable ».
Ce fantasme est donc devenu le nouveau front de la crise climatique.
Nous devons transformer le débat sur le climat en qualifiant ces slogans vides de terrain de « l'ignorance » plutôt que de « la connaissance ».
SPÉCIFICATIONS DES PRODUITS
- Date d'émission : 2 septembre 2024
Nombre de pages, poids, dimensions : 324 pages | 392 g | 135 × 205 × 22 mm
- ISBN13 : 9791168731233
Vous aimerez peut-être aussi
카테고리
Langue coréenne
Langue coréenne