
Conférence│Les décès de Roland Barthes
Description
Introduction au livre
« Dans l’éclat de la révolution permanente du langage,
Cette astuce bénéfique qui vous permet d'entendre ce qui se passe en dehors des zones de courant,
Pour ainsi dire, une subtile esquive, ce tour de force merveilleux, je l'ai réalisé à ma façon.
« Cela s’appelle de la littérature. »
Le livre « Lectures ? La mort de Roland Barthes » (traduit par Kim Ye-ryeong), qui rassemble le discours inaugural du Collège de France prononcé par le sémioticien et critique littéraire français Roland Barthes, intitulé « Lectures », et l’essai de condoléances « La mort de Roland Barthes » publié par Jacques Derrida l’année suivant la mort de Barthes, a été publié dans la collection « Quarry Series » de Munhak-kwa-Jiseongsa.
Ces deux textes, l'un écrit au début de la vie de Barthes et l'autre à la fin, ont le point commun intéressant de retracer la trajectoire de la pensée de Barthes.
Barthes s'est consacré au structuralisme au début de sa carrière intellectuelle, mais après une période de transition où il a exploré de nouvelles possibilités en matière d'analyse textuelle, il a ensuite opéré un changement idéologique, s'opposant aux systèmes réductionnistes et embrassant le jeu des signes.
Ce mouvement est également éclairé par Derrida, qui examine et cite de près ses ouvrages dans « La Mort de Roland Barthes ».
La lecture de ces points de convergence dans ces deux textes concis mais profonds nous permet non seulement d'évaluer l'amitié académique qui unissait Barthes et Derrida, mais aussi d'ouvrir de nouvelles perspectives en examinant Barthes et Derrida sous différents angles.
Cette astuce bénéfique qui vous permet d'entendre ce qui se passe en dehors des zones de courant,
Pour ainsi dire, une subtile esquive, ce tour de force merveilleux, je l'ai réalisé à ma façon.
« Cela s’appelle de la littérature. »
Le livre « Lectures ? La mort de Roland Barthes » (traduit par Kim Ye-ryeong), qui rassemble le discours inaugural du Collège de France prononcé par le sémioticien et critique littéraire français Roland Barthes, intitulé « Lectures », et l’essai de condoléances « La mort de Roland Barthes » publié par Jacques Derrida l’année suivant la mort de Barthes, a été publié dans la collection « Quarry Series » de Munhak-kwa-Jiseongsa.
Ces deux textes, l'un écrit au début de la vie de Barthes et l'autre à la fin, ont le point commun intéressant de retracer la trajectoire de la pensée de Barthes.
Barthes s'est consacré au structuralisme au début de sa carrière intellectuelle, mais après une période de transition où il a exploré de nouvelles possibilités en matière d'analyse textuelle, il a ensuite opéré un changement idéologique, s'opposant aux systèmes réductionnistes et embrassant le jeu des signes.
Ce mouvement est également éclairé par Derrida, qui examine et cite de près ses ouvrages dans « La Mort de Roland Barthes ».
La lecture de ces points de convergence dans ces deux textes concis mais profonds nous permet non seulement d'évaluer l'amitié académique qui unissait Barthes et Derrida, mais aussi d'ouvrir de nouvelles perspectives en examinant Barthes et Derrida sous différents angles.
- Vous pouvez consulter un aperçu du contenu du livre.
Aperçu
indice
conférence
La mort de Roland Barthes
Note du traducteur : B/D
La mort de Roland Barthes
Note du traducteur : B/D
Image détaillée

Dans le livre
En tant que pratique linguistique, le langage n'est ni réactionnaire ni progressiste.
C'est tout simplement fasciste.
Car, comme vous le savez, le fascisme ne consiste pas à supprimer la parole, mais à l'imposer.
--- Extrait de « Lecture »
Autant de langues qu'il y a de désirs.
Il s'agit d'une proposition utopique, dans la mesure où aucune société n'a encore été prête à accepter l'existence de désirs multiples.
J'espère qu'aucune langue, quelle qu'elle soit, n'opprimera l'autre, et que le sujet à venir pourra jouir librement des deux niveaux de langue sans aucun sentiment de culpabilité ou d'oppression, et qu'il pourra parler telle ou telle langue par vertu plutôt que par loi.
--- p.32
Le retour constant au texte et l'engagement régulier envers l'écriture, considérée comme la plus complexe des pratiques sémiotiques (puisqu'elle opère à partir de signes déjà formés), obligent la sémiotique à explorer les différences.
De plus, elle empêche la sémiotique de devenir dogmatique et « captive », de se présenter comme un discours universel, contrairement à ce qu'elle est réellement.
À l'inverse, le regard sémiotique inhérent au texte nous oblige à rejeter le mythe de la créativité pure, sur lequel nous nous appuyons souvent pour sauver la littérature des mots abrutissants qui l'entourent et l'oppriment.
Après tout, un symbole est censé mieux correspondre aux attentes et doit donc être repensé dans cette optique.
--- p.43
Les valeurs anciennes ne sont plus transmises, diffusées ni stimulées.
La littérature a été dépouillée de son caractère sacré, et les institutions sont désormais impuissantes à la protéger ou à l'imposer comme modèle implicite de l'humanité.
Mais bon, la littérature n'est pas détruite.
Il n'est tout simplement plus gardé.
Il est donc temps de se tourner vers la littérature.
Peut-être la sémiotique littéraire sera-t-elle précisément un tel voyage, nous permettant d'atterrir dans un paysage libéré par l'absence d'héritiers.
Il n'y aura plus ni anges ni dragons pour l'arrêter.
Ainsi, le regard peut encore se porter sur des choses anciennes et belles qui se sont abstraites après leur date de péremption, tout en conservant leur dépravation.
Ce sera une chute, mais aussi un moment prophétique, un moment d'eschatologie douce et un moment historique de joie immense.
--- p.49
Il y a un âge où l'on apprend par soi-même ce que l'on sait.
Mais bientôt viendra un autre temps, et à ce moment-là nous enseignerons ce que nous ne savons pas.
Nous appelons cela explorer.
Le moment est peut-être venu de vivre une autre expérience.
C’est l’âge où l’on oublie ce que l’on vient d’apprendre, l’âge où l’on laisse les bouleversements imprévisibles que l’oubli engendrer affecter le sédiment de connaissances, de culture et de croyances accumulé au fil des ans.
Je crois que cette expérience porte un nom très célèbre et désuet.
Me trouvant aujourd'hui au carrefour même de l'étymologie, j'ose adopter ce nom sans la moindre hésitation.
La sagesse, c'est-à-dire aucune puissance, un peu de savoir, un peu d'intelligence, le meilleur goût possible.
--- p.54~55
Sa technique.
Sa manière de révéler, d'opérer et d'interpréter la paire studium/punctum, tout en nous indiquant ce qu'il fait et en transmettant des notes.
De là, nous entendrons de la musique.
Cette technique est vraiment sa façon de faire.
L'opposition studium/punctum, un contraste superficiel indiqué par une ligne diagonale.
[...] Cette opposition apparente (de studium/punctum) n'interdit pas, mais encourage plutôt, une certaine composition qui se produit entre les deux concepts.
Comment faut-il comprendre ce terme de « composition » ? Il implique deux choses, et toutes deux sont des compromis.
Premièrement, 1) lorsque deux concepts séparés par une frontière infranchissable servent d’intermédiaires et que l’un fait des compromis avec l’autre, nous verrons bientôt une manipulation métonymique.
--- Extrait de « La Mort de Roland Barthes »
Deux trahisons, des choix impossibles.
D'une part, il y a une façon de ne rien dire du tout qui s'attribue uniquement à soi-même, uniquement à sa propre voix.
[...] D'autre part, il existe un moyen d'éviter toute citation, identification, voire comparaison, de sorte que ce qui est dit à ou sur Roland Barthes provienne réellement de son homologue, de son ami vivant.
Même dans ce cas, nous courons toujours le risque de le faire disparaître.
Tout cela n'est qu'une vengeance cruelle de la mort, qui consiste à ajouter la mort à la mort.
La seule solution restante est de faire les deux, ou aucun des deux.
Autrement dit, il s'agit de corriger la trahison d'un camp par la trahison de l'autre.
De la mort de l'un à la mort de l'autre.
Est-ce l'angoisse qui provient de ce lieu même qui me pousse à commencer à écrire au pluriel ?
--- p.85~86
La mort de Roland Barthes.
Certains pourraient penser que j'essayais de m'opposer à l'unique en raison de la violence quelque peu grossière de ce pluriel.
J'ai essayé d'éviter, de nier et d'effacer sa mort.
Là encore, en signe de protection ou de protestation, il s'irritait de sa mort et la livrait au processus de rien d'autre que la métonymie du studium.
Peut-être que ça aurait pu l'être.
Mais comment le dire autrement, sans prendre ce risque ?
Comment, sans pluraliser l'unique, sans généraliser même la chose la plus irremplaçable qu'il possède : sa propre mort ?
--- p.118~19
L’acte d’énonciation, « Je suis mort », qu’il jugeait impossible, pourrait-il appartenir au système qu’il qualifie ailleurs d’utopique ? Et si tel est le cas, cette utopie ne se situe-t-elle pas précisément là où une métonymie opère déjà en moi par rapport à moi-même, précisément là où je ne désigne rien d’autre que moi-même, présent ici et maintenant, parlant ?
C'est tout simplement fasciste.
Car, comme vous le savez, le fascisme ne consiste pas à supprimer la parole, mais à l'imposer.
--- Extrait de « Lecture »
Autant de langues qu'il y a de désirs.
Il s'agit d'une proposition utopique, dans la mesure où aucune société n'a encore été prête à accepter l'existence de désirs multiples.
J'espère qu'aucune langue, quelle qu'elle soit, n'opprimera l'autre, et que le sujet à venir pourra jouir librement des deux niveaux de langue sans aucun sentiment de culpabilité ou d'oppression, et qu'il pourra parler telle ou telle langue par vertu plutôt que par loi.
--- p.32
Le retour constant au texte et l'engagement régulier envers l'écriture, considérée comme la plus complexe des pratiques sémiotiques (puisqu'elle opère à partir de signes déjà formés), obligent la sémiotique à explorer les différences.
De plus, elle empêche la sémiotique de devenir dogmatique et « captive », de se présenter comme un discours universel, contrairement à ce qu'elle est réellement.
À l'inverse, le regard sémiotique inhérent au texte nous oblige à rejeter le mythe de la créativité pure, sur lequel nous nous appuyons souvent pour sauver la littérature des mots abrutissants qui l'entourent et l'oppriment.
Après tout, un symbole est censé mieux correspondre aux attentes et doit donc être repensé dans cette optique.
--- p.43
Les valeurs anciennes ne sont plus transmises, diffusées ni stimulées.
La littérature a été dépouillée de son caractère sacré, et les institutions sont désormais impuissantes à la protéger ou à l'imposer comme modèle implicite de l'humanité.
Mais bon, la littérature n'est pas détruite.
Il n'est tout simplement plus gardé.
Il est donc temps de se tourner vers la littérature.
Peut-être la sémiotique littéraire sera-t-elle précisément un tel voyage, nous permettant d'atterrir dans un paysage libéré par l'absence d'héritiers.
Il n'y aura plus ni anges ni dragons pour l'arrêter.
Ainsi, le regard peut encore se porter sur des choses anciennes et belles qui se sont abstraites après leur date de péremption, tout en conservant leur dépravation.
Ce sera une chute, mais aussi un moment prophétique, un moment d'eschatologie douce et un moment historique de joie immense.
--- p.49
Il y a un âge où l'on apprend par soi-même ce que l'on sait.
Mais bientôt viendra un autre temps, et à ce moment-là nous enseignerons ce que nous ne savons pas.
Nous appelons cela explorer.
Le moment est peut-être venu de vivre une autre expérience.
C’est l’âge où l’on oublie ce que l’on vient d’apprendre, l’âge où l’on laisse les bouleversements imprévisibles que l’oubli engendrer affecter le sédiment de connaissances, de culture et de croyances accumulé au fil des ans.
Je crois que cette expérience porte un nom très célèbre et désuet.
Me trouvant aujourd'hui au carrefour même de l'étymologie, j'ose adopter ce nom sans la moindre hésitation.
La sagesse, c'est-à-dire aucune puissance, un peu de savoir, un peu d'intelligence, le meilleur goût possible.
--- p.54~55
Sa technique.
Sa manière de révéler, d'opérer et d'interpréter la paire studium/punctum, tout en nous indiquant ce qu'il fait et en transmettant des notes.
De là, nous entendrons de la musique.
Cette technique est vraiment sa façon de faire.
L'opposition studium/punctum, un contraste superficiel indiqué par une ligne diagonale.
[...] Cette opposition apparente (de studium/punctum) n'interdit pas, mais encourage plutôt, une certaine composition qui se produit entre les deux concepts.
Comment faut-il comprendre ce terme de « composition » ? Il implique deux choses, et toutes deux sont des compromis.
Premièrement, 1) lorsque deux concepts séparés par une frontière infranchissable servent d’intermédiaires et que l’un fait des compromis avec l’autre, nous verrons bientôt une manipulation métonymique.
--- Extrait de « La Mort de Roland Barthes »
Deux trahisons, des choix impossibles.
D'une part, il y a une façon de ne rien dire du tout qui s'attribue uniquement à soi-même, uniquement à sa propre voix.
[...] D'autre part, il existe un moyen d'éviter toute citation, identification, voire comparaison, de sorte que ce qui est dit à ou sur Roland Barthes provienne réellement de son homologue, de son ami vivant.
Même dans ce cas, nous courons toujours le risque de le faire disparaître.
Tout cela n'est qu'une vengeance cruelle de la mort, qui consiste à ajouter la mort à la mort.
La seule solution restante est de faire les deux, ou aucun des deux.
Autrement dit, il s'agit de corriger la trahison d'un camp par la trahison de l'autre.
De la mort de l'un à la mort de l'autre.
Est-ce l'angoisse qui provient de ce lieu même qui me pousse à commencer à écrire au pluriel ?
--- p.85~86
La mort de Roland Barthes.
Certains pourraient penser que j'essayais de m'opposer à l'unique en raison de la violence quelque peu grossière de ce pluriel.
J'ai essayé d'éviter, de nier et d'effacer sa mort.
Là encore, en signe de protection ou de protestation, il s'irritait de sa mort et la livrait au processus de rien d'autre que la métonymie du studium.
Peut-être que ça aurait pu l'être.
Mais comment le dire autrement, sans prendre ce risque ?
Comment, sans pluraliser l'unique, sans généraliser même la chose la plus irremplaçable qu'il possède : sa propre mort ?
--- p.118~19
L’acte d’énonciation, « Je suis mort », qu’il jugeait impossible, pourrait-il appartenir au système qu’il qualifie ailleurs d’utopique ? Et si tel est le cas, cette utopie ne se situe-t-elle pas précisément là où une métonymie opère déjà en moi par rapport à moi-même, précisément là où je ne désigne rien d’autre que moi-même, présent ici et maintenant, parlant ?
--- p.135
Avis de l'éditeur
Conférence : Vers des utopies du langage
Déménager signifie donc :
Aller là où personne ne vous attend, ou, pour le dire plus radicalement, abandonner officiellement ce que vous avez écrit auparavant lorsque les pouvoirs en place l'utilisent et l'assujettissent.
(p.
34)
« Conférence » est une conférence donnée par Roland Barthes le 7 janvier 1977, à l'occasion de l'ouverture de son premier semestre en tant que professeur de sémiotique littéraire au Collège de France.
La nomination de Barthes au Collège de France a suscité tellement d'attention que l'amphithéâtre était rempli dès le premier jour d'universitaires, d'étudiants, de grand public et de journalistes, et l'enthousiasme s'est poursuivi avec les trois conférences que Barthes a données au Collège de France jusqu'en 1980 : « Comment vivre ensemble », « Neutralité » et « Préparer le roman ».
Dans cette conférence, qui résume et organise son parcours académique et devient un événement symbolique qui annonce le début de ses activités au Collège de France, il soutient que le langage est fondamentalement « fasciste » (p.
20) fait une déclaration controversée.
Il soutient que « notre véritable combat » consiste à s’opposer aux « pouvoirs » indissociables du rapport indissociable entre langage et pouvoir, ce qui constituait un enjeu majeur de la société intellectuelle française du XXe siècle, et il conçoit la littérature comme une tactique pour tromper le langage, puisqu’elle ne peut s’en affranchir.
Fondé en 1530, le Collège de France s'est engagé dès sa création à offrir un enseignement ouvert à tous et est considéré comme un lieu privilégié, hors du pouvoir.
Pour monter sur ce podium, il faut être recommandé par un professeur de l'Académie et du Collège de France, et Barthes a été recommandé par Michel Foucault, qui enseignait au Collège de France depuis 1970.
Cependant, cela avait suscité la controverse à l'époque.
Le style de Barthes, fondé sur son écriture en dehors des institutions traditionnelles, mêlant diverses théories contemporaines, dont la littérature classique, la rhétorique, la linguistique et la sémiotique, et son incapacité à « obtenir un diplôme officiel » en raison de la tuberculose, ont suscité des soupçons dans les cercles de critique institutionnelle et les amphithéâtres universitaires.
La « Conférence » soumise dans cette tension contient la petite et douce résistance du point d'interrogation que Barthes crée en tant qu'« écrivain qui n'écrit que des essais », un être ambigu, un sujet subtilement ébranlé dans n'importe quel lieu ou système.
Dans cet article, Barthes pose la question de savoir comment créer une utopie, un espace de libération pour le langage.
Si l’être humain ne peut se soustraire complètement au langage, alors, au contraire, il peut rêver d’une utopie du langage, d’un espace de mots qui s’étend et se meut à l’infini selon l’individualité et la pluralité des désirs.
Cependant, « l’utopie du langage est retrouvée comme langage de l’utopie » (p.
32) Comme le souligne Barth, toute tentative de résistance au pouvoir est vouée à être récupérée par le pouvoir.
C’est précisément pourquoi les auteurs sont tenus de persévérer, d’abandonner leurs tentatives s’ils sont exploités par ceux qui détiennent le pouvoir.
Cela ne fait pas exception, même au Collège de France, qui est en dehors du pouvoir et des institutions, et c'est pourquoi Barthes dit :
« Je crois sincèrement que lorsque je commence une conférence comme celle-ci, je dois toujours être prêt à laisser place à la fantaisie. » (p.
52) Le public qui assistait aux cours de Barthes au Collège de France de 1977 à 1980 était ainsi impliqué dans une scène qui évoluait constamment vers l’utopie.
« La mort de Roland Barthes » : Un partage avec un ami disparu
La promesse de conversations sans fin, de condoléances
Le deuxième texte de ce livre, « Les Morts de Roland Barthes », est un éloge funèbre publié par Jacques Derrida dans la revue Poétique en 1981, un an après la disparition de Roland Barthes.
À commencer par son éloge funèbre de Barthes, Derrida a écrit des adieux sous diverses formes à ses amis universitaires, notamment Michel Foucault, Emmanuel Levinas, Jean-François Lyotard et Maurice Blanchot, à chaque fois qu'ils décédaient au cours des 20 années suivantes.
Ces essais sur le deuil illustrent les thèmes de l'amitié, du deuil et de l'altérité dans la philosophie de Derrida, comme le suggère le titre français du livre qui les rassemble, « La fin du monde, chaque fois unique » : pour Derrida, la mort d'un ami est toujours la fin du monde entier, en ce sens que chacun d'eux est un autre absolument unique et irremplaçable.
« On dit que le deuil est un processus graduel qui efface lentement la douleur. »
Faisant écho à la citation de La Chambre lumineuse, « Je ne pouvais pas le croire et je ne le crois toujours pas », Derrida remet en question, dans ce passage, le processus de deuil ordinaire qui élimine l’altérité de l’autre par le biais de la mémoire du sujet.
Dans l'épreuve du deuil, les vivants ne peuvent s'empêcher de trahir les morts.
Les morts meurent une fois de plus, chacun d'eux étant intégré aux souvenirs unilatéraux des vivants.
Derrida résiste à cette œuvre de deuil conventionnelle, mais plutôt que de rester silencieux, il choisit d'écrire sur Barthes.
« Comment pourrais-je le dire autrement, sans prendre ce risque ? »
« Sans pluraliser l’unique, sans généraliser même la chose la plus irremplaçable qu’il possède, sa propre mort. » (p.
119) Pour permettre à un ami qui ne peut pas répondre lorsqu'on l'appelle de parler autrement que par la vocalisation, Derrida ouvre plutôt les livres de Barthes.
La perspective de Derrida, qui met l'accent sur la métonymie comme force permettant au corps de Barthes d'être transformé et diffusé dans le livre de Barthes, nous offre l'opportunité d'explorer la possibilité d'un deuil centré sur l'autre.
Dans « Les Morts de Roland Barthes », Derrida propose une lecture fidèle qui vise à prévenir la tyrannie des vivants, qui jugent les morts à leur guise, et à rendre aux paroles d'un ami le droit de leur accorder la parole.
Cela nous permet de discerner les principes subtils et interconnectés de la pensée de Barth que nous n'avions pas remarqués auparavant, et d'identifier les nuances subtiles de sa pensée.
Lorsque les mots de Barthes reviennent aux pensées de Derrida, lorsque les pensées des survivants et les citations des morts s'entrecroisent comme dans une conversation, la lecture dépeint une scène où une amitié qui ne penche d'aucun côté relie et sépare les pensées des deux comme une seule ligne.
Déménager signifie donc :
Aller là où personne ne vous attend, ou, pour le dire plus radicalement, abandonner officiellement ce que vous avez écrit auparavant lorsque les pouvoirs en place l'utilisent et l'assujettissent.
(p.
34)
« Conférence » est une conférence donnée par Roland Barthes le 7 janvier 1977, à l'occasion de l'ouverture de son premier semestre en tant que professeur de sémiotique littéraire au Collège de France.
La nomination de Barthes au Collège de France a suscité tellement d'attention que l'amphithéâtre était rempli dès le premier jour d'universitaires, d'étudiants, de grand public et de journalistes, et l'enthousiasme s'est poursuivi avec les trois conférences que Barthes a données au Collège de France jusqu'en 1980 : « Comment vivre ensemble », « Neutralité » et « Préparer le roman ».
Dans cette conférence, qui résume et organise son parcours académique et devient un événement symbolique qui annonce le début de ses activités au Collège de France, il soutient que le langage est fondamentalement « fasciste » (p.
20) fait une déclaration controversée.
Il soutient que « notre véritable combat » consiste à s’opposer aux « pouvoirs » indissociables du rapport indissociable entre langage et pouvoir, ce qui constituait un enjeu majeur de la société intellectuelle française du XXe siècle, et il conçoit la littérature comme une tactique pour tromper le langage, puisqu’elle ne peut s’en affranchir.
Fondé en 1530, le Collège de France s'est engagé dès sa création à offrir un enseignement ouvert à tous et est considéré comme un lieu privilégié, hors du pouvoir.
Pour monter sur ce podium, il faut être recommandé par un professeur de l'Académie et du Collège de France, et Barthes a été recommandé par Michel Foucault, qui enseignait au Collège de France depuis 1970.
Cependant, cela avait suscité la controverse à l'époque.
Le style de Barthes, fondé sur son écriture en dehors des institutions traditionnelles, mêlant diverses théories contemporaines, dont la littérature classique, la rhétorique, la linguistique et la sémiotique, et son incapacité à « obtenir un diplôme officiel » en raison de la tuberculose, ont suscité des soupçons dans les cercles de critique institutionnelle et les amphithéâtres universitaires.
La « Conférence » soumise dans cette tension contient la petite et douce résistance du point d'interrogation que Barthes crée en tant qu'« écrivain qui n'écrit que des essais », un être ambigu, un sujet subtilement ébranlé dans n'importe quel lieu ou système.
Dans cet article, Barthes pose la question de savoir comment créer une utopie, un espace de libération pour le langage.
Si l’être humain ne peut se soustraire complètement au langage, alors, au contraire, il peut rêver d’une utopie du langage, d’un espace de mots qui s’étend et se meut à l’infini selon l’individualité et la pluralité des désirs.
Cependant, « l’utopie du langage est retrouvée comme langage de l’utopie » (p.
32) Comme le souligne Barth, toute tentative de résistance au pouvoir est vouée à être récupérée par le pouvoir.
C’est précisément pourquoi les auteurs sont tenus de persévérer, d’abandonner leurs tentatives s’ils sont exploités par ceux qui détiennent le pouvoir.
Cela ne fait pas exception, même au Collège de France, qui est en dehors du pouvoir et des institutions, et c'est pourquoi Barthes dit :
« Je crois sincèrement que lorsque je commence une conférence comme celle-ci, je dois toujours être prêt à laisser place à la fantaisie. » (p.
52) Le public qui assistait aux cours de Barthes au Collège de France de 1977 à 1980 était ainsi impliqué dans une scène qui évoluait constamment vers l’utopie.
« La mort de Roland Barthes » : Un partage avec un ami disparu
La promesse de conversations sans fin, de condoléances
Le deuxième texte de ce livre, « Les Morts de Roland Barthes », est un éloge funèbre publié par Jacques Derrida dans la revue Poétique en 1981, un an après la disparition de Roland Barthes.
À commencer par son éloge funèbre de Barthes, Derrida a écrit des adieux sous diverses formes à ses amis universitaires, notamment Michel Foucault, Emmanuel Levinas, Jean-François Lyotard et Maurice Blanchot, à chaque fois qu'ils décédaient au cours des 20 années suivantes.
Ces essais sur le deuil illustrent les thèmes de l'amitié, du deuil et de l'altérité dans la philosophie de Derrida, comme le suggère le titre français du livre qui les rassemble, « La fin du monde, chaque fois unique » : pour Derrida, la mort d'un ami est toujours la fin du monde entier, en ce sens que chacun d'eux est un autre absolument unique et irremplaçable.
« On dit que le deuil est un processus graduel qui efface lentement la douleur. »
Faisant écho à la citation de La Chambre lumineuse, « Je ne pouvais pas le croire et je ne le crois toujours pas », Derrida remet en question, dans ce passage, le processus de deuil ordinaire qui élimine l’altérité de l’autre par le biais de la mémoire du sujet.
Dans l'épreuve du deuil, les vivants ne peuvent s'empêcher de trahir les morts.
Les morts meurent une fois de plus, chacun d'eux étant intégré aux souvenirs unilatéraux des vivants.
Derrida résiste à cette œuvre de deuil conventionnelle, mais plutôt que de rester silencieux, il choisit d'écrire sur Barthes.
« Comment pourrais-je le dire autrement, sans prendre ce risque ? »
« Sans pluraliser l’unique, sans généraliser même la chose la plus irremplaçable qu’il possède, sa propre mort. » (p.
119) Pour permettre à un ami qui ne peut pas répondre lorsqu'on l'appelle de parler autrement que par la vocalisation, Derrida ouvre plutôt les livres de Barthes.
La perspective de Derrida, qui met l'accent sur la métonymie comme force permettant au corps de Barthes d'être transformé et diffusé dans le livre de Barthes, nous offre l'opportunité d'explorer la possibilité d'un deuil centré sur l'autre.
Dans « Les Morts de Roland Barthes », Derrida propose une lecture fidèle qui vise à prévenir la tyrannie des vivants, qui jugent les morts à leur guise, et à rendre aux paroles d'un ami le droit de leur accorder la parole.
Cela nous permet de discerner les principes subtils et interconnectés de la pensée de Barth que nous n'avions pas remarqués auparavant, et d'identifier les nuances subtiles de sa pensée.
Lorsque les mots de Barthes reviennent aux pensées de Derrida, lorsque les pensées des survivants et les citations des morts s'entrecroisent comme dans une conversation, la lecture dépeint une scène où une amitié qui ne penche d'aucun côté relie et sépare les pensées des deux comme une seule ligne.
SPÉCIFICATIONS DES PRODUITS
- Date d'émission : 29 août 2025
Nombre de pages, poids, dimensions : 169 pages | 194 g | 129 × 187 × 9 mm
- ISBN13 : 9788932044361
- ISBN10 : 8932044368
Vous aimerez peut-être aussi
카테고리
Langue coréenne
Langue coréenne